Les incitations à la rénovation énergétique des logements, pressenties pour être un moteur de la reprise post-Covid, ouvriront-elles des opportunités à Techniwood ? Quoiqu’il en soit, le constructeur bois de Meurthe-et-Moselle s’affiche prêt à conquérir de nouveaux marchés avec son système constructif innovant Panobloc.
Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Le spécialiste de la construction bois Techniwood dont le siège est à Maxéville (Meurthe-et-Moselle) fait sienne la citation de Jean de La Fontaine. La société de 70 personnes et 12,5 millions d’€ de chiffre d’affaires consolidé en 2019 peut se satisfaire d’avoir propulsé, en l’espace d’une décennie, son système constructif « Panobloc » au niveau de maturité technique et économique attendu par le marché du bâtiment.
Et les incitations à la rénovation énergétique des logements, pressenties pour être un des moteurs de la reprise post-Covid, pourraient lui ouvrir de nouvelles opportunités.
Le holding géré par François et Dominique Pélissier, qui compte à son capital Bpifrance et le fonds Idinvest Partners, s’organise autour de deux entités : une entreprise de construction bois (Ecologgia) à Nomexy, dans les Vosges et une usine de préfabrication des panneaux, charpentes et ossatures bois installée dans les anciens ateliers du fabricant de skis Salomon à Rumilly, en Haute-Savoie.
Ce fonctionnement très intégré – Rumilly fournit ses solutions constructives à Ecologgia – a permis à la PME de Meurthe-et-Moselle de gagner en crédibilité sur l’ensemble des segments à l’exception du marché des particuliers : construction neuve, réhabilitation lourde, immeubles de logements, bureaux, bailleurs sociaux, etc.
Les trois mois de crise sanitaire ont été traversés à un niveau de production industrielle réduit de moitié, évalue Marc Lemaitre, le directeur-général du groupe. « Pendant les premières semaines de confinement, nous avons continué à assembler nos systèmes constructifs dans la limite de la disponibilité des composants. Au total, l’usine a été totalement mise à l’arrêt pendant quatre semaines. »
La perte due à l’arrêt des chantiers du BTP devrait avoisiner un tiers du chiffre d’affaires sur 2020, toutefois Techniwood ne l’identifie pas comme une perte sèche, car l’activité n’a été que décalée dans le temps et se reportera donc sur l’exercice 2021, indique l’entreprise.
Prix de revient abaissé de presqu’un tiers


Au-delà des soubresauts économiques engendrés par la crise sanitaire, la PME affiche sa confiance dans sa technologie. L’entreprise a déjà franchi, avec succès, chacune des étapes du long parcours de massification d’une solution innovante solidarisant dans un seul élément le bois et l'isolant.
« Il a fallu prototyper Panobloc, le fiabiliser, l’industrialiser, c’est un travail de longue haleine. Sur le plan commercial, nous avons été pendant plusieurs années dans une démonstration permanente », se remémore le directeur-général. Cette solution constructive est employée dans la réhabilitation énergétique de façades ou en constructions neuves mixtes bois-béton, autrement dit les panneaux sont posés au fur et à mesure de l'avancée de la structure béton.
Tout le procédé industriel est automatisé de A à Z. Les panneaux sont fabriqués par plis, selon le principe du multipli, chacun étant composé d’une alternance de lames de bois massif et de bandes d’isolant. Le treillage de bois est croisé à 90° à chaque superposition de pli. L’isolant n’est pas simplement apposé mais collé. Le procédé industriel permet l’intégration, dans un second temps, des menuiseries, parements, fixations, pare-pluie, etc.
Techniwood estime avoir franchi aujourd’hui un nouveau cap avec son système constructif qui représente les deux-tiers de la production de Rumilly. « Ces deux dernières années, nous avons conduit un travail de ré-ingénierie. Nous avons élaboré un panneau multipli composé de trois plis de 50 mm d’épaisseur destiné à se substituer à notre panneau initital de cinq plis de 30 mm.
Cet effort nous a permis d’abaisser le prix de revient du panneau nu, de presque un tiers. Cela a pour effet de ramener son prix au niveau du mur en ossature bois que nous fabriquons par ailleurs dans notre usine. Et la nouvelle structure permet de charger davantage le panneau, par exemple avec des parements de façade plus lourds, ce qui ouvre de nouvelles applications », décrit Marc Lemaitre. La baisse du prix unitaire devrait permettre à l’entreprise de saturer son outil industriel d’une capacité de 120.000 m² par an.

Après plusieurs années à attendre que le bâtiment en France ménage davantage de place aux solutions constructives bas carbone, les frères Pélissier ne s’enflamment pas outre mesure sur les perspectives de la construction bois, mais se montrent prêts à déployer leur innovation.
Photos fournies par l'entreprise.