Son initiative fut l’une des 216 dont 22 entreprises artisanales retenues par la Région Bourgogne-Franche-Comté pour le Festival des solutions écologiques qui s’est achevé le 12 septembre. En baptisant son auto-entreprise à Azé en Saône-et-Loire, De l’imagination et du carton, Magali Lagarde s’emploie à sa mesure au recyclage d’un matériau consommé annuellement en milliers de tonnes. Ses oeuvres peuvent être vues ce week-end 18 et 19 septembre, à Saint-Martin-Belle-Roche à l’occasion des journées du patrimoine.
L’arrivée dans la cour de l’atelier « De l’imagination et du carton », à Azé en Saône-et-Loire, nous met tout de suite au parfum : d’agréables espaces verts et, posées sur une chaise, de très grosses boîtes en carton armées d’un réflecteur. A l’intérieur des meringues et un thermomètre. Ce sont des fours solaires que Magali Lagarde propose comme une alternative écologique et économique, au croisement entre la puissance de l’énergie solaire et le recyclage du carton.
Ce four est un rectangle constitué de plusieurs couches de carton, isolées à l’intérieur par une couche de bouchons en liège déchiquetés, eux aussi recyclés. Cette base sert d’isolation pour éviter la déperdition de chaleur vers l’extérieur. Sur le dessus du four repose une plaque de verre dont le degré d’inclinaison est précisément calculé. Le réflecteur capte les rayons du soleil pour les rediriger à l'intérieur de la boîte. Il est recouvert d'une feuille d'aluminium, tout comme les parois internes du four.
L’orientation du réflecteur devant changer au cours de la cuisson pour capter le maximum d’énergie solaire, l’astuce de Magali, ce sont des petits trous en haut de la boîte, et une brindille du jardin pour caler le réflecteur ! De l’artisanat pur et dur ! Le four peut chauffer jusqu’à 150° pour une cuisson saine des aliments en préservant leurs propriétés.
Magali ne commercialise pas son four. Elle ne cherche pas la production en nombre mais se situe « dans l’invention, l’innovation et la créativité, dans un esprit écologiquement responsable. » Comme elle aime partager ses expériences, elle réalise des ateliers avec le foyer rural local au cours desquels les participants fabriquent leur propre four.
Avis de recherche auprès des entreprises

Magali Lagarde souhaiterait faire des interventions en entreprise pour partager ses connaissances notamment sur la fabrication de fours en carton. En photo, ©Sabrina Dolidze/Divergence, des meringues en train de cuire.
Elle est aussi à la recherche des matériaux suivants : cartons en tube de photographes, échantillons de cuir de canapé, cartons en nid d’abeille, plaques d’imprimeur pour remplacer l’aluminium de ses fours par un élément recyclé.
Du carton recyclé en meubles, jouets, objets de décoration

« Depuis toute petite, j’ai toujours joué avec les matériaux que je trouvais. Aujourd’hui je continue à jouer », raconte cette créatrice de 53 ans qui vit avec le carton une véritable passion depuis qu’elle a du meubler l’appartement de son fils venu faire ses études à Dijon. De nature débrouillarde et douée de ses mains, elle commence à fabriquer des meubles en carton. Puis elle créé son entreprise en 2009, dont l’activité est centrée autour du carton. Elle fabrique des objets utilitaires et décoratifs : lampes fabriquées à partir de la tranche du carton d’une esthétique grandiose, jouets pour enfant, mobilier, mallettes décoratives, cadres…
On peut retrouver ces objets dans son atelier à Azé, dans une boutique de créateurs à Cluny, et dans les différents événements auxquels elle participe : les journées européennes des métiers d’art, les journées du patrimoine (ces 18 et 19 septembre à Saint-Martin-Belle-Roche en Saône-et-Loire), les journées festives à Cluny et Tournus…
Ce qu’elle aime dans ce matériau, c’est la possibilité de l’utiliser de différentes manières sans avoir besoin de machine, mais juste une bonne dose d’imagination. Sa matière première, elle la récupère entre autres auprès d’entreprises, le magasin de sport Giant et Schneider Electric à Mâcon. L’approche locale est pour elle importante car « il ne serait pas raisonnable pour l’environnement de faire des kilomètres pour les récupérer. »
Rien n’est laissé au hasard : elle fabrique elle-même sa colle avec de la farine et de l’eau, a isolé le plancher de son atelier avec des bouchons en liège broyés, recouvert les murs d’enduits qu’elle a elle-même fabriqués : tantôt de la sciure et de la chaux, tantôt de la chaux et du sable, avec même en prime un revêtement mural fait de carton broyé !

© Sabrina Dolidze/Divergence
Le Festival des solutions écologiques organisé par le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté veut sensibiliser les citoyens aux alternatives écologiques dans leurs pratiques quotidiennes. Pour sa deuxième édition, conférences et présentation de projets portés par des acteurs publics, entreprises, associations et particuliers, ont émaillé la semaine du 6 au 12 septembre. Parmi les 216 projets mis en lumière, 22 entreprises ont été sélectionnées sur candidature spontanée, dont l’auto-entreprise de Magali Lagarde « De l’imagination et du carton » à Azé en Saône-et-Loire.
