Ce dimanche 3 juillet, l’opération « Les dimanches de caractère » s’arrête à Châteauvillain, dans le parc national de forêts en Haute-Marne. Cette initiative de l’association « Petites cités de caractère » veut faire découvrir les treize petites villes du Grand Est qui portent ce label attribué à la qualité de leur patrimoine.



On ne pouvait trouver meilleure guide que Nadine Depont. Châteauvillain (Haute-Marne), l’une des 13 « Petites cités de caractère » de la Région Grand Est, elle la connaît par cœur. De l’extérieur, à travers ses rues et ruelles, ses vestiges moyen-âgeux et maisons bourgeoises du 17e siècle, comme de l’intérieur. Ancienne maire, elle en a mémorisé toutes les histoires, les grandes comme les petites.

 

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Au registre de celles qui traversent les siècles, le colombier aux 3.000 boulins (logements des pigeons) en pierre et torchis, dans les faubourgs, qui figure dans l’Encyclopédie de Diderot, sous la plume de l’illustre savant. Sa dimension, 13 mètres de diamètre, témoigne de l’importance des propriétés du seigneur, le duc de Vitry, qui l’avait fait construire au 17e siècle, car les fientes servaient à amender ses terres.
À l’époque, raconte Nadine Depont, les pigeons élevés uniquement pour produire de l’engrais, étaient un mets laissé aux pauvres, car le volatile avait la réputation d’être malsain et on l’accompagnait de petits pois pour en masquer le goût… d’où la recette.


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Le circuit des fortifications mène le long des anciens remparts de Châteauvillain © Traces Ecrites
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Une vingtaine des 60 tours des remparts est encore debout. © Traces Ecrites


La « grande histoire » défile au gré d’une déambulation qui passe forcément par le circuit des fortifications, édifiées au 14e siècle avec pas moins de 60 tours. Une vingtaine est encore debout, certaines insérées dans un patrimoine plus récent comme la tour de l’Auditoire. La tour seigneuriale abrite aujourd’hui le syndicat d’initiative et le petit musée de la ville. On y découvre une belle maquette réalisée à partir d'un plan original datant de 1865 qui rend compte de l'espace occupé autrefois par le château dont la construction et sa transformation s’est étalée du 12e au 17e siècle.

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La tour de l’Auditoire abrite l’office de tourisme et le petit musée de Châteauvillain. © Traces Ecrites
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La maquette de l’ancien château de Châteauvillain dans le musée. © Traces Ecrites


Indissociables des murailles, des trois grandes portes d’entrées de la cité au Moyen-Age ne subsiste que la Porte Madame qui s’ouvre sur le parc aux daims : 270 hectares entièrement clos où vivent une centaine de daims au milieu d’une forêt. Les 6 kilomètres de murs qui l’entourent montrent sa dimension, suffisante pour s’y promener ou faire son jogging en toute quiétude, avec peut-être la chance d’y apercevoir les cervidés en liberté.

 


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Propriété du Conseil départemental de la Haute-Marne qui voulait, il y a 20 ans, y implanter une sorte de parc d’attraction, « Animal explora », le parc redeviendra municipal en janvier 2023. Pour y accéder, on franchit une boucle de l’Aujon, l’un des nombreux petits cours d’eau nés dans le plateau de Langres voisin. Le long de ses rives, une belle promenade conduit à la maison de Simone de Beauvoir qui passa une partie de son enfance chez l’une de ses tantes maternelles, « Germaine ». La maison aujourd’hui n’est plus dans la famille.

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Le long de l’Aujon, la maison où Simone de Beauvoir passa une partie de son enfance. © Traces Ecrites


Hormis les édifices historiques qui bénéficient tous d’une pancarte informative, la visite peut se faire nonchalamment dans un véritable labyrinthe de ruelles et de chemins de ronde.

Quelques belles surprises apparaissent au détour de l’une d’elles. Comme le lavoir à parquet flottant, joliment restauré. Construit à la Révolution, c’est le seul lavoir, nous affirme t-on, à posséder un système de parquet flottant : avec une manivelle reliée à des engrenages, chaque lavandière pouvait faire monter ou descendre le parquet pour laver son linge à la bonne hauteur.

Le soir, on peut s’attarder dans cette petite cité pleine de caractère, dans l’un de ses rares hébergements : Le Clos de Saint Jacques qui possède deux chambres et une table d’hôtes. Et savez-vous qui accueille ? Nadine Depont, décidément incontournable.

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Le Clos de Saint Jacques, chambre et table d’hôtes au centre-ville de Châteauvillain.  © Traces Ecrites

 

Simone ressuscite Le Chameau, l’ancienne usine de bottes

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Anne-Laure Lemaire, créatrice de Simone. © Traces Ecrites

À Châteauvillain, il y a un manque flagrant de restaurants, mais il existe un endroit singulier qui mérite qu’on s’y arrête (malheureusement fermé le dimanche). C’est le tiers-lieu Simone qui a choisi le terme de « cantine » pour sa table. Une cuisinière mitonne des petits plats tous les midis de la semaine à un prix imbattable, une dizaine d’€ le menu. Anne-Laure Lemaire, metteur en scène de théâtre, native de Langres, s’est arrêtée à Châteauvillain lorsqu’elle cherchait un endroit pour stocker les décors de théâtre de sa compagnie. La Communauté de Communes des Trois Forêts lui proposa les locaux de l’ancienne et vaste usine de bottes « Le Chameau » qui a arrêté son activité en 2015 avec Lafuma. L’endroit, tout en briques rouges, est symbolique car « dans la région, tout le monde ou presque travaillait aux bottes ! »

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La boutique Simone. © Traces Ecrites


Anne-Laure décida de le faire revivre en accueillant des résidences d’artistes. Toutes les disciplines y sont les bienvenues, de préférence des jeunes qui n’ont pas encore de réseau. Pour faire marcher tout cela, une dizaine de bénévoles l’entourent, multipliant activités et sources de revenus : café associatif, épicerie, marché de produits locaux, point relais du réseau librairie.com, cours d’anglais, ateliers divers et permanence numérique. « Booster les initiatives et créer du lien social sont les piliers du tiers-lieu labellisé Fabrique de Territoire en 2020 », résume Anne Lemaire.

 

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La visite de Châteauvillain peut se faire nonchalamment dans un véritable labyrinthe de ruelles et de chemins de ronde.© Traces Ecrites

 

Renseignements pratiques :

• Visite guidée dans le cadre de « Les dimanches de caractère », dimanche 3 juillet. Rendez-vous à 15h, Tour de l’auditoire - tel mairie 03 25 32 93 03.
Le reste de l’année, visites guidées avec l’association La clef des champs, 03 25 32 15 41 ou 06 88 56 67 94.
Site : www.chateauvillain.com

• Autres dates de « Les dimanches de caractère »
10 juillet, Bouxwiller (Bas-Rhin) et Saint-Mihiel (Meuse) - 24 juillet, Ervy-le-Châtel (Aube) - 7 août, Bar-sur-Aube (Aube) - 28 août, Bourmont (Haute-Marne) - 11 septembre, Cormicy (Marne) - 25 septembre, Sainte-Ménehould (Marne) - 2 octobre, Aÿ (Marne) - 9 octobre, Senones (Vosges).
L’opération a déjà eu lieu depuis mai à Rocroi (Ardennes), Mouzon (Ardennes) et Vic-sur-Seille (Moselle).

• Chambre et table d’hôtes Le Clos de Saint Jacques
45 rue Saint-Jacques, 52120 Châteauvillain - 03 25 32 21.

• Tiers-lieu Simone, 4 route de Châtillon, 52120 Châteauvillain
Réservations cantine 06 66 89 65 11.

 

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Certains habitants ont de l'humour ! © Traces Ecrites

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