OUTILLAGE/HAUTE-MARNE. Absente jusqu’alors du marché de l’aéronautique, la PME de Nogent (Haute-Marne) a décroché un mirobolant contrat de 22 millions d’€, qui équivaut à trois fois son chiffre d’affaires actuel.

Gillet Group voit ainsi ses efforts de diversification récompensés. L’entreprise convoite également les secteurs du ferroviaire et de l’agriculture pour réduire sa dépendance à l’automobile et au marché français.

 

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L'activité de Gillet Group est encore manuelle... ©Frédéric Marais / Agence Info.

 

Concepteur et fabricant d’outillage à main et de petit outillage de ligne d’assemblage pour l’industrie, Gillet Group a clairement défini une « nouvelle stratégie économique », comme l’explique son directeur commercial, Mickaël Levers.

 

L’objectif est double : moins dépendre du secteur de l’automobile, que la crise a fortement impacté, et augmenter la part à l’export pour échapper aux éventuelles sautes d’humeur du marché intérieur.

 

Traduction en chiffres de cette réorientation: « De 85 % dans l’automobile, nous voulons passer à 60 % en 2018. De 15 % dans le nucléaire, le poids lourd et l’industrie générale, nous voulons parvenir à 20 % dans le ferroviaire, le nucléaire, le poids lourd et l’agriculture, et à 20 % dans l’aéronautique, secteur où nous sommes absents aujourd’hui. »

 

Et Mickaël Levers de préciser que le chiffre d’affaires dans l’aéronautique passera de zéro à 2 millions d’€ dès 2017.

 

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45 000 pièces par an

 

Gillet Group a en effet décroché un faramineux contrat de 22 millions d’€ sur dix ans (deux fois cinq ans) avec l’équivalent de Facom aux Etats-Unis.

 

L’objet du marché est une « pince à freiner aéronautique » qui, par un astucieux système de verrouillage mécanique mis au point par la PME, empêche les écrous de se desserrer. En rythme de croisière, Gillet Group fabriquera 45 000 pièces par an.

 

Cette faculté à « inventer » de nouveaux outils, dixit Mickaël Levers, est un peu la marque de fabrique de l’entreprise de Nogent (Haute-Marne), qui consacre 17 % de son chiffre d’affaires à la R&D, chiffre englobant les études et les prototypes.

 

« Nous écoutons le marché et proposons des innovations aux distributeurs, expose le directeur commercial. Mais, dans 80 % des cas, nous répondons aux demandes des constructeurs. » Entre 10 et 15 produits nouveaux sortent chaque année des mains et du cerveau des 70 salariés de Gillet Group, qui comptent parmi eux 4 ingénieurs.

 

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A gauche, le produit phare de la PME, la pince à câble, et à droite, celui qui pourrait le détrôner, la pince à freiner. ©Frédéric Marais / Agence Info

Le best-seller de la société reste la pince à câble pour collier destinée aux secteurs de l’automobile, du poids lourd et de l’agriculture : il s’en est déjà vendu plus de 2 millions d’exemplaires, dans des versions sans cesse améliorées !

 

Un tel savoir-faire a permis à la PME haut-marnaise de devenir rien de moins que le « numéro 1 chez Renault, Delphi et PSA dans l’outillage à main », Bosch étant aussi l’un de ses « gros clients ».

 

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Le kit démonte-pare-brise, un des musts de l’entreprise haut-marnaise. ©Frédéric Marais / Agence Info

Parmi les milliers de références de l’entreprise, citons le kit démonte-pare-brise, le kit de réparation électrique pour Renault, le kit de réparation de carrosserie en aluminium pour Ford aux Etats-Unis, ou encore la servante pour PSA (il s’agit d’une boîte à outils roulante).

 

Plus de 50 % à l’export

 

La diversification de l’entreprise passe aussi par la conquête de nouveaux marchés à l’étranger.

 

L’export représente pourtant déjà 44 % des 7 millions d’€ de chiffre d’affaires de l’entreprise (dont moitié au Canada et aux USA, l’autre moitié en Europe, Suisse et Allemagne principalement).

 

« Nous souhaitons dépasser les 50 % en 2018 », indique Mickaël Levers, dans le but de mieux répartir les risques.

 

Parmi les pistes : la Russie pour le ferroviaire et le poids lourd, la Chine pour l’aéronautique, l’Amérique du Nord pour le ferroviaire et le poids lourd. Gillet Group, qui fournit à Areva de l’outillage en zone confinée, aimerait aussi exporter son savoir-faire dans le nucléaire hors de nos frontières.

 

Le marché hexagonal n’est toutefois pas négligé, en particulier dans le domaine ferroviaire, avec de nouveaux clients qui s’appellent Bombardier ou la SNCF.

 

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Trois sociétés en une

 

Une telle aptitude à capter de très grands comptes s’explique aussi par l’éventail des métiers de Gillet Group, qui lui permet de livrer des produits clés en main. Cette large palette découle de l’histoire particulière de l’entreprise.

 

Gillet Group a en effet vu le jour dans sa forme actuelle en 2009 après la fusion de trois entités : Gillet Outillage, fondé en 1977 par l’actuel P-DG, Pascal Gillet, JCC Steel Plast (injection plastique, découpe acier) et ECP (packaging). Autant de métiers complémentaires qui cohabitent aujourd’hui au sein de la même usine, Gillet Outillage ayant déjà déménagé trois fois à mesure qu’il grossissait.

 

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Encore manuelle, l’activité de Gillet Group tend pourtant à s’automatiser et à se robotiser. ©Frédéric Marais / Agence Info.

 

Qui est Pascal Gillet ?

 

Agé de 62 ans, Pascal Gillet a une formation d’horloger, mais se présente comme un « autodidacte ». Il a présidé pendant plusieurs années l’association Nogentech, le club des entreprises de la région de Nogent (Haute-Marne).

Gillet Outillage a démarré avec quatre personnes et fabriquait des cisailles et des coupe-câbles pour l’électricité. JCC Steel Plast a été rachetée en 2001, ECP, en 2007.

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