
AUTOMOBILE. Sollicitée par Traces Écrites News, la direction de TRW Europe a accepté de répondre à nos questions concernant sa décision de fermer son unité dijonnaise qui emploie 146 personnes.
Rappelons que TRW est un équipementier d’outre-Atlantique qui a réalisé un chiffre d'affaires 2012 de 16,4 milliards de $. Il se classe parmi les fournisseurs leaders sur le marché automobile mondial.
Son siège social est établi à Livonia (Etat du Michigan) et ce groupe emploie par le biais de ses filiales plus de 65000 personnes dans 25 pays.
Les produits de TRW Automotive comprennent notamment des systèmes intégrés d'assistance à la conduite, des systèmes de freinage, des systèmes de direction et de suspension, des systèmes liés à la sécurité des passagers (ceintures de sécurité et airbags), des équipements électroniques, composants moteur, systèmes d'attache, ainsi que des pièces de rechange et services après-vente.
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• Comment justifiez vous économiquement et industriellement la fermeture du site TRW de Dijon, jugé rentable et même viable comme l'assure le cabinet d'expertise 3e ?
L'industrie automobile représente un défi important. Les immatriculations de voitures neuves ont été à leur plus bas niveau depuis 17 ans en 2012, soit de 8,2 % inférieures à 2011. Cependant, le véritable défi pour Dijon est le changement rapide de la technologie dans le secteur des systèmes de direction.
Dijon a été créé en tant que site de production pour les systèmes de direction hydrauliques électriques (EPHS). Cette technologie est rapidement remplacée par des systèmes de direction totalement électriques (EPS) et les volumes de valves baisseront considérablement au cours des cinq prochaines années en Europe, de plus de 70 %.
En 2012, l’EPHS représentait 74 % de l’activité direction de TRW, et ne représentera plus que 34 % dans cinq ans. TRW a une surcapacité importante à travers ses sites de direction en Europe. Malheureusement, le site de Dijon avec seulement 6 000 m2, ne pouvait ni assumer tous les volumes de la technologie EPHS, ni basculer sur la technologie EPS de manière viable, et ceci uniquement en raison de la pression très forte sur les prix (les prix ont baissé d'environ 25 % au cours des cinq dernières années).
Cette pression sur les prix nécessite des volumes importants afin de fabriquer ces produits de façon rentable. Après avoir exploré plusieurs options alternatives, il s’avère qu’il n'y a pas de possibilités d'empêcher le site de Dijon d’aggraver sa situation déficitaire.
• De quelle perte chiffrée parlez-vous pour Dijon ?
Dijon a perdu plus de 1 million d’euros en 2012. Un chiffre qui augmenterait de manière significative en raison de la réduction des volumes des produits EPHS et en raison des pressions sur les prix pour les capteurs EPS.
Dijon est un site de production de composants dont la plus grande partie est fournie en interne à des usines d'assemblage TRW basés sur un prix de transfert. Etant donné que les valves disparaissent, ce qui engendre une baisse des volumes, le site fonctionnerait de plus en plus inefficacement et générerait des pertes.
Si les projections en termes de technologie et de ventes continuent de baisser le site Dijon engendrerait des pertes à deux chiffres.
• Vous évoquez une surcapacité dans vos unités ailleurs en Europe, en Pologne notamment. Mais ces usines sont récentes, alors pourquoi les avoir construites ?
Nous avons établi notre site de production de direction en Pologne en 1996. Il a été créé avant la crise économique et avant les défis que l'industrie automobile doit relever depuis 2008. Le passage à la technologie de direction totalement électrique a été plus rapide que prévu.
Comme l’industrie automobile est dans sa 6ième année consécutive de baisse, TRW a dû restructurer les activités européennes des produits de direction dans l'ensemble de ses usines espagnoles, italiennes et allemandes.
• En quoi l'outil de production de Dijon n'est-il pas adapté à la production de capteurs électriques ou le serait-il au prix de trop lourds investissements ?
Nous le répétons, c’est uniquement en raison de la taille du site de Dijon que la production de capteurs électriques n’y est pas viable. Avec la pression sur les prix très sévère à l’intérieur de ce marché, il est essentiel de produire des volumes très supérieurs à ce que Dijon est capable d'absorber. Nous avons la capacité et la possibilité de fabriquer des capteurs EPS ailleurs de façon rentable.
• Voulez-vous regrouper des productions de directions entières en Pologne ou ailleurs en Europe ?
Non. Nous fabriquerons les produits là où il est économiquement logique de les fabriquer. Nous avons de la production en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et en Espagne. La restructuration a eu lieu dans l’ensemble de nos usines d’Europe de l’Ouest afin qu’elles soient plus compétitives et qu’elles puissent se positionner pour remporter de nouveaux contrats.
• Un capteur électrique entre pour 11% dans le prix de revient d'une direction. Le surcoût de main d'œuvre française n'est que de 6% sur ces 11%. En automatisant plus Dijon, ne pensez-vous pas récupérer ce manque compétitivité ?
Les prix des produits EPS sont soumis à une forte pression, avec une réduction d'environ 25% au cours des cinq dernières années. Dijon n'est pas à l’échelle pour la fabrication de ce produit de façon compétitive.
Il ne s’agit pas seulement du coût de la main-d’œuvre directe, mais de tous les aspects de la structure des coûts incluant des éléments de coûts fixes et de coûts variables significatifs.
• L'aide financière de l'État et de collectivités locales pourrait-elle vous faire revoir votre stratégie de fermeture ?
La procédure de consultation est en cours et nous dialoguons avec le gouvernement et les collectivités locales en analysant les options possibles pour l'avenir du site de Dijon.
Crédit photo : TRW
Plusieurs affirmations sont en contradiction avec les faits. Nous aurons l'occasion de préciser points par points pendant les pseudo "négociations" les contres vérités avancées par notre direction. Christophe Depierre, DS CGT TRW.