David Gallezot développe un avion biplace capable de décoller et d'atterrir sur une piste de 100 mètres, démultipliant ainsi les sites d'atterrissage. Il travaille sur une version à hydrogène qui pourrait voler à l'horizon 2027. Avions Mauboussin engage une première levée de fonds de l'ordre de 500.000 € auprès d’investisseurs pour un démonstrateur au sol.
Il est une entreprise à Belfort qui a accueilli avec une certaine satisfaction l'annonce d'Airbus, en septembre dernier, de commercialiser des avions à hydrogène d'ici 2035. « Cela a crédibilisé notre propre démarche », sourit David Gallezot, président d'Avions Mauboussin, une société qu’il a créée à Metz en 2011 et transférée en 2017 à Belfort, au Techn'hom, à deux pas des laboratoires de recherche FC Lab – Femto-St, dont il souhaitait se rapprocher.
Pour développer son avion propulsé à l'hydrogène, un partenariat le lie avec ce laboratoire de recherche spécialisé dans l’hydrogène ainsi qu’avec l'ESTA (Ecole Supérieure des Techniques et des Affaires) de Belfort et l'Université de Strasbourg.
La propulsion par hydrogène est en fait l'un des éléments d'un projet plus global de conception d'un avion capable de se poser sur un terrain de 100 mètres, là où les avions du même type ont besoin de 400 à 600 mètres. Une performance rendue possible grâce à un gros travail sur l'aérodynamisme qui permet de se poser plus près du lieu de destination tout en ayant un fort rayon d'action. « Il sera possible de relier Belfort à Toulouse à une vitesse allant de 60 à 250 km/h, alors que des avions à atterrissage court volent au maximum à 180 km/h », explique en substance David Gallezot.
L'avion en cours de conception, un biplace avec 30 kg de bagages à bord, devra donc aller plus loin, plus vite et « s'approcher des villes, mais pas aller dans les villes. » La possibilité d'atterrir sur des pistes plus courtes multiplie par cinq les sites d'atterrissages accessibles. La clientèle visée englobe les amateurs d'aviation (pilotes propriétaires qui utilisent l'avion pour des week-ends ou pour des déplacements d'affaires), des adeptes du train et des usagers des avions-taxis.
Une turbine qui brûle de l'hydrogène

L'ambition d'Avions Mauboussin est de concevoir des avions plus respectueux de l’environnement ainsi que des riverains des pistes d'atterrissage, « de la santé de ceux qui les construisent », tout en étant réaliste et à des tarifs concurrentiels. Bref des « avions performants et responsables », selon l'expression de David Gallezot. Il privilégie par exemple la structure en bois, plus légère que le métal ou les matériaux composites, et si possible avec des essences locales. Il compte aussi utiliser des colles ou des enduits sans chimie de synthèse.
Le premier avion à hydrogène devrait voler en 2027, espère David Gallezot, une première version hybride rechargeable, électricité et essence sans plomb, étant prévue dès 2024. Pour contourner la problème du poids de la pile à combustible, qu'il faudrait diviser par trois pour ce type d'avion, il a retenu la solution d'une turbine qui brûle de l'hydrogène (une des solutions étudiée également par Airbus)
Accéléré en 2019 avec la collaboration de l'Agence Economique Régionale (AER) et de Bpifrance, puis au printemps dernier, grâce à une aide à l'innovation de 800.000 € via le financement PIA3 (Etat, Région, Bpifrance), David Gallezot est désormais en recherche d'investisseurs (particuliers, institutionnels, grandes entreprises) pour effectuer une première levée de fonds de l'ordre de 500.000 € et réaliser un démonstrateur au sol. Il lui faudra procéder à une seconde levée de fonds, de 1,5 million d’€, pour le premier prototype volant avant de lancer l’industrialisation.
Dernièrement, la société est devenue membre de la Fondation Solar Impulse, cette organisation qui promeut les technologies moins polluantes et qui avait soutenu le premier tour du monde de Bertrand Piccard en avion solaire en 2016.

En 2011, il créée Avions Mauboussin en rachetant la marque qu’avait lancée dans les années 1930 le fils du célèbre joailler pour des avions légers.
Il y a d'abord déployé une activité d’ingénierie et de conseil, générant un chiffre d'affaires de l'ordre de 200.000 € par an, en attendant de développer l'activité aéronautique.
Au-delà de sa propre gamme d’avions, ses recherches visent l’application des nouvelles technologies et des procédés verts à l’aviation générale.