MÉCANIQUE DE PRÉCISION/DOUBS. Pièce maîtresse de la performance du moteur automobile, le turbo-compresseur est au cœur des problématiques de rejet de gaz carbonique.
La jeune entreprise de Besançon se positionne sur ce produit trusté par les grands équipementiers mondiaux, s’empare du problème et mêle activités de R&D, de production et de négoce.
Avec un joli coup d’accélérateur : l’arrivée de toute sa gamme de turbos dans le réseau de franchises du dijonnais France Auto Racing.

 

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Aeris vise 10% de parts d’un marché français du remplacement de turbos estimé à 250 millions d’€ par an.

 

Labellisée « Jeune entreprise innovante », Aeris avait été créée fin 2016 à Besançon par Christian Cudel et Jean-François Milan. Leur idée : lancer une entreprise pointue dans le métier du turbo-compresseur, un produit que connaissait bien Christian Cudel et qu’ils allaient décliner de différentes façons, en s’inscrivant pleinement dans le contexte de politique énergétique européenne.

 

« Toute notre activité se situe dans le cadre de la baisse du CO2, des mobilités nouvelles, des contraintes énergétiques et de l’économie circulaire », confirme Christian Cudel. « Nous visons 10% de parts d’un marché français du remplacement de turbos estimé à 250 millions d’€ par an. Notre positionnement est celui de turbos refabriqués et à forte valeur ajoutée. »


A moyen terme, d’ici deux ans, Aeris vise un chiffre d’affaires de 3 millions d’€. Celui du premier exercice n’a pas été révélé mais la petite entreprise monte doucement en puissance. Soutenue dès sa création par le réseau Entreprendre, la Région, Bpifrance, le pôle Véhicule du futur et le Grand Besançon, puis par le dirigeant de l’entreprise Jeantet – devenu « business angel » et qui a mis ses anciens locaux situés sur Temis à disposition de la jeune pousse en janvier 2018 –, Aeris compte aujourd’hui six personnes : les deux fondateurs associés, trois techniciens de haut niveau et une personne responsable des fonctions administratives. A terme, l’entreprise pourrait employer une trentaine de salariés, estiment les deux associés.

 


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En attendant, la petite entreprise démarre doucement mais sûrement. Dans l’une de ses trois activités, le négoce de turbos – pour laquelle elle assure déjà la distribution officielle, en France, des modèles Borg Warner, et l’exclusivité des turbos sport de l’équipementier américain –, elle vient de signer un accord de distribution avec un franchiseur dijonnais de pièces automobiles, France Auto Racing, qui lui ouvre de nouvelles perspectives.

 

France Auto Racing officialisera ce nouveau partenariat lors de ses journées portes ouvertes, le 17 juin. « Il compte déjà 10 franchisés en France et vise 25 d’ici trois ans », confie Jean-François Milan. « Cela nous permettra de distribuer différents types de turbos, les Borg Warner, nos propres turbos remanufacturés et nos turbos sport, sur mesure. »



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Une pièce très technologique.

Un savoir-faire apparenté à l’horlogerie


Les deux autres activités d’Aeris concernent la R&D et la production de turbos. Une industrie qui a toute sa place à Besançon, ville des microtechniques, estiment les fondateurs. « Avec le turbo, on est dans le monde de la précision », poursuit Jean-François Milan, qui explique le turbo est une pièce très technologique et soumise à de fortes contraintes. « Il doit être réglé au milligramme près pour être bien équilibré. Cela ressemble un peu à de l’horlogerie. »


La R&D porte sur la conception, les matériaux et les process innovants. Sur l’aspect matériaux, la petite entreprise travaille sur un transfert de technologie de l’aéronautique vers l’automobile, mais aussi sur le turbo connecté, qui permettrait d’équiper cette pièce maîtresse du moteur de capteurs afin d’assurer sa maintenance préventive. Autre projet en cours : des compresseurs pour piles à combustible, dans la perspective du développement de véhicules à hydrogène.

 

La production, troisième activité, est assurée sur place. Surplombé par le bureau R&D, avec ses deux départements, conception et méthodes, l’atelier s’étoffe peu à peu de machines high tech : équilibrage, gravage, tour numérique… qui permettent à Aeris de réaliser prototypes et petites séries, pour son propre compte ou en sous-traitance pour de gros équipementiers automobile et des industriels régionaux de l’aéronautique.

 

Mais aussi de remettre à neuf des turbos usagés, puisque l’entreprise se positionne sur les produits remanufacturés (ou « reman ») à forte valeur ajoutée, dans un contexte de parc automobile vieillissant et de nécessité d’économie circulaire. Vaste programme.

 

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Qui sont Christian Cudel et Jean-François Milan ?

 

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Christian Cudel (à gauche) et Jean-François Milan, cofondateurs d'Aeris.

 

Bisontins tous les deux, Christian Cudel et Jean-François Milan sont amis d’enfance. Le premier est un ingénieur formé à Belfort, le second titulaire d’un MBA (Master of Business Administration). Deux carrières différentes qui les ont amenés à sillonner le monde, pour l’un, et l’Europe, pour l’autre : Christian Cudel a un joli parcours dans l’automobile, chez les équipementiers de rang 1 Garrett et Valeo, jusqu’à occuper un poste de responsable technique et achats chez Borg Warner, en charge de la division turbo monde.
Jean-François Milan a travaillé, lui, dans les solutions informatiques de gestion pour PME et PMI, notamment chez Microsoft et Sage. Mais à l’approche de la cinquantaine, les deux copains de toujours ont eu envie de se poser à Besançon, où vivent leurs familles et leurs amis, et de construire quelque chose ensemble.
Leur première idée fut de reprendre une entreprise. « J’avais suivi un MBA “Créer ou reprendre une PME à 50 ans” et nous avions déjà une idée de ce que l’on cherchait, mais nous n’avons pas trouvé et l’idée suivante fut de créer nous-même quelque chose de nouveau, à Besançon, ville des microtechniques », explique Jean-François Milan.

Photos fournies par l'entreprise.

2 commentaire(s) pour cet article
  1. laurentdit :

    Bonjour , Belle histoire et aventure, moi particulier, j'en rénove par passion et pour aider ceux qui n'ont pas les moyens de mettre trop d argent pour les changer ou réparer. Si un jour vous souhaitez vous développer et ouvrir un entrepôt sur le Pas de Calais, alors pourquoi pas me lancer, actuellement au chômage par choix car travaillant chez un équipementier automobile, j'ai acquis une grande expérience et à l'aube de mes 50 ans, pourquoi pas essayer une nouvelle aventure. Cordialement

  2. Lucas Feltrindit :

    Bonjour, le turbo de mon Audi A 3 a "péter" ce matin, j'aimerai savoir s'il est possible de faire un devis approximatif directement pour la réparation du turbo Je reste à votre disposition pour toutes informations complémentaires. Merci. Lucas Feltrin lucas.cartelys@gmail.com

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