NUMÉRIQUE/BELFORT. Née dans l'ombre de l’énergéticien GE à Belfort (General Electric) qui lui a fourni pendant longtemps l’essentiel de son activité, le spécialiste de la simulation numérique pour l’industrie s'engage dans une diversification.
Parmi ses choix, la possibilité d’ouvrir à ses clients ses capacités de calculs à distance sans passer par le cloud et un datacenter créé avec Trinaps, son voisin au Techn'hom.

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EuroCFD est né en 2005, d'un fort soutien de l’énergéticien GE  implanté à Belfort. Ici, simulation d'une centrale thermique. © EUROCFD.


EUROCFD, basée au Techn'hom de Belfort, est spécialisée dans la simulation numérique. Cette technique qui consiste à simuler les phénomènes physiques par l'informatique, est apparue dans les années 1960 - 1970, explique Karim Loueslati, dirigeant de l'entreprise.

 

Puis elle s'est développée dans les années 90 pour aboutir à des codes informatiques permettant de résoudre toutes sortes de problématiques physiques. Son champ d'application touche tous les domaines industriels. Son intérêt : prédire ce qui va se passer pour un nouveau produit, un nouveau process ou comprendre des conformités.

Exemple le plus spectaculaire : les essais nucléaires sont aujourd'hui remplacés par de la simulation numérique, avec des avantages évidents sur l’environnement.

Pour les crash-tests dans l'automobile, seuls 10% sont désormais réalisés en réel. La simulation numérique permet de remplacer des essais, des tests, de fabriquer des prototypes. Les constructeurs trouvent dans cette technique une source d’économie et des gains de temps.

 

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« Cette capacité de prédiction est devenue de plus en plus fiable dans les années 2000, avec des codes informatiques arrivés à maturité et stables », commente le dirigeant.

EUROCFD qui compte aujourd’hui 14 collaborateurs, a été créée en 2005, avec un réel soutien de l’énergéticien GE fortement implanté à Belfort et de son pôle nucléaire. Le partenariat a duré plus de dix ans, assurant à l'entreprise une part essentielle de son chiffre d'affaires. En 2017, GE représentait la moitié du chiffre d’affaires qui devrait subir une baisse de 20% par rapport au 1,5 million d’€ de l’année précédente.

Depuis bientôt un an, suite au départ du PDG de GE, Jeff Immelt et son remplacement par John Flannery, le groupe a gelé ses dépenses auprès de prestataires extérieurs. EUROCFD s'est donc lancée dans une diversification à marche forcée, mais avec un certain succès : les premiers mois de 2018 sont pour l'instant alignés sur ceux de 2017, explique Karim Loueslati.

 

Investissement dans les logiciels et les capacités de calcul

 

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Karim Loueslati, fondateur et dirigeant d'EuroCFD. © Pierre-Yves Ratti.

 

Pour mener à bien la recherche de nouveaux marchés, EUROCFD a recruté une ingénieure technico-commerciale de l’Esta (École Supérieure des Technologies et des Affaires) à Belfort, et accentue sa démarche commerciale vers les grands comptes, mais aussi les ETI et les PME.


Cette diversification rencontre un bon écho auprès du BTP, l'aéronautique, les transports. Un travail qui va prendre deux ans, estime Karim Loueslati. L'entreprise se positionne sur un marché mondial, en concurrence avec la sous-traitance off-shore des grandes entreprises françaises. Cependant, elle prévoit 20% du chiffre d’affaires à l’export.

Les nouvelles activités d'EUROCFD concernent l'implantation de chaînes de simulation chez des clients, des études pour vérifier ou optimiser des performances, de la recherche et développement collaborative, de l'assistance technique sur site. De plus depuis environ 18 mois, EUROCFD ouvre son propre centre de calcul à ses clients, afin de leur donner la possibilité de faire des calculs à distance sans passer par le cloud, limitant ainsi les risques en matière de sécurité.

 

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Mais pour rester à la pointe, EUROCFD est condamné à investir dans les logiciels et dans ses capacités de calcul. « Il y a des investissements qui permettent d'éviter des dépenses », souligne Karim Loueslati. Par exemple en limitant les frais de maintenance.

 

Les équipements de calcul d'EUROCFD représentent un investissement de l'ordre de 1,2 million d'€ étalé sur dix ans. Il faut ajouter en plus du coût des ingénieurs, un budget de 50.000 €/an et par ingénieur pour les licences informatiques. Une charge incompressible.

Autre voie de diversification, EUROCFD partage avec Trinaps, entreprise du numérique également implantée à Belfort, l’initiative d’un datacenter qui va bientôt prendre forme au Techn'hom de Belfort. Karim Loueslati est le cofondateur d’une société nouvelle, Extendo Datacenter, dont il a pris 40% du capital.

 

L’équipement lui permet d’accroître sa palette de solutions et ses capacités de calcul pour le client, qui pourra utiliser une ressource intensive à distance. Autres possibilités : proposer de l'info-gérance, faire de la maintenance et de la résolution de problèmes.

Ces prochaines années, lorsque la diversification aura porté ses fruits, le dirigeant espère remonter les effectifs à une vingtaine de salariés.

 

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Ondes de pression au passage d’un train dans le tunnel sous la manche. © EuroCFD.
1 commentaire(s) pour cet article
  1. MOUHOTdit :

    Limiter les risques en matière de cybersécurité, tout est dit. Un beau développement en perspective qui plus est avec un ancien estalien dans les rangs.

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