La PME démarre un ambitieux programme de recherche-développement et de mise au point de présérie de plaques bipolaires, un élément-clé de la pile à combustible pour l'hydrogène. Ce positionnement ne constitue pas un saut dans l'inconnu pour l'entreprise du fait de sa double expertise en composants électriques et en découpe de précision.
Pour synthétiser l’activité de Pressmac, son président Marcel Becker a une formule simple : « Nous intervenons partout où passe un courant électrique ». Dès lors, le secteur de l’électrotechnique (Schneider, Siemens…) constitue le débouché historique et principal de la PME de Besançon, conceptrice et fabricante de composants électriques – pour les relais, les disjoncteurs ou encore les commutateurs - et de lignes complètes de production en lien avec cette spécialité, depuis sa fondation en 1993 par Marcel Becker.
Mais voici qu’une autre industrie prend résolument le virage de l’électrification, et pas la moindre : l’automobile. Se faire sa place dans cette vaste mutation forme l’ambition du moment de Pressmac.
La PME de 40 salariés a franchi un premier palier depuis plusieurs années, en se positionnant comme fournisseuse de bobinages pour moteurs de véhicules hybrides et autres joints de turbos, essentiellement pour le compte d’équipementiers de rang 1 (Bosch, Schaeffler, Valeo, etc.). En conséquence, l’automobile a porté sa part à 40% dans le chiffre d’affaires annuel situé au total à 8 millions d'€ réalisés auprès de clients français et allemands, en Europe et dans leurs unités sur les autres continents.
L’étape suivante qui s’enclenche « vise à entrer dans la filière hydrogène, pour l’enjeu de la conversion de cette énergie en électricité », décrit Marcel Becker. Elle fait l’objet d’un programme d’1,35 million d’€ en recherche-développement et présérie pour une phase bien précise de ce processus : la mise au point et la production de plaques bipolaires reliant l’anode et la cathode de la pile à combustible.

« Les expertises que ces produits exigent correspondent parfaitement à notre spécialité : la découpe de haute précision. Nous traitons des matières à l’épaisseur réduite à 20 à 100 microns et soumises à des exigences de précision bien supérieures aux standards de la découpe de tôles. Pour les plaques bipolaires, en inox, l’échelle de tolérance est de l’ordre d’une dizaine de microns, pas plus », souligne le dirigeant de Pressmac.
Brevet

L’entreprise, implantée depuis l’an 2000 dans le parc d’activités Lafayette de Besançon, a déjà suffisamment avancé sur le sujet pour en susciter un brevet, déposé cet été par l’un des grands acteurs de la pile à combustible, avec lequel il a fait le choix de travailler en exclusivité.
Le programme a été retenu cet automne dans l’appel à projets du ministère de l'Economie et des Finances « Diversification des sous-traitants de la filière automobile » (*) ce qui lui fait accéder à une aide de 405.000 € de Bpifrance. Il se poursuivra jusqu’en avril 2024, échéance visée pour la finalisation d’une ligne de fabrication de plaques qui pourra être déclinée en série par l’industriel, à une cadence de plusieurs millions d’unités par an.
« Telle est, de façon générale, notre vocation dans la plupart des cas : nous allons jusqu’au prototypage et aux premiers échantillons, puis nous passons le relais à nos clients. C'est ainsi que 80% de notre activité est tournée vers la machine spéciale », rappelle Marcel Becker.
L’objectif du nouveau programme est d’être prêt pour l’avènement de l’hydrogène comme mode de propulsion. Celui-ci est espéré d’ici à quatre ans pour les flottes lourdes (camions, bus, bennes de ramassage des ordures) et à l’horizon 2030 pour les véhicules légers.

(*) Ses autres bénéficiaires en Bourgogne-Franche-Comté sont Streit Mécanique, Adhex Technologies et Moule Design Prototype (MDP)