L’opérateur éolien allemand Wpd onshore France a signé une convention avec la Fédération Régionale des Travaux Publics pour mobiliser les entreprises locales sur le futur chantier du parc des Hauts de l’Armançon (Yonne) qui devrait démarrer en 2024.


Wpd onshore France va construire dans l’Yonne, le parc éolien des Hauts de l’Armançon, le plus puissant de Bourgogne-Franche-Comté. Ses 18 éoliennes de 104,4 Mégawatts (MW) produiront de l’électricité pour 97.000 foyers. Les turbines de grande hauteur (243 m) et d’une puissance de 5 MW, le double de celles actuellement en activité, émergeront de la forêt communale de Cry, Nuits et Aisy-sur-Armançon dont 15 ha seront défrichés pour les acheminer.

L’opérateur allemand qui dispose d’une direction régionale à Dijon, n’est pas inconnu dans la région. Il exploite trois parcs éoliens dans l’Yonne et la Côte-d’Or, dont celui de Joux-la-Ville (22 éoliennes) et a cinq autres projets dans les mêmes départements.


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Concernant le projet des Hauts de l’Armançon, toutes les autorisations ne sont pas encore obtenues (elles sont attendues en fin d’année), mais il n’est pas trop tôt pour mobiliser les entreprises sur un chantier qui durera deux ans. Géomètres, terrassiers, entreprises de génie civil, électriciens, transporteurs, loueurs d’engins, sociétés de gardiennage, mais aussi hébergeurs et restaurateurs : pas moins de 80 ouvriers s’activeront sur le chantier pendant deux ans.

Les « majors » du BTP sont rompues à l’exercice, attentives aux gros projets, contrairement aux PME. Or, c’est celles-ci que l’opérateur éolien souhaiterait intéresser. « 15 millions d’€ pourraient revenir aux entreprises locales », a calculé Delphine Poirson, directrice Management de Wpd onshore France. Pour les attirer, elle s’est rapprochée de la Fédération Régionale des Travaux Publics (FRTP) de Bourgogne-Franche-Comté avec laquelle a été signée le 23 février dernier, une « charte d'engagement en faveur de l'attractivité économique, environnementale et sociale des territoires », première du genre.


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Transport d’une pale d’éolienne. Photo d’archives © Jean-Christophe Tardivon


« C’est le rôle de la fédération de porter à connaissance de gros projets comme celui-ci où les entreprises locales ne pensent pas avoir leur place ; nous l’avions fait avec succès il y a quelques années pour le déploiement du gazoduc du Val de Saône avec GRTgaz », commente Vincent Martin, son président. Une trentaine d’entreprises de travaux a été détectée dans l’Yonne, sans compter celles des départements limitrophes, notamment de Côte-d’Or.

La fédération va mener une campagne d’information auprès de ses adhérents que devrait élargir la CCI Métropole de Bourgogne. « Fournir suffisamment en amont toutes les informations nécessaires, permet aux entreprises de se préparer à répondre aux appels d’offres le moment venu, d’anticiper leur organisation car les volumes sont importants », ajoute wpd onshore France. L’opérateur attend notamment des entreprises des candidatures regroupées ou la formation d’un consortium.

La maintenance éolienne, un secteur en plein embauche

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Pose de la base d’une éolienne. Photo d’archives © CRBFC


Le marché pourra aussi concerner la maintenance, une fois le parc opérationnel au printemps 2026. L’anticipation n’est pas de trop. Car les compétences manquent cruellement, alors que l’embauche s’envole, explique Emmanuel Schuddinck, président du cluster éolien et directeur de Connected Wind Services (20 salariés), société de maintenance éolienne à Dijon.
« Depuis deux ans, j’embauche une personne par mois », dit-il. L’écueil pour cette jeune profession, c’est le défaut de candidats. Une dizaine d'étudiants seulement sort chaque année diplômés du BTS « Maintenance de systèmes éoliens » au lycée Eiffel à Dijon, seul en Bourgogne à dispenser cette spécialité et à valider la certification BZEE (Bildungszentren für Erneuerbare Energien).


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La semaine dernière, Pôle Emploi a apporté son obole en sélectionnant dix demandeurs d’emplois qui démarrent une formation de sept mois avec le Greta 21. La Fédération Régionale des Travaux Publics (FRTP) de Bourgogne-Franche-Comté envisage de son côté, de lancer une spécialité au sein de son CFA des travaux publics, plus largement consacrée aux métiers des énergies renouvelables.

L’emploi local, un atout pour l’acceptation du projet

Favoriser l’emploi local est aussi pour l’opérateur éolien, un atout pour l’acceptation du projet auprès de la population qui n’exprime pas de grosse opposition. « Mais nous aurons forcément des recours », n’ignore pas Delphine Poirson.
L’association Paysages et Forêts de l’Armançon s’est déjà fait entendre : elle s’inquiète de la multiplication des projets dans l’Yonne, qui compte déjà 137 éoliennes en activité.
Si la construction du projet s’est déroulée jusqu’à présent sans encombre, c’est en raison de son origine : il est né en 2016 de l’initiative des maires de Cry, Nuits et Aisy-sur-Armançon qui voulaient développer sur leur territoire rural, « un projet économique tout en préservant son environnement. » Ils n’ont pas ménagé leur peine pour mener pendant trois ans une concertation avec les habitants à travers du porte à porte, des visites de parcs éoliens, des expositions et des groupes de travail.
De celle-ci est sortie un programme environnemental qualifié « d’exceptionnel » constitué d’aménagements forestiers pour préserver la biodiversité, de replantations d’arbres, d’aménagements paysagers dans la vallée afin d’atténuer la visibilité du parc et des mesures compensatoires (restauration et entretien des parcelles humides).

 

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Le projet du parc éolien des Hauts de l'Armançon en chiffres. Source : wpd

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