
AUTOMOBILE. Sans faire couler l’encre à gogo, l’accord de type "temps de travail contre maintien des emplois" de Voestalpine Stamptec France à Fontaine, près de Belfort, fait débat dans le monde syndical local.
Le 2 avril, les 150 salariés sont passés de 35 à 38 heures hebdomadaires. Sans hausse de salaire, sauf pour les plus basses rémunérations.
Longtemps murée dans le silence, la direction du site a choisi de s’exprimer, dans la foulée de la mise en œuvre le 2 avril.
Elle ne cache pas l’insistance de la maison-mère autrichienne à mettre cet accord en place.
Chez l’emboutisseur connu longtemps sous le nom d’Amstutz, le temps de travail des 150 salariés vient de passer de 35 à 38 heures hebdomadaires.
Sans hausse de salaire, sauf pour les plus basses rémunérations : « leur taux horaire a été relevé afin de ne pas tomber sous le niveau du Smic », précise Stéphane Stefanski, directeur général de la filiale française.
La rémunération des heures supplémentaires est prévue, avec la majoration légale qui lui est liée. Mais elle sera groupée et surtout, soumise à un critère de résultat financier : « Les salariés toucheront une prime une fois par an, si Voestalpine Stamptec France dégage un résultat d’exploitation avant impôts, égal ou supérieur à 5 % du chiffre d’affaires », explique le directeur général.
Le premier versement interviendrait en juillet 2014, à l’issue de l’exercice qui vient de démarrer pour se clore le 31 mars prochain.
Le deal a été consigné dans un accord d’entreprise signé en début d’année par FO le syndicat majoritaire, la CFE-CGC et, dans un premier temps, par la CGT qui l’a ensuite dénoncé. « On est bien dans la logique d’un accord de compétitivité », commente le dirigeant.
L’objectif de 5 % de rentabilité est-il réaliste ? « C’est le niveau qu’exige le groupe Voestalpine pour chacun de ses sites, et nous l’avons atteint jusqu’en 2010 », affirme t-il.
Le site français dont PSA est le principal client a subi une chute de commandes qui a généré des pertes financières en 2011 puis 2012, selon la direction.
Pour renouer avec la pleine activité, le groupe Voestalpine s’est montré disposé à transférer des charges de travail depuis ses usines allemandes en bonne santé. Mais à condition de remonter le temps de travail.
Le dirigeant français ne le cache pas, la négociation s’est déclenchée à la demande exprès de la maison-mère.
Accord contre plan social
Sans quoi, un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi, en clair un plan social) aurait été déclenché. Il aurait concerné une cinquantaine de postes, selon FO.
« De nouvelles commandes ramènent le site à un niveau de pleine charge. Nous tournons 7 jours sur 7 et faisons appel à une quinzaine d’intérimaires », complète Stéphane Stefanski.
Côté syndical, l’union départementale CGT a désavoué son représentant dans l’entreprise pour « total désaccord ».
Sa signature serait le fruit d’une « initiative individuelle », souligne sa secrétaire générale Sabine Verdant qui dénonce un « chantage à l’emploi ».
FO n’exclut pas non plus de dénoncer l’accord, en raison du scénario qui a suivi la signature.
Les salariés ayant refusé les nouvelles règles par avenant à leur contrat font l’objet d’une procédure de licenciement pour motif économique.
Un fait confirmé par Stéphane Stefanski, qui précise qu’il concerne six salariés ayant notifié leur refus par écrit. « Nous chercherons à les remplacer, en CDI : l’objectif est le maintien des effectifs permanents », ajoute-t-il.

Sous-entendu, il n’y a pas de PSE déguisé.
Nous redécouvrons qu'il faut travailler ? Les 35 heures c'est un drame, car au-delà de plomber notre performance, cela a surtout contribué à dévalorisé la notion de travail dans l'inconscient collectif.