MANAGEMENT/BOURGOGNE. Le spécialiste pour l’automobile des moules prototypes et des pièces injectées a été reprise par deux fois en 18 ans.
Pierre Bédry, à la tête de Protoform depuis juillet 2013, explique non seulement son métier et sa stratégie de développement, mais surtout, livre sa méthode de management pour insuffler une nouvelle dynamique auprès de la vingtaine de salariés qu’il emploie.

Il n’est jamais simple de reprendre une entreprise. Combien de protagonistes peuvent en témoigner. Car au-delà de désagréables surprises économiques qui peuvent se faire jour au fil du temps, tout un travail managérial est à conduire auprès du personnel pour instaurer un climat de confiance, changer les habitudes, faire adhérer à une nouvelle stratégie et modifier par touches successives la culture d’entreprise, voire en construire une.
Pierre Bédry, repreneur de la société Protoform, implantée à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) et spécialisée dans les moules protoptypes - une centaine par an - et l’injection de pièces proto bonne matière, s’y emploie depuis maintenant deux années.
Sa méthode repose déjà sur le respect, une compétence reconnue et une autorité toute naturelle. « Il faut savoir être fin psychologue pour se faire accepter ce qui implique de ne jamais culpabiliser vos interlocuteurs. Un nouveau patron suscite toujours des interrogations et parfois des craintes par peur de l’inconnu », raconte le dirigeant.
Cette démarche toute en douceur, utilise aussi les techniques du lean manufacturing. Mais, un lean revu et corrigé par ses soins, car adapté aux PME. Il a d’ailleurs écrit un livre sur le sujet (lire son portrait ci-dessous).

« J’utilise un outil, baptisé IDE, pour illustration de l’expérience, que j’ai créé et qui consiste à faire remonter tous les problèmes dès qu’ils surgissent. Les salariés d’une entreprise doivent être en dialogue permanent quelle que soit leur tâche pour éviter ce que j’ai vu trop souvent : le rejet de la faute sur l’autre : le commercial, le bureau d’études, la production… », argumente Pierre Bédry.
A cette recette s’ajoutent un plan de formation externe d’un millier d’heures et d’autres ingrédients bien plus personnels qu’il ne souhaite pas expliquer.
Qualité et délais courts
En 24 mois, les premiers résultats portent leurs fruits : « le taux d’absentéisme a été divisé par trois », assure le dirigeant, et sur les six premiers mois de 2015, l’entreprise engrange 30% de nouveaux clients. Ce qui n’est pas une moindre prouesse avec l’essentiel des 3,8 millions d’€ de chiffre d’affaires attendu sur l’exercice, dépendant du secteur automobile. « Nous convainquons avec une qualité la plus irréprochable possible et des délais très courts », assure Pierre Bédry qui regarde aussi à l'étranger (*).
La technologie du moule prototype en aluminium est née voilà une quinzaine d’années parallèlement à la mise au point des fraiseuses à commande numérique grande vitesse pour les réaliser. Elle permet aux techniciens de l’automobile de valider les futures pièces d’aspect et celles sous moteur qui seront ensuite produites en série. « Nous devons de plus en plus nous approcher du résultat final et le montrer, d’où notre autre atelier dédié à l’injection », indique le président de Protoform.

De là à se lancer dans la présérie ou la petite série, il n’y a qu’un pas que le dirigeant compte franchir à terme. En attendant, il modernise ses équipements et vient en ce sens de faire rentrer une nouvelle fraiseuse pour un coût de 350 000 €. Grâce à une seconde levée de fonds supérieure à un million d’€, effectuée avec l’appui de Bpifrance, le repreneur de Protoforme contrôle depuis peu la totalité du capital. « Ma marge d’erreur financière est donc très faible, mais n’est-ce pas inhérent à toute reprise d’entreprise », confesse-t-il.
(*) Le Conseil régional de Bourgogne lui a accordé une subvention de 12 600 € pour explorer plus avant le marché allemand.

Qui est Pierre Bédry ?
Cet homme de 44 ans n’a pas débarqué dans l’industrie par hasard. Biterrois de naissance, il décroche le diplôme d’ingénieurs de l’École Centrale de Lyon. Son parcours professionnel lui fait ensuite occuper différents postes : acheteur, responsable marketing…
Dans les années 2000, il monte sa première entreprise après avoir conçu une assiette à huîtres en plastique, mais ne trouve pas son marché. Il entre alors dans le conseil durant cinq ans au sein d’un cabinet parisien, puis fonde le sien, baptisé Business 21, à Écuisses (Saône-et-Loire), près de la gare TGV de Montchanin.
Sa connaissance du conseil en performance industrielle l’incite à écrire un ouvrage publié aux Éditions Eyrolles : « Les basiques du lean manufacturing dans les PMI et ateliers technologiques ». Parmi ses quelques loisirs, Pierre Bédry pratique le judo - il est ceinture noire - et lit beaucoup. Guère de romans, mais des méthodes de management évidemment !
Crédit photos : Traces Écrites
Bravo à ce Monsieur qui devient un expert dès qu'il entreprend quelque-chose !
Mouai... sauf que En 5 ans, la société a connu 2 x plus de démission que de puis sa création.... En 5 ans, les primes ont été réduites à 0, mais bien sur il faut toujours travaillé plus ! Une entreprise fonctionne car les personnes qui y travaillent font sa réussite, sans reconnaissance, l'entreprise meurt a petit feu...
Ohlalala son fils cadet doit être une légende vivante !
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