Horlogerie. On connaissait Philippe Lebru comme le créateur qui a rajeuni les horloges comtoises. Le voilà horloger de la grande vitesse. Après avoir posé le compte à rebours du 1er TGV Rhin-Rhône, prévu le 11 décembre 2011, sur la façade du musée des beaux-arts de Besançon, le dirigeant de Weal's Concept installe une horloge géante dans la salle des pas perdus de la future gare TGV de Besançon.

L'objet a des proportions monumentales : un pendule de 5 m de hauteur, des roues de 6,23 m de diamètre et le tout pèse 5,5 tonnes.

Un rotor de moteur de TGV tout droit sorti de chez Alstom à Ornans (Doubs), entraîne symboliquement le mouvement du pendule et la descente du poids. En fait, c'est un moteur électrique qui fait fonctionner l'ensemble. L'engrenage est constitué de quatre roues monumentales, illustration des savoir-faire régionaux dans la mécanique et la technique horlogère, montées sur un roulement et un échappement d’horlogerie (mécanisme qui compte les oscillations du pendule, donc mesure le temps).

Scellée dans le béton d'une poutre de la gare, la structure porteuse diffuse un rai de lumière au rythme du balancier et illumine les indications horaires. Les autres horloges de la gare seront cependant réglées sur celles du système de circulation des trains.

Fruit de sa propre initiative, tandis que l'horloge du compte à rebours de l'arrivée du TGV est le résultat d'un appel d'offre du conseil régional de Franche-Comté, l'horloge de la gare TGV doit sa naissance à un groupe de mécènes que Philippe Lebru achève de réunir.

La plupart sont des entrepreneurs de Franche-Comté, associés au sein d'une fondation en cours de création avec la fondation de France. En plus d'une publicité qu'ils ne manqueront pas de faire en temps venu, leur engagement leur accorde une défiscalisation. Le groupe de travaux publics Bonnefoy, la plus importante entreprise du secteur en Franche-Comté, est l'un de ces mécènes.

Une centaine d'horloges comtoises par an

En route depuis trois ans, ce projet doit sa complexité à un changement de dimension. «On passe de l'univers des microtechniques en blouse blanche à celui d'un atelier industriel», affirme Philippe Lebru. Plusieurs entreprises de mécanique, d'horlogerie, des chaudronniers, en majorité de la région, contribuent à sa fabrication (*).

De ce qu'il considère comme «une véritable aventure», le dirigeant de Weal's Concept espère des retombées pour son fonds de commerce : les horloges comtoises qu'il a ressuscitées il y a cinq ans dans un design contemporain. Grand Prix au concours Lépine Paris international en 2005 et médaille d'or au salon de l'invention à Genève, ses horloges comtoises ne se distinguent pas seulement par leur silhouette, épurée et décomposée. Il a breveté un système d'équilibrage automatique du mouvement.  «J'en vends une centaine par an sur commande, la moitié à l'étranger», précise t-il. Dernière née, une horloge murale avec balancier au look des années 70.

Elles sont commercialisées sous la marque Utinam (anagramme de Minuta), tout comme une collection de montres originales : aiguilles inversées, double fuseau horaire, cadran sur 24 h. Le top du top est une montre dont le fond du cadran est une tranche de météorite de Namibie, cernée de saphirs. Destinée aux collectionneurs, elle a été pour l'instant vendue à 6 exemplaires, au prix unitaire de 15 000 €.

Prochaine étape : la création d'un atelier de montage des mouvements à Besançon, activité aujourd'hui sous-traitée.

(*) Pascal Oudot (Bolandoz, Doubs), charpente métallique, Ets Siri (Port-sur-Saône, Haute-Saône), usinage, Diffra (Auxon-Dessous, Doubs), mécanique, Dcis (Besançon), machines spéciales, Plimétal (Chaux-La-Lotière, Haute-Saône), tôlerie et découpe laser, Osram (Allemagne), éclairage.

Crédit photos: Traces Ecrites et Weal's Concept

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