
RECYCLAGE D3E. Avec 35 000 tonnes en 2013, Remondis est des deux plus gros sites de traitement en France.
Les objets du quotidien en fin de vie y entament une seconde carrière sous des formes différentes.
Cette valorisation a un coût, et la filiale française du groupe allemand n’hésite pas y mettre le prix. Elle envisage un nouvel investissement de 4 millions d'€, après les trois dépensés cette année.
Si l’on veut avoir une juste idée de notre société de consommation, il suffit de franchir les grilles de la société Remondis à Saint-Thibault, aux portes de Troyes (Aube). Des montagnes de frigos à bout de souffle, des piles d’ordinateurs usagés, des monticules de téléviseurs obsolètes s’y entassent en attendant le coup de grâce qui précédera une éventuelle résurrection.
Ici on désosse, on déchire, on broie et on pulvérise les objets qui ont été nos compagnons de route durant quelques années. C’est de l’industrie lourde, dans son aspect viril et brutal. Un mélange d’équarrissage et de casse auto. Mais tout cela bien entendu pour la bonne cause : récupérer le maximum de matériaux, recycler la précieuse matière première et redonner vie à du matériel mort afin de gaspiller le moins possible les ressources de la Terre.
Bric-à-brac
Remondis Electrorecycling est l’une des deux plus grosses usines françaises en matière de traitement des D3E, autrement dit des déchets d’équipements électriques et électroniques. Et pour cause : « Nous sommes l’un des deux seuls sites à accepter toutes les familles de D3E, à l’exception des tubes fluo, des lampes et des panneaux photovoltaïques », expose le directeur d’exploitation, Vincent Démaret.

Ici, on trouve donc des écrans de toutes sortes (qu’ils soient LCD ou à tube cathodique), du gros électroménager et des appareils produisant du froid (réfrigérateur, congélateur, climatiseur, fontaine à eau, distributeur automatique, vitrine de glacier), du « hors froid » (lave-vaisselle, lave-linge, sèche-linge) et le vrac que les professionnels qualifient de petits appareils en mélange (ou PAM). « C’est tout ce qui possède une pile ou se branche sur le secteur, détaille Vincent Démaret : jouet, tondeuse, four à micro-ondes, brosse à dents électrique, téléphone portable, etc ».
Rien de l’étranger
Ces PAM ont représenté, en 2013, 50 % des 35 000 tonnes de D3E traités sur le site de Remondis à Saint-Thibault. Le reste est constitué principalement d’appareils produisant du froid (40 %). « A 98 %, tous ces objets nous sont envoyés par les trois éco-organismes agréés par l’Etat avec lesquels nous sommes sous contrat : Eco-systèmes, Ecologic et ERP. Ce sont eux qui organisent la collecte auprès des déchèteries notamment ». Les derniers 2 % proviennent de la clientèle B to B, en particulier le conseil général de l’Aube quand il renouvelle son parc informatique. Une part provient aussi des invendus ou du SAV de la grande distribution.

La zone de chalandise s’étend sur un grand quart Nord-Est de la France, avec des incursions jusque dans la vallée du Rhône et sur la côte atlantique. « Rien n’arrive de l’étranger », précise le directeur d’exploitation. « Nous pesons en tout 8 % du marché français des D3E, hors tubes et lampes ». Le site enregistre 9 000 mouvements de camions par an. Il accueille jusqu’à 18 camions chargés de frigos par jour, soit 350 000 frigos sur l’ensemble de l’année, à raison d’un traité chaque minute.
Aux avant-postes du recyclage
Mais en quoi consiste au juste le métier de Remondis Electrorecycling, cette filiale d’un groupe familial allemand installée dans l’Aube depuis 2007 ? « Nous sommes le premier poste de traitement, de dépollution et de démantèlement sur la chaîne de recyclage », résume Vincent Démaret. Le travail commence en extrayant les produits dangereux, tels que les CFC (chlorofluorocarbures) et le pentane, des gaz réfrigérants nocifs pour l’environnement. Emprisonnés dans des bombonnes, ils seront ensuite incinérés.
Puis on sépare tous les éléments constitutifs du produit : piles, batteries, condensateurs, cartouches d’encre, circuits imprimés, moteurs, transformateurs, etc. Certaines pièces sont conservées telles quelles, d’autres réduites en copeaux comme la ferraille, le plastique ou l’aluminium. Le tout à destination des filières de recyclage spécialisées, en France ou à l’étranger. « On effectue 80 fractions », indique le directeur d’exploitation. Entre 80 et 85 % du volume est valorisé, le reste part à l’enfouissement : bois, plastiques d’emballage, laine de verre, boues…
Investissements à répétition
Le site aubois, qui s’étend sur 4 hectares, arrive presque à saturation. Remondis envisage de s’équiper d’un second broyeur et d’une salle de tri dédiée afin d’augmenter ses capacités de traitement, un investissement de 4 millions d’€ qui viendrait s’ajouter aux 3 millions d’€ déjà déboursés en 2014 pour construire un vaste hangar de 11 mètres de haut.

Cet auvent est destiné à protéger certaines pièces entrantes ou sortantes. Site classé ICPE, jouissant de l’ISO 9001 (qualité) et d’ici à 2015 de l’ISO 140001 (environnement), Remondis est soucieux de prévenir toute forme de pollution éventuelle.
Ses 85 salariés (auxquels s’ajoutent jusqu’à trente intérimaires selon les périodes) travaillent pour les uns en 3x8 (frigos), pour les autres en 2x8 (PAM et hors froid) ou en 1x8 (écrans). En 2013, le site a réalisé 21 millions d’€ de chiffre d’affaires.