L'A.J. Auxerre n'est plus la machine à fabriquer des talents comme par le passé.
L'A.J. Auxerre n'est plus la machine à fabriquer des talents comme par le passé.

FOOTBALL. En s’écartant depuis trois ans de son modèle économique : une « machine à fabriquer » des talents footballistiques, puis à les revendre (1), le club de football bourguignon, aujourd’hui en ligue 2, a lourdement plombé ses comptes.

Pour compenser ce manque de sang neuf, l'A.J. Auxerre a recruté à tour de bras et continue de payer des joueurs à prix d’or, dont certains ne jouent même pas.

Ces erreurs de gestion menacent maintenant l’une des plus talentueuses équipes du football français d’une rétrogradation administrative en championnat amateur National.

À moins de trouver une douzaine de millions d’€ avant la fin mai et de donner des gages de bonne santé financière à la Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG) pour les deux ans à venir.

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Le club de football de l’A.J. Auxerre (environ 20 millions de budget) se retrouve au pied du mur avec un déficit de 16,4 millions d’€ au terme de la saison 2011-2012 et un léger "trou" de moins d’un million d’€ pour celle en cours.

S’il veut rester en Ligue 2 la saison prochaine, il doit impérativement trouver, avant la fin du mois de mai, une douzaine de millions d’€ et donner à la Direction Nationale de Contrôle de Gestion (DNCG), le gendarme financier du football professionnel, des gages de bonne santé financière sur deux ans.

Une mission à très haut risque pour Gérard Bourgoin, le président du club, dont la gestion est critiquée. Reste à savoir comment l'ancien "Roi du Poulet" (2) pourra injecter de l’argent frais : émission d'obligations convertibles, entrée de nouveaux investisseurs par une augmentation de capital...

Du côté des collectivités locales, la ville d’Auxerre ne souhaite pas s’engager. Par la voix de Jacques Hojlo, son adjoint au sport, elle-même annonce que l’A.J. Auxerre est déjà rétrogradée en National.

« Ce n’est pas forcément la parole officielle de la municipalité », indique Guy Férez, le maire d’Auxerre.

L'élu siffle toutefois la fin du match. «Nous n’interviendrons pas politiquement, car  je n’ai pas de majorité ; de même que  financièrement, car Auxerre a d’autres priorités, et enfin juridiquement, car il faut rester dans une parfaite légalité », argumente Guy Ferez, maire d’Auxerre.

Visionner sur le sujet la vidéo de notre confrère Auxerre TV et la réponse de Gérard Bourgoin.

Le conseil général de l’Yonne serait prêt à mettre la main au portefeuille en contrepartie de garanties foncières. Une solution qui pourrait rejoindre en partie le point de vue du conseil régional de Bourgogne.

« Je fais étudier la solution de cautionner un emprunt bancaire avec pour garantie les biens fonciers du club », explique François Patriat, le président de région.

Le nouveau centre de formation de l'A.J. Auxerre a coûté 10 millions d'€, dont 7,2 millions à la charge des collectivités locales.
Le nouveau centre de formation de l'A.J. Auxerre a coûté 10 millions d'€, dont 7,2 millions à la charge des collectivités locales.

Une pouponnière de talents

Précisons à ce propos que l’Association AJA contrôle à près de 100% la Société Anonyme à Objet Sportif (SAOS) qui dirige le club professionnel. Ce dernier est presque intégralement propriétaire du stade de l'Abbé-Deschamps à Auxerre.

La douzaine d’hectares de terrains appartient en revanche à une autre association satellite, baptisée La Familiale. Lorsque l’AJA évoluait en Ligue 1, ce patrimoine était estimé à 32 millions d’€.

« Tout ceci est bien compliqué, il suffirait que la ville et le département rachètent les installations du club et relouent ensuite pour apurer la situation financière » souligne une source proche de l’A.J. Auxerre qui ne croit pas en outre à la solution de la poignée d'investisseurs privés emmenés par un trio composé de Frédéric Carre, d'Alain Géhin et de Joël Loubert.

Oui, mais que vaudront demain ces biens immobiliers si l’équipe de foot évolue dans le championnat amateur de National ?

On n’ose même pas imaginer, dans ce cas de figure, ce qu’il adviendrait du centre de formation à peine construit pour 10 millions d’€, dont 7,2 millions en provenance à parts égales de la ville d’Auxerre, du département de l’Yonne et de la région Bourgogne.

«Il faut sauver le soldat AJA, sinon on va payer pour une réalisation qui ne vaudra plus rien et, cette équipe fait partie des plus belles réussites de la Bourgogne », clame François Patriat.

En quête d'autres sources de revenus

Une autre source de revenus, en cours d’étude, consisterait à former des formateurs dans ce centre, venant notamment des pays du Golf. Guy Roux, l’ancien entraîneur de génie, toujours plus au moins aux commandes dans l’ombre, a d’ailleurs effectué une mission de repérage en ce sens.

Quel gâchis tout de même et comment en est-on arrivé là ?  Sans vouloir donner des leçons de bonne gestion, tous les fins connaisseurs du ballon rond ainsi que beaucoup d’amoureux de l’AJA le regrettent.

L’ancien petit poucet de la Ligue 1, au budget modeste et à l’administration en bon père de famille, s’est depuis trois ans littéralement "planté". Car l’A.J. Auxerre a voulu change son ADN.

Le club bourguignon fonctionnait sur un modèle simple. Les années où il n’était pas engagé en coupe d’Europe - qui lui procurait de bénéfiques rentrées, jusqu’à 22 millions -, il revendait à prix d’or ses joueurs formés au centre.

Depuis trois ans, ce n’est hélas plus le cas. Face à une concurrence d’autres centres de formation des clubs professionnels, l’A.J. Auxerre ne repère plus les futurs talents  et s’est mise à recruter à tour de bras.

« Jusqu’à 42 joueurs, dont certains pointent à des salaires mirifiques sans avoir touché un ballon en match officiel », tempête un fin connaisseur du club.

Bilan des courses : une situation désespérée qui désoblige tous les amoureux du ballon rond.

A moins, qu'en dernier recours, Guy Roux, Jean-Claude Hamel, l'ancien président et Gérard Bourgoin, le trio qui a fait de ce club une petite légende du sport, le rachètent.

Hypothèse peu vraisemblable, mais le fait qu'ils se mouillent rassurerait  les collectivités locales, les banques, les investisseurs privés et les supporters.

Le club bourguignon de Ligue 2 figure actuellement à la 8ième place de son championnat.
Le club bourguignon de Ligue 2 figure actuellement à la 8ième place de son championnat.

(1)  À hauteur de 7 millions d'€ par an en fourchette basse pour équilibrer ses comptes.

(2) L'ancien patron de Duc et du groupe volailler qui portait son nom.

Un palmarès élogieux :

Champion de France 1996.

Quatre Coupes de France (1994, 1996, 2003, 2005).

130 matchs de Coupes d’Europe et 3 participations à la Ligue des Champions.

  Pour en savoir plus sur l'AJA regarder : http://www.auxerretv.com/

Crédit photos : site officiel de A.J. Auxerre et MC2 Architectes.

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