L’entreprise aéronautique de Côte-d'Or, labellisée au Patrimoine Vivant (EPV), fabrique toujours ce qu’elle a inventé en 1957 : des avions fait main en bois et toile, réputés maniables, fiables, durables, offrant sans doute le meilleur rapport qualité prix d’un marché mondial toujours légèrement porteur.

 

Les financements ne sont pas encore bouclés, tant s’en faut, mais Robin Aircraft, constructeur d’avions légers sait que s’il veut améliorer sa productivité, quitter ses ateliers d'origine de Darois (Côte-d’Or), en grande partie obsolètes, devient une nécessité.
Il ne fera toutefois que quelques centaines de mètres et accolera sa nouvelle unité de 3.500 m2 à un bâtiment qui en compte 2.500 m2, construit au début des années 2000 et pour l’heure non utilisé.

 

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L’investissement global n’est pas encore chiffré  [Ndlr : autour de 2,5 millions d’€ probablement], mais pourrait être opérationnel début 2022. « Nous exploitons aujourd’hui 9.500 m2 vieillissants autant qu’inadaptés pour produire dans une logique de flux et devenus inutilement coûteux à entretenir », argumente Casimir Pellissier, président de Robin Aircraft.

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A gauche la dernière version de l'avion de voyage DR401 et l'avion de voltige Robin CAP10C. © Robin aicraft

 

Le site a été construit en 1957-1958 sur six hectares, en bordure de l’aérodrome de Darois, et c’est à ce moment-là que l’aventure commence sous le nom de Centre Est Aéronautique (CEA) avec la sortie du premier avion, le DR100. Il porte les signatures de l’ingénieur Jean Délémontez et de Pierre Robin, instructeur à l’aéroclub de Côte-d’Or, décédé en août dernier à l’âge honorable de 92 ans.

Aujourd’hui, treize avions différents plus tard, le DR401, digne héritier de son ancêtre, révèle toujours la même silhouette avec une aile en dièdre (*). Le constructeur s’est bien essayé a en faire en composite et métal, mais il est bien vite revenu au bois et à la toile, à l’exception de son avion école de voltige en métal (le CAP10C).


De 1.700 à 2.000 heures de travail

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Avionique d'un Robin avec les équipements permettant les vols de nuit. © Robin Aircraft


Le bois est principalement du pin d’Oregon, indifférent aux changements climatiques et réparable à l’envi. Il faut admirer le geste des menuisiers maison façonner aile, ailerons, empennage, direction et fuselage, tel des ébénistes d’art. Le marouflage (pose des toiles) est aussi affaire de spécialiste.

Et que dire de la sellerie avec pour officiant Daniel Vukovic, rien de moins qu’un compagnon du devoir. Du rabotage des premières pièces à l’assemblage final et aux essais, il faut totaliser entre 1.700 et 2.000 heures par unité.

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Assemblage, ici à l'intérieur du cockpit. © Traces Ecrites


Robin produit 22 avions par an, emploie au total 55 salariés avec la société Centre Est Aéronautique Pierre Robin (CEAPR), dédiée aux pièces détachées, et réalise 13 millions d’€ de chiffre d’affaires.
A l’exception du moteur provenant d’Allemagne et des Etats-Unis, de l’hélice, des pneus et du plexiglas du cockpit, tout est fait maison. Pour donner un ordre de prix, la dernière version du DR401 coûte de 150.000 à 350.000 € hors taxes selon les options retenues.

 

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Une succession de sociétés
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Centre Est Aéronautique (CEA), fondée en octobre 1957 à Darois, près de Dijon (Côte-d'Or), par Pierre Robin et Jean Délémontez, fonctionne sous ce nom jusqu’en 1970, puis devient Avions Pierre Robin. Apex Aircraft le rachète en 1988 mais fait faillite vingt ans plus tard.
En 2011, Daniel Triquès relance l’entreprise, baptisée Robin Aircraft, que préside aujourd’hui Casimir Pellissier.
Le premier avion a été livré, après quatre ans d'inactivité, le 16 mars 2012.  A noter que la propriété intellectuelle des avions plans et certificats de type sont détenus par CEAPR, chargée de la vente des pièces détachées.

 

« Le coût de développement d’un nouveau modèle représente de 5 à 10 millions d’€ et croyez-moi notre bureau d’études de quatre personnes ne chôme pas », souligne le dirigeant.
La constructeur attitré des avions d’aéroclub poursuit son hégémonie. Sur un parc de 1.600 avions, Robin Aircraft en estampille la moitié. Les plus anciens volent toujours à près d’un demi-siècle de bons et loyaux services, assure le dirigeant.
« Les aéroclubs consituent la moitié de notre activité car nous vendons l’autre à l’étranger, pour partie aussi à des aéroclubs, mais surtout des particuliers, anglais, allemands, suisses ou encore néerlandais», se félicite Casimir Pellssier, défenseur acharné du made in France qui s'exporte.

(*) En aéronautique, le dièdre est l'angle formé par le plan de chaque aile et le plan horizontal. (source Wikipédia)

 

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 • En images, quelques-unes des opérations pour fabriquer un avion Robin

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Le stock de bois (principalement du pin d'Orégon, réapprovisionné trois à quatre fois par an pour produire 22 avions.

 

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Un des menuisiers débite les pièces sur une scie à format. © Traces Ecrites

 

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Empenage horizontal ou monobloc en cours de collage. © Traces Ecrites

 

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Il manque encore de nombreuses heures de travail, mais le futur avion Robin se dessine. © Traces Ecrites

 

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Opération de marouflage, très technique et qui nécessite une bonne expérience. © Traces Ecrites

 

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L'atelier de métallerie produit tous les composants en dehors de l'hélice et des moteurs. © Traces Ecrites

 

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Daniel Vokovic, compagnon du Devoir, est le sellier maison de Robin Aircraft. © Traces Ecrites

 

Qui est Casimir Pellissier ?

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Le président de Robin Aircraft tient ici une jambe de train d'atterrissage faite maison. © Traces Ecrites

Dynamique et passionné, le dirigeant de Robin Aircraft (37 ans) sait ce qu’il veut et fait ce qu’il doit avec pour finalité une certaine forme d’hédonisme dans le travail.
Diplômé de l’école de commerce de Bordeaux (BEM), il passe en suite sept années chez EY (Ernst & Young et Associés), l'un des plus importants cabinets d'audit financier, puis devient directeur financier d’une agence digitale à Paris.
2016 est l’année de son entrée chez Robin Aircraft grâce à Daniel Triquès qui le forme, l’accompagne et lui permet de devenir deux plus tard le président d’un des avionneurs les plus connus au monde, à l’instar de Cessna, de Diamond ou encore de Cirrus, tous aujourd’hui propriété d’actionnaires chinois.


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1 commentaire(s) pour cet article
  1. Casimir Pellissierdit :

    Magnifique travail, merci beaucoup pour ce très bel article. Un véritable plaisir de collaborer avec vous !

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