
TRANSPORT FLUVIAL. Les canaux, ce n’est pas que pour la plaisance ! Depuis Ottmarsheim (Haut-Rhin), Transest vient rappeler qu’ils servent aussi à acheminer des marchandises, de façon écologique, par voie fluviale.
Cette société d’affrètement venue de Lorraine avec une extension toute récente au Luxembourg, a dédié son antenne alsacienne aux trafics de petit gabarit, sur les péniches de type Freycinet.
Transest transporte jusqu’à 280 à 350 tonnes de la Mer du Nord jusqu’à la Picardie sans rupture du transport.
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Transest affrète des péniches détenues par de petits propriétaires-exploitants. Un transport d’Anvers vers Sète en 20 jours a-t-elle encore un sens à l’heure du haut débit ? Oui, répond Transest, chiffres à l’appui. « Nous transportons chaque année environ 30 000 tonnes par le petit gabarit », souligne Francesca Muff-Bichon, la responsable de l’antenne d’Ottmarsheim (Haut-Rhin).
Qui sont ces inconditionnels du Freycinet ? « Nous avons les clients traditionnels en céréales et engrais. On peut y ajouter les transports de graviers, de charbon, de sable noir. Sans oublier la sidérurgie qui a déclenché la création de la société dans les années 1930 en Lorraine », détaille la joviale responsable.
Mais d’autres secteurs sont venus plus récemment compléter la liste.
« Ce sont des chargeurs qui n’ont pas de contrainte de temps particulière et sont attentifs à la diminution des émissions de C02 que représente notre offre par rapport à la route, notre principal concurrent. Sans sensibilité au développement durable, ça ne fonctionne pas », rappelle Francesca Muff-Bichon.
L’exemple vient notamment du transport de déchets, essentiellement d’origine industrielle – l’idée avait germé en Alsace d’acheminer par voie d’eau des déchets ménagers vers leur destination finale, usine d’incinération ou centre d’enfouissement, mais elle a fait long feu.
Mais l’exemple vient aussi d’industriels qui expédient par les canaux des pièces complètes formant des « colis lourds », comme des citernes.

De la Mer du Nord jusqu’à la Picardie sans rupture de charge
Du pondéreux, il en faut, impérativement. « Une masse minimale doit être atteinte pour que la péniche ait suffisamment d’enfoncement pour passer sous les ponts. Mais il n’en faut pas trop non plus. Le poids exact dépend du profil du canal et de la géométrie de la péniche. Il faut aussi répartir la charge le mieux possible dans le bateau, en calculant le centre de gravité », explique Francesca Muff-Bichon.
Un exercice de haute précision, somme toute.
Concrètement, compte tenu du réseau fluvial, Transest peut transporter avec les Freycinet jusqu’à 280 à 350 tonnes de la Mer du Nord jusqu’à la Picardie sans rupture du transport. Ensuite, les chargements doivent descendre jusqu’à 230 -250 tonnes.
L’agence d’Ottmarsheim se charge d’organiser les flux sur tous les canaux intérieurs français. On retrouvera ses affrètements sur le canal de l’Est, de la Marne au Rhin, sur le Rhin-Rhône, le long du canal Bourgogne-Champagne. L’activité est notamment soutenue sur la Saône, eu égard à sa proximité avec le Rhône : depuis Chalon-sur-Saône ou Mâcon, on rejoint Lyon, donc Sète, très vite.
Au regard de l’ensemble de l’activité de Transest, Ottmarsheim n’occupe qu’une part marginale cependant. Le volume total transporté par la société de 11 salariés représente chaque année 1,3 à 1,5 million de tonnes.
Au Luxembourg depuis février
Sur ce tonnage global, 450 000 tonnes sont affrétées par l’autre agence française de Transest à Corbeny (Aisne) qui est connectée aux bassins plus importants de la Seine, de l’Escaut, du canal du Nord et du Benelux, et peut ainsi utiliser des barges de grande dimension.
Le site principal est depuis février implanté à Schengen, la petite localité luxembourgeoise rendue célèbre par la signature des accords de libre-circulation.
« Depuis ce site, nous desservons la Sarre, la Moselle, le Rhin, le Bénélux, l’Allemagne du Nord ainsi que l’Europe de l’Est via le canal Main-Danube », expose Rémy Cieslewicz, président de Transest SAS.

Photo : Christian Robischon
Pour ces destinations lointaines, Transest s’appuie entre autre sur les capacités du groupe Imperial Shipping auquel elle est rattachée, et qui constitue l’un des principaux armateurs européens.
Outre l’affrètement classique, Transest met en place des chaînes logistiques multimodales pour des entreprises « non bord à eau », en assurant des pré et post-acheminements routiers avec manutentions.
« Née dans le transport pour la sidérurgie qui demeure un client important, Transest a parfaitement réussi sa diversification vers une offre complète en vrac solide », souligne Rémy Cieslewicz.
Photos: Transest et Christian Robischon.