Brice Kaszuk, le fondateur il y a trente ans de Westrand International, transmet à un duo de quadragénaires, Paul Marie et Mathieu Ayme, le gouvernail d’un navire qui continue à voguer avec succès dans des eaux fort particulières : la neutralisation des odeurs pestilentielles…
L’heure de la transmission de flambeau a sonné pour Brice Kaszuk. Le fondateur il y a trente ans de Westrand International se retirera en septembre prochain de la PME de désodorisation industrielle d’Altkirch (Haut-Rhin), au bout des deux ans d’accompagnement qu’il avait fixés avec ses successeurs.
C’est en effet un duo qui est devenu l’instance dirigeante de Westrand, selon un profil identique. Tout juste quadragénaires, Paul Marie et Mathieu Ayme ont rejoint l’entreprise il y a une dizaine d’années comme ingénieurs commerciaux en charge d’une partie de la France : le Grand Ouest et la région parisienne pour le premier qui reste basé en Normandie ; le Sud-Est pour le second à l’accent chantant qu’il vient désormais faire résonner au siège alsacien.
Paul Marie et Mathieu Ayme prennent le gouvernail d’un navire qui continue à voguer avec succès dans les eaux fort particulières qu’il a lui-même façonnées en bonne partie : la neutralisation des odeurs... pestilentielles, dégagées par des ports de pêche aussi charmants que les décharges, les stations d’épuration ou les usines pétrochimiques. Westrand International a mis au point des réactifs particulièrement efficaces et de surcroît au parfum fort agréable, que ses équipes pulvérisent, en France et aux quatre coins du monde.
L’export représente en effet 40 % d’un chiffre d’affaires de 5,7 millions d’€ l’an dernier, réparti entre une quarantaine de pays. « Le maintien à haut niveau de cette activité internationale constitue une performance car les crises sanitaire et économique ont fait de la casse depuis bientôt deux ans : la Turquie et l’Algérie, deux marchés-clés pour nous, se sont largement effondrés », témoigne Brice Kaszuk. Dès lors, « les développements se sont réalisés sur nos places fortes historiques en Europe centrale (Pologne, Roumanie…), en Russie ou en Espagne, avec de bonnes percées aussi en Italie, ou au Canada », poursuit Mathieu Ayme.
De la dépollution du site Lubrizol à la lagune d’Abidjan

Dans la besace de Westrand, on trouve toujours des dossiers spectaculaires loin du Sundgau. Ce fut le cas, au printemps 2021, de la dépollution de la lagune Cocody en Côte d’Ivoire, située dans une zone « sensible », entre le littoral et les quartiers résidentiels et de pouvoir de la ville principale Abidjan.
En ce début 2022, une opération très marquante vient de démarrer : la participation à la réhabilitation de la station d’épuration de Doha au Qatar, qui se trouve située juste à côté du stade principal de la prochaine coupe du monde de football. Elle représente 2,5 kilomètres cumulés de rampes de pulvérisation pour Westrand, qui intervient ici pour le compte de Suez.
« Toute la préparation s’est réalisée en période de Covid, donc à distance. Ce contexte complètement inédit nous a amenés à renouveler notre façon d’opérer, nous qui avions l’habitude de tout régler sur site », témoigne Brice Kaszuk. Les équipes de la PME montent en général elles-mêmes les installations y compris à l’étranger, alors que le développement commercial, dans certains pays, s’appuie sur des distributeurs locaux.
En France, le dossier « chaud » le plus récent a été Lubrizol. Westrand s’est chargée de la neutralisation des odeurs dégagées par l’incendie de l’usine pétrochimique de la banlieue de Rouen en septembre 2019, puis a participé, toujours dans sa même spécialité, aux opérations de démantèlement du site. Elle poursuit à présent sa collaboration plus « classique » avec ce client qui figurait déjà dans son portefeuille.
En répartition d’activité, la PME de 26 salariés maintient l’équilibre qui lui va bien : 20 % auprès de l’industrie (chimie-pétrochimie, alimentaire et agroalimentaire, métallurgie…), et le reste réparti à parité entre l’univers des déchets et celui de la gestion des eaux usées, souvent en association avec les groupes de référence (Suez, Veolia…). Le chiffre d’affaires réalisé en 2021 est comparable à celui de 2020 et supérieur à celui de 2019, l’exercice d’avant-Covid. « On a pu compter sur une mobilisation exceptionnelle de nos équipes pendant la crise sanitaire », salue Brice Kaszuk.
Le modèle que le dirigeant laisse est également celui du sur-mesure, et de l’adaptation réactive à l’attente des donneurs d’ordre si caractéristique des PME. Ceux-ci le rendent bien. « Pour 95 % de qu’on fait, ce sont les clients qui viennent vers nous spontanément. »

Âgé de 41 ans, le nouveau dirigeant de Westrand International avec Paul Marie a démarré son parcours professionnel dans le groupe Véolia, sans bac, au bas de l’échelle : « Les pompages de fosses septiques, l’inspection de canalisations, je connais ». Puis, il a repris le chemin de la formation, en suivant la voie de la validation des acquis de l’expérience (VAE) pour passer avec succès une licence de vente de solutions durables au sein du campus Véolia.
Mathieu Ayme est devenu responsable de projets pour le groupe dans les Alpes-Maritimes, au cœur de la région PACA dont il est originaire. Passé dans une entreprise de services à l’industrie et à l’environnement, il a alors rencontré Westrand à l’occasion de chantiers et Brice Kaszuk lui a proposé de venir travailler avec lui, depuis Marseille. Ce fut le début, il y a dix ans, d’une aventure professionnelle commune qu’il prolonge désormais à Altkirch.