La PME de Chaumont recycle les moteurs des véhicules en fin de vie pour en extraire l’aluminium qui sert à fabriquer de nouveaux moteurs, et diverses ferrailles qui retournent dans le cycle de production de la sidérurgie.


Grâce à Soremo (SOciété de REcyclage de MOteurs), la ville de Chaumont (Haute-Marne) pourrait revendiquer, s’il existait, le titre de capitale européenne du recyclage des moteurs de voitures. L’entreprise qu’elle héberge constitue en effet l’une des rares spécialistes de cette activité. « Et nous sommes sans doute la seule à réunir sur un même lieu le broyage, la flottation et l’affinage, c’est-à-dire toute la chaîne du process de transformation/valorisation de la matière », souligne le dirigeant Pierre Santini.

Le process se décompose en trois étapes de transformation broyage-flottation-affinage. La première a été modernisée l’an dernier par un investissement d’un peu plus d’1 million d’€, à partir d’une conception interne. La règle de la maîtrise des process par soi-même vaut encore plus pour la deuxième phase, celle de flottation où se niche une bonne partie du savoir-faire de Soremo : elle rend possible la séparation de métaux lourds (bronze, plomb…) propice à améliorer le taux de valorisation.
Enfin, le site abrite une fonderie qui assure l’affinage en lingots d’aluminium : environ 15.000 tonnes sortent chaque année des ateliers haut-marnais. Ils repartent vers des fonderies automobiles, principalement celle de PSA-Stellantis à Mulhouse (Haut-Rhin).


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Ce process, au cumul de ses étapes et de ses performances, fait atteindre à Soremo un taux de valorisation de 98,6 %, qui dépasse largement les exigences (95 %) de la directive européenne sur les véhicules hors d’usage (VHU). Outre l’aluminium, ce sont essentiellement les ferrailles qui seront recyclées, vers la sidérurgie.


Quel que soit le moteur du futur, il faudra toujours le recycler

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Soremo collecte les moteurs en fin de vie dans un rayon de 1.000 kilomètres autour de Chaumont pour en extraire l'aluminium revendu à l’industrie automobile qui l'utilise pour de nouveaux moteurs.


Avec sa sœur Emmanuelle aux manettes des questions administratives et financières, Pierre Santini poursuit l’aventure du recyclage entamée il y a quinze ans par leur père Georges. Récupérateur de métaux dans la région lyonnaise, celui-ci cherchait à s’engager dans d’autres métiers du recyclage.
C’est ainsi qu’en 1986, la défaillance d’une société haut-marnaise de recyclage de moteurs née quelques années plus tôt l’a mené dans les environs de Chaumont. Aujourd’hui, elle est installée dans la zone industrielle de la ville, sur 7 hectares de terrain et 18.000 m2 de bâtiments couverts. Elle y emploie 38 salariés.

« L’activité a doublé sur les dix dernières années », souligne Pierre Santini. En volume, elle atteint à présent un certain palier, de 65.000 tonnes par an de moteurs en fin de vie, pour un chiffre d’affaires qui varie avec les cours des matières, fort volatils. L’année 2020 a été favorable de ce point de vue, aboutissant à un montant de 30 millions d’€.


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Les tonnages sont collectés dans un rayon de 1.000 kilomètres en France, Belgique et Allemagne. « Nous faisons de l’épicerie : nous comptabilisons 350 fournisseurs actifs, essentiellement des centres agréés de traitement des véhicules hors d’usage. Nous nous faisons un devoir de les rencontrer un à un. Cette relation de proximité avec les « petits » faiseurs est une clé du succès », décrit Pierre Santini.

Soremo a fait le choix de se concentrer sur un type d’alliage aluminium bien spécifique, provenant de l’industrie automobile. Pertinente sur le plan technique, la stratégie la met cependant dans une situation de dépendance à une filière très rude et de surcroît à l’aube de sa révolution vers l’électrification, synonyme d’abandon progressif du moteur thermique qui procure sa ressource à la PME de Chaumont. Le dirigeant en a parfaitement conscience… et demeure serein. 

« Quel que soit le moteur du futur, il faudra toujours le recycler… et il contiendra toujours de l’aluminium. Nous observons bien sûr la mutation, nous nous y préparons, mais nous ne nous précipitons pas. Nous disposons d’un horizon de temps de 10 à 15 ans. » Situé en bout de chaîne, l'industriel a le temps d'observer les tendances lourdes et de s'y adapter.

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De gauche à droite : Cédric Grzibowski, acheteur France nord, Julien Leroy, responsable transports, Hervé Soggia, acheteur France sud, Antoine Volmert, acheteur Allemagne et Benelux, et Pierre Santini, dirigeant de Soremo.

 

Un aluminium C02 neutre

Depuis le 1er octobre, Soremo a fait sa propre révolution écologique. La PME a basculé la production de sa fonderie vers l’alliage aluminium estampillé neutre en carbone, sous la marque « NaturAl » (Al pour aluminum).
Pour cela, elle a « verdi » son électricité et son gaz. Par un contrat d’approvisionnement avec EDF, le groupe lui garantit une origine « verte » de l’énergie, à partir du renouvelable (éolien, hydraulique…).
Pour le gaz, la tâche était plus ardue. Elle repose sur un dispositif de compensation du carbone établi avec le fournisseur, le groupe Engie. Les clients commencent à prendre en compte le critère, rapporte le dirigeant, qui souligne par ailleurs que la PME a divisé par deux en dix ans sa consommation d’énergie par tonne produite.

Photos fournies par l'entreprise.

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