AUTOMOBILE. Une conférence de presse à PSA Mulhouse, l’événement était devenu très rare ces dernières années.

Mais le nouveau directeur arrivé il y a six semaines, Luciano Biondo,  avait des choses à dire vendredi dernier.

Des choses explicites, d’autres plus sous-entendues, mais un même fil rouge : le site de Mulhouse devra faire ses preuves dans la compétition interne entre usines du  constructeur automobile.

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Luciano Biondo n’est pas un adepte de la méthode Coué. Le parcours de ce Nordiste ne l’y incite guère. La «communication positive» pour enjoliver excessivement les choses, ce n’est pas son truc. Alors il le dit : Mulhouse peut faire mieux.

Il tourne quand même sa langue quelques fois dans sa bouche avant de déclarer officiellement que «nous avons une marge de progression certaine au niveau de la performance du site».

«Mulhouse était la référence du groupe il y a quelques années», ajoute-t-il. L’imparfait a toute son importance…

On comprend bien que c’est au prix de cette hausse d’efficacité - le mot compétitivité lui paraît à double tranchant - que Mulhouse pourra se voir confier en 2017 un nouveau  véhicule «à grande diffusion», générateur de gros volumes de production. Le site de la 205 ou de la 206 en a l’habitude, mais rien n’est acquis.

L’horizon 2017 annoncé correspond à la fin de vie attendue de la C4, le plus ancien des quatre modèles mulhousiens avant la DS 4, la Peugeot 208 qui monte en cadence en cette fin d’année et la 2008 lancée l’an prochain.

2007 marque aussi la fin espérée de la crise automobile. «De ce tunnel, nous devons sortir plus forts. Je vois les trois années qui viennent comme une superbe opportunité pour améliorer la performance», expose Luciano Biondo.

Avant de prendre officiellement ses fonctions le 1er septembre, le futur directeur a passé trois semaines en juillet à observer, sans rien dire.

Il en a tiré la conviction que l’organisation du travail demandait à être revue, pour éviter que les à-coups d’origine interne viennent s’ajouter au yo-yo des ventes automobiles et que les «coûts indirects dérivent».

Face à la crise, les sites PSA se sont tous interrogé sur les variables à actionner : arrêt complet ou partiel d’équipes, chômage partiel, diminution de cadence. Pour le nouveau patron de Mulhouse,  la ligne d’horizon, le point intangible, c’est la cadence horaire.

Elle devra monter à 50 véhicules (contre 42 à 45 aujourd’hui) et ne pas en déroger, ce qui n’est pas synonyme de surcharge de travail, insiste-t-il.

«Un paquebot ne peut pas changer de direction de manière incessante. Varier la cadence horaire crée une variabilité de la supply chain qui perturbe toute la chaîne des transporteurs et des fournisseurs», justifie-t-il.

Les demi-équipes ne rencontrent pas ses suffrages. En cas fort probable de contraction persistante des ventes, sans doute faut-il s’attendre à un ajustement à la baisse par le chômage technique. Trnava (1), dont il vient, l’a pratiqué abondamment.

L’intérim, lui, approche de son niveau d’étiage. Avec la suppression fin novembre de la dernière demi-équipe de nuit, les salariés temporaires seront moins de 400. Et les derniers espoirs de voir leur effectif remonter avec le lancement de la 208 et la 2008 semblent s’envoler.

«Mon objectif de 2013 à 2015 consiste à maintenir les deux équipes de jour sur chacune des deux lignes de montage». «Et de préserver les CDI», au nombre de  8 000 aujourd’hui.

Le «mandat» de son prédécesseur Jean Mouro avait été marqué par la hausse du nombre de modèles fabriqués à Mulhouse, pour arriver à 4, un privilège partagé avec Sochaux et présenté comme un facteur d’équilibre du site.

Luciano Biondo n’a pas complètement la même lecture. «Plus de modèles n’induit pas plus de performance. Ma priorité, c’est de faire une bonne usine».

Une usine qui puisse quand même tourner au plus près de ses capacités. L’organisation en deux fois deux équipes qui va prévaloir dans quelques semaines permet de fabriquer 290 000 véhicules annuels.

Ce chiffre avait été réalisé en 2010, puis dépassé l’an dernier (320 000) mais il sera hors d’atteinte cette année avec une projection à seulement 230 000 véhicules, le plus faible score de Mulhouse depuis 1985…

Le nouveau directeur compte revenir à un rythme annuel de 290 000 unités pour la période de mi-2013 à mi-2014.

(1) Trnava en Slovaquie est la dernière née des usines PSA Peugeot-Citroën.

Photos : Christian Robischon et PSA Mulhouse.

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