À Montchanin en Saône-et-Loire, l’entreprise familiale Systel Electronique a adapté un humidificateur, appareil qu’elle commercialise depuis 2015 dans l’alimentaire et la viticulture, pour en faire un matériel de désinfection des chambres d’hôpital et les salles d’attente contaminées par le Covid-19.
Face à la crise du Covid-19, les ingénieurs du bureau d’études de Systel Electronique à Montchanin (Saône-et-Loire), ont eu l’idée d’adapter le générateur d’humidité ou (générateur de brouillard) conçu pour les secteurs de l’alimentaire et de la viticulture, afin de désinfecter les surfaces des établissements de soins contaminées par le virus. Le principe est simple : par nébulisation, l’appareil diffuse des microgouttelettes de liquide désinfectant permettant d’atteindre toutes les surfaces et recoins d’une pièce.
En s’inspirant de la « littérature » chinoise, la PME familiale co-dirigée par Frédéric et Nicolas Escalle, a modifié son appareil initial pour le rendre mobile, sans manipulation humaine, et résistant aux produits désinfectants connus par l’hôpital. Deux peuvent être utilisés : de l’eau oxygénée associée à de l’acide peracétique et de l’eau de javel diluée. Deux prototypes ont été produits et feront l’objet dans quelques jours d’un test grandeur nature dans un hôpital local pour décontaminer des chambres ayant accueillis des patients atteints du Covid-19.
Selon l’entreprise (chiffre d’affaires de 2,5 millions d’€, 25 salariés) dont l’activité de base est la maintenance industrielle nucléaire, l’utilisation de cet appareil permet, en plus de sécuriser les patients et le personnel, de réduire la charge de travail et de gagner du temps pour la remise à disposition des chambres recevant les patients.
« Aujourd’hui, entre une sortie et une entrée de patient Covid-19, le temps de nettoyage d’une chambre d’hôpital est de trois heures. Nous avons fait un test dans une pièce de 55 m2 ce qui correspond à une chambre double d’hôpital et nous avons mis 32 minutes », assure Grégory Visentin, chargé d’affaires chez Systel Electronique.
Le passage obligé et chronophage de la certification
Un problème subsiste : avant de commercialiser cet appareil, il doit être certifié. L’entreprise a trouvé un laboratoire à Clermont-Ferrand pour valider la méthode de désinfection et déterminer l'activité bactéricide, levuricide et sporicide.
Mais la certification finale ne peut être apportée que par un laboratoire de haute sécurité biologique, appelé P4. Il en existe seulement trois en France, et à ce jour, Systel Electronique n’a trouvé aucune porte d’entrée pour accéder à l’un de ces laboratoires. « Nous avons du mal à trouver un contact. Pourtant, le facteur temps est important. Derrière, nous devons adapter notre production pour pouvoir répondre à la demande », prévient Grégory Visentin. Des contacts par mail ont été pris avec l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté, mais qui sont restés sans réponse.
Les dirigeants de Systel Electronique ne baissent pas les bras pour autant. Ils ont également répondu à l’appel à projets lancé par l’Agence de l’innovation de Défense qui porte sur la recherche de solutions innovantes, d’ordre technologique, organisationnel, managérial ou d’adaptation de processus industriels pour lutter contre le Covid-19. Si l’entreprise obtient la certification, elle pourra démarrer rapidement la commercialisation de son appareil de désinfection. Hier, elle disait avoir peut-être trouvé un laboratoire qui pourrait rapidement lui faire décrocher la norme CEN NF EN 14476.
Tout est prêt : les pièces nécessaires sont en stock car l’entreprise avait anticipé auprès de ses fournisseurs et l’atelier de production peut facilement se réorganiser pour fabriquer entre 15 et 20 appareils par semaine. Après la crise sanitaire, elle envisage de conserver ce produit dans son catalogue. « Même s’il existe déjà des acteurs sur ce marché, il reste encore de la place car on se rend compte que les hôpitaux sont sous-équipés, en France comme à l’étranger. »
Merci pour votre commentaire Mr Bernier, Les conditions de désinfections en milieu hospitalier sont plus qu'importantes, aussi bien dans son efficacité que dans la maîtrise des risques qui y sont liés. Par souci de bien faire, nous suivons bien sûr les étapes obligatoires mais en parallèle nous venons de finir un nouveau procédé de désinfection de l'air qui est d'ores et déjà commercialisable et qui lui s'appuie de filtres existants et déjà normés. Nous repensons chaque jour nos procédés pour éviter les freins et barrières administratives afin d'arriver a cet objectif commun qu'est l'entraide.
Bravo à l'entreprise SYSTEL, comme à toutes les autres entreprises mobilisées pour pallier les manques chroniques en moyens prophylactiques. Cet article m'inspire cependant le commentaire suivant : si plutôt que l'application du principe de précaution et de risque 0, on suivait l'adage populaire et de bon sens qui veut qu'entre deux maux, on choisisse le moindre ! Car en période de guerre, l'important est d'être efficace et jusqu'à preuve du contraire la solution, à ce jour non encore certifiée, de l'entreprise Systel n'est pas moins sûr qu'une opération de désinfection à l'huile de coude.
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