AGROALIMENTAIRE/BAS-RHIN. Déjà présent en grande distribution dans une trentaine de magasins en Alsace, le jus de pomme de la société coopérative d’intérêt collectif baptisée Moi moche et bon débarque dans tous les magasins Carrefour d’Ile-de-France et du Grand Est, sous la marque Tous antigaspi.
Ce jus de pomme 100% naturel est produit avec des pommes qui ne rentrent pas dans les normes d’esthétisme et de calibrage imposées par la grande distribution.

Une nouvelle page s’ouvre pour les trois associés de Moi moche et bon, Thomas, Séverin et Jérémy, qui ont créé en 2015 à Strasbourg une marque de jus de fruits responsable. Depuis le 1er mai, le jus de pomme alsacien fabriqué à partir de pommes habituellement écartées des circuits de distribution, est vendu dans tous les magasins Carrefour d’Ile-de-France et du Grand Est, soit environ 1.200 magasins.
Un joli contrat suite aux négociations avec l’enseigne et au rapprochement avec le collectif Les Gueules Cassées, créé par Nicolas Chabanne, qui propose à la vente des fruits et légumes « moches ».
Le jus de pomme alsacien porte la marque Tous antigaspi, créée en 2015 par Carrefour et le collectif Les Gueules Cassées. Si les ventes sont au rendez-vous, le concept pourrait être dupliqué aux quatre coins de la France.
« Sur le même modèle que nous avons élaboré en Alsace, nous pourrions produire un jus de pomme du Nord Ouest, du Sud Ouest et du Sud Est, car notre but est de valoriser les productions locales », explique Séverin Meuillet.
Aujourd’hui, l’entreprise achète ses pommes auprès d’un producteur bas-rhinois qui comptabilise 250 tonnes d’écarts de tri sur le millier de tonnes qu’il vend tous les ans à la grande distribution. « Avec ces 250 tonnes, nous produisons 200.000 litres de jus de pomme », précise Thomas Garcia.
Les pommes sont ensuite pressées par un artisan près de Saverne (Bas-Rhin) qui possède une capacité de production de 12.000 bouteilles par jour.
Lutter contre le gaspillage alimentaire
A terme, l’objectif des trois jeunes entrepreneurs est de fabriquer d’autres jus de fruits et de valoriser aussi les légumes en produisant des soupes. « Nous avons commencé avec les pommes car c’est le produit le plus simple à transformer, mais nous ne sommes pas des producteurs de jus de pommes. Notre but est de lutter contre le gaspillage alimentaire, donc il y a beaucoup à faire avec d’autres produits et sur d’autres secteurs comme celui de l’hôtellerie-restauration », rappelle Séverin Meuillet.
En France, les pertes venant du tri imposé par les grandes surfaces (esthétisme, calibrage, etc.) représentent 30% de la production de fruits et légumes. Mais la petite entreprise strabourgeoise est confrontée à des problématiques financières : développer de nouveaux produits nécessite du temps et des investissements.
De plus, travailler avec la grande distribution demande un gros effort de trésorerie car les délais de paiement sont longs alors que les règlements des factures au producteur sont effectués rapidement.
Jusqu’à présent, les bouteilles de jus de pomme Moi, moche et bon étaient vendues dans environ 30 magasins des enseignes Système U et Carrefour en Alsace, principalement dans le Bas-Rhin.
Depuis le mois d’avril, les trois associés qui étaient réunis dans une coopérative d’emploi, ont évolué vers un statut de Scic SAS (Société coopérative d’intérêt collectif). Grâce à ce statut, l’entreprise pourra négocier avec les centrales d’achat des enseignes de la grande distribution.
« Tant que nous n’avions pas de statuts, nous étions obligés d’aller voir les responsables de magasins un à un. Mais aujourd’hui, c’est différent. Pour Système U par exemple, la seule centrale de Mulhouse fournit 108 magasins en Alsace et en Franche-Comté », souligne Thomas Garcia.
Il y a fort à parier que dans peu de temps, les jus de fruits Moi, moche et bon aient leur place dans les rayons de nombreux supermarchés…

Qui sont-ils ?
Séverin Meuillet, 24 ans et Thomas Garcia, 23 ans se sont connus par le biais du sport, le handball il y a plus de dix ans.
Ils ont suivi la même formation Bachelor Jeune Entrepreneur à l’Ecole de management de Strasbourg.
C’est dans le cadre de cette formation qu’est né le projet Moi, moche et bon en 2015.
En décembre de la même année, une campagne de crowdfunding a permis aux jeunes entrepreneurs de récolter 13.000 € afin de produire et de communiquer davantage. Jérémy Flippes a rejoint l’équipe en 2016.
Le jus de pomme Moi Moche et Bon est certainement le meilleur que j'aie jamais bu, bravo, surtout continuez, je n'en veux plus d'autre !