AVIS D'EXPERT. Dans toutes les régions, le réseau Initiative France, oeuvre au soutien à la création d’entreprise.
En Alsace, sept plates-formes d’initiative locale (PFIL) remplissent cette mission. Solidement implantée dans le paysage économique local depuis 15 ans, celle de Sud-Alsace, à Mulhouse n’est pas la moins performante.
En Franche-Comté, les traditionnels prêts d'honneur à la création s'élargissent aux besoins en développement des petites entreprises.

Entretien avec la présidente d'Initiative Alsace, Bernadette Sigrist et la responsable opérationnelle, Agnès Bisch.
Quelle est la vocation d’Initiative Sud-Alsace en financements de projets… et pour quels résultats ?
Agnès Bisch. Notre plate-forme a été créée pour combler un déficit de financements de la création d’entreprise dans la tranche jusqu’à 100 000 francs à l’époque. En cohérence avec cet objectif, elle accorde au(x) porteur(s) de projets des prêts d’honneur, c’est-à-dire sans intérêt ni caution ni garantie, d’un montant de 5 000 à 15 200 € sur trois à cinq ans.
Ce financement est décidé par un comité d’agrément local qui regroupe les mondes bancaire, consulaire, de l’expertise-comptable et de l’entreprise et qui siège respectivement à l’échelle des trois pays de la région mulhousienne, de Thur-Doller et de Sundgau-Trois Frontières. Il est assorti de conditions : un apport personnel minimal de 1 500 €, la sollicitation en parallèle d’un prêt bancaire classique, une implantation dans la circonscription de la CCI Sud-Alsace à laquelle notre association est adossée.
De l’an 2000 à fin 2014, Initiative Sud-Alsace a attribué 616 prêts correspondant à 550 entreprises (70 % de création, 30 % de reprise) et 1 344 emplois. Le montant moyen proche de 10 000 € aboutit à un total de 5,85 millions d’€ qui ont créé un effet levier de 35,4 millions d’€ de prêts classiques.
Le parrainage est la marque d’identité des plates-formes d’initiative locale. En quoi consiste-t-il et fonctionne-t-il bien en Sud-Alsace ?
Bernadette Sigrist. Oui, il fonctionne bien : Initiative Sud-Alsace se distingue par le fait que 100 % des projets sont parrainés alors que ce n’est le cas que d’un dossier sur cinq dans le réseau en France. Le parrainage est l’outil-clé d’accompagnement du créateur. Le parrain est un chef d’entreprise ou un cadre de direction qui accepte d’apporter son expertise pendant deux ans de façon bénévole, sans chercher à faire des affaires et avec un respect total de confidentialité.
Il est choisi en fonction de son profil : même secteur d’activité, ou spécialité qui aidera à résoudre un point faible identifié du porteur de projet, en marketing, RH, gestion-finance par exemple. Le parrainage préconise au moins un contact par mois et impose la rédaction tous les trimestres d’une « fiche-navette » qui fait le point sur tous les aspects de la vie de la jeune entreprise. Nous avons calculé qu’un parrain devra consacrer 42 heures sur deux ans à son filleul.
Comment a évolué le parrainage ?
Agnès Bisch. Au fil des années, nous avons constitué un vivier de près de 200 parrains. Il forme un réseau de compétences que nous avons quelque peu formalisé pour répondre à des demandes ponctuelles. On peut faire appel à un membre de ce réseau pour intervenir en complément du parrain sur un point particulier que celui-ci maîtrise moins. Depuis novembre 2014, nous avons aussi créé un comité de soutien : un membre du bureau de la PFIL (Plate-Forme d'Initiatives Locales), un ancien cadre dirigeant et le parrain, viennent en aide au créateur qui connaîtrait des difficultés.
Les entreprises soutenues tiennent-t-elles le choc sur la durée ?
Bernadette Sigrist. Alors qu’au niveau national, les PFIL parviennent à un taux de pérennité à trois ans de 87 % des entreprises soutenues, nous atteignons 95 % en Sud-Alsace. Nous ne cassons pas le rêve de la création d’entreprise, nous le rendons réaliste.
En Franche-Comté, cap sur les TPE en croissance
Initiative Franche-Comté lance un nouveau fonds ciblé prioritairement vers le développement des petites entreprises, jusqu'à 15 salariés. Baptisé Croissance, il est alimenté dans l'immédiat à hauteur de 120 000 € par le conseil régional de Franche-Comté et la Caisse des dépôts. D'autres partenaires financiers sont invités à le rejoindre pour constituer une enveloppe de 450 000 €, ce qui permettra, précisent ses initiateurs, de lever au moins un million d'€ de prêts bancaires.
Ce prêt d'honneur à taux zéro, sans caution ni garantie apportée par le bénéficiaire, consolide les fonds propres de l'entreprise pour un montant maximal de 45 000 €. Il complète le dispositif de soutien à la création d'entreprises, animé par les quatre plateformes d'initiatives locales de Franche-Comté : Initiative Dole Territoire, Initiative Doubs-Territoire de Belfort, Initiative Haute-Saône et Initiative Jura ; contact ici.
En 2014, l'activité de ces plateformes s'est traduite par le financement de 337 projets avec 2,4 milions d'€ de prêts d'honneur engagés et 472 000 € de prêts NACRE (Nouvel Accompagnement à la Création et la Reprise d'Entreprise), ce qui a permis de mobiliser 23,37 millions d'€ de prêts bancaires. La Caisse des dépôts abonde déjà le fonds Initiative Franche-Comté et le conseil régional intervient à toutes les étapes de la création et de la reprise d'entreprises.
La signature de ce nouveau fonds a eu lieu le 22 janvier 2015 à Besançon avec Marie-Guite Dufay, présidente du conseil régional de Franche-Comté-, Antoine Bréhard, directeur régional Franche-Comté de la Caisse des dépôts et Jean-Paul Fischère, président d'Initiative Franche-Comté.
Ce dernier cèdera la présidence du réseau franc-comtois le 1er février 2014, au jurassien Frédéric Fraichot, responsable du cabinet conseil en finances, Finovéa à Lons-le-Saunier.