Pinette usine pas moins 50% de ses pièces pour sauvegarder son savoir-faire.
Pinette usine pas moins 50% de ses pièces pour sauvegarder son savoir-faire.

MÉCANIQUE. Pinette ou PEI, pour anciennement Pinette Emidecau Industries, fête le 20 septembre prochain ses 150 ans d’existence.

L’occasion rêvée de s'attarder chez ce fabricant chalonnais de machines spéciales pour l’énergie, l’aéronautique, le spatial, les transports et demain, aussi le médical.

Rachetée en mai 2011 par Jérôme Hubert par le biais d’un LBO (acquisition avec effet de levier), l’entreprise rayonne aujourd’hui dans le monde entier grâce à deux cartes maîtresses : l’innovation et le collaboratif.

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Jour de réjouissance chez Pinette Emidecau Industries. Le 20 septembre 2013, l’entreprise de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) fête ses 150 d’existence (*) en présence de très nombreux invités et poursuit le lendemain avec une opération portes ouvertes.

Une longévité à saluer d’autant que ce fabricant de machines spéciales affiche en période de crise un carnet de commandes à 10 mois et s’ouvre à marche forcée de nouveaux marchés, notamment dans le secteur médical des implants.

C’est que Pinette  ou PEI (24 millions d’€ de chiffre d’affaires attendu en 2013, plus de 75% à l’exportation), comme il convient de l’appeler dorénavant - son nom complet étant difficilement prononçable par les Anglo-Saxons - a su s’adapter à une économie mouvante.

« Notre terrain de jeu est le monde entier et notre moteur l’innovation », affirme Jérôme Hubert qui a repris l’entreprise en mars 2011 par le biais d’un LBO (acquisition avec effet de levier) sur sept ans.

La maquette exposée dans le hall d’entrée illustre son propos. Elle représente une ligne complète de formage par compression de pièces en composite (carbone), conçue pour l’équipementier aéronautique Daher-Socata. Pinette est d'ailleurs le leader mondial pour ce type d'équipement.

Une autre grosse machine voit aussi le jour. Entièrement automatisée, co-développée avec le centre technique allemand de l’aéronautique DLR et l’appui de deux partenaires français : Isojet et Compose Tooling, elle peut produire jusqu’à 100 000 pièces par an.

« Nous réalisons et livrons des équipements pour l’énergie (pétrole, nucléaire, éolien), l’aéronautique et le spatial, mais également les transports dans des créneaux de niche, d’où l’obligation d’être très pointu, surtout pour des clients comme Areva, Vallourec, Sumitomo, Airbus, Boeing… », explique le dirigeant.

Une des dernières créations de Pinette. Une machine spéciale à haute cadence pour l'aéronautique.
Une des dernières créations de Pinette. Une machine spéciale à haute cadence pour l'aéronautique.

La moitié d’ingénieurs et de techniciens

L’orientation des constructeurs d’avions, d’hélicoptères ou d’automobiles (**) vers un gain constant de poids oblige  l’industriel à imaginer des machines spéciales pour matériaux composites avec contrôle intégré.

Une technologie et des process que le fabricant maîtrise grâce à ses 60 ingénieurs et techniciens, dont 3 affectés à la R&D et 35 au bureau d’études, réunis autour de six chefs de projet.

Pinette fabrique également sous la marque Jean Perrot des cisailles et des plieuses pour le travail des métaux en feuilles et des profilés (10% de l’activité).

Présente sur trois sites avec une unité d’assemblage de 1000 m2 à Hambourg (Allemagne) et un bureau commercial dans Ohio (USA), l’entreprise emploie au total 120 personnes et usine la moitié de ses pièces.

« Si nous préservons ainsi notre savoir-faire, nous privilégions aussi le collaboratif en participant à de nombreux pôles de compétitivité et clusters, parmi lesquelles Plastipolis et le Pôle de l’Industrie Nucléaire, et nous sommes également membre de la filière composites automobile française », argumente Jérôme Hubert.

Côté investissement, la R&D pèse 15% du chiffre d’affaires et pas moins de 3 millions d’€ ont été investis ces deux dernières années dans l’outil industriel.

Une simple étape, car 10 000 m2 de terrains de l’ancienne zone Kodak viennent d’être achetés. Ils serviront d’ici à 5 ans à construire un centre technique d’essais et une halle de montage complémentaire. Coût estimé de l’opération : 4,5 millions d’€.

Qui peut contester que ce n'est pas dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes !

Jérôme Hubert, président de Pinette.
Jérôme Hubert, président de Pinette.

L’entretien

Qui êtes-vous Jérôme Hubert ?

Un homme de 52 ans, ingénieur des Mines qui a occupé différents postes en France et à l’étranger dans l’industrie automobile avant de racheter Pinette.

Pourquoi cette acquisition ?

Tout simplement pour voler de mes propres ailes. La graine était là depuis longtemps, mais j’ai eu le déclic en 2009 et je suis parti à la recherche de l'oiseau rare.

Comment s’est passée cette opération ?

Je connaissais l’entreprise pour avoir utilisé ses machines et je me suis bien entendu avec le vendeur. Si c’était à refaire, je n’hésiterais pas.

Quel style de management impulsez-vous ?

Il se compose d’un savant dosage entre le participatif et le délégatif. Je passe une partie de mon temps à voyager autour de la planète pour vendre l’entreprise et visiter les clients. La boîte doit pouvoir tourner sans moi, du moins d’un point de vue opérationnel.

Quels conseils donneriez-vous à un candidat entrepreneur ?

De partir dans cette aventure avec des fonds propres, de bien identifier sa valeur ajoutée par rapport à un marché et de la confronter sur le terrain avant de se lancer, c’est-à-dire de ne pas rester que technique. De savoir aussi travailler avec d’autres.

Et à un jeune chef d’entreprise ?

D’être ouvert d’esprit, d’aller sur les salons, dans des conférences qui intéressent son métier, d’échanger et de partager son expérience avec d’autres. Et d’avoir pour ligne de conduite : l’innovation, l’international et des projets collaboratifs.

L’industrie française a t-elle de l’avenir ?

Elle en a à condition que l’aide à l’innovation soit une priorité de tous les instants et, il convient que nous soyons très vigilants sur ce point. Jusqu’à présent si l’État prend beaucoup, il sait aussi redistribuer en ce sens, mais faisons très attention tout de même.

Les ateliers de Pinette au début du siècle dernier.
Les ateliers de Pinette au début du siècle dernier.

(*) Le 22 septembre 1863, Gustave Pinette reprend un atelier de mécanique après avoir achevé son tour de France. Il se lance alors dans la fabrication de machines pour les mines et les tuileries.

(**) 50% des fuselages d’avions sont aujourd’hui en matériaux composites et demain ce sera au tour des turbines. Quant à l’automobile, les recherches lancées sur la voiture consommant deux litres au 100, ainsi que la norme de 85 grammes de Co2 à l’horizon 2020 invitent à un allègement permanent des véhicules.

Crédit photos : Traces Écrites

6 commentaire(s) pour cet article
  1. moniquedit :

    Quelqu'un de mes connaissances qui travaille à PEI m'a rapporté la même chose pour le chômage technique qui serait d'actualité.

  2. Christiane Perruchotdit :

    La direction dément tout projet de chômage technique dans l'entreprise. La rédaction de Traces Ecrites News.

  3. PEI boydit :

    Et comment ce fait-il qu'on nous annonce 2 semaines sur 4 de chômage technique jusqu'à la fin de l'année ? Un employé BE de PEI.

  4. Weber Danieldit :

    Bonjour, Ayant eu l'occasion il y a plusieurs années de travailler avec votre Ste, je suis heureux de voir qu'il reste encore en France des entrepreneurs qui assument leur désir de faire progresser cette grande Nation. BRAVO !!! Weber Consultant®

  5. Gugudit :

    Bonjour, Bravo ! On peut juste espérer que de gros investisseurs ou des industriels à l'esprit "rentabiliste" ne viendront pas polluer cette entreprise.

  6. Pascal DENISdit :

    Bravo à Mr HUBERT et à toute son équipe ! Une preuve que même en France où on ne cesse de se dire que la morosité est générale, avec de l'intelligence, de l'audace, une Equipe , et BEAUCOUP DE TRAVAIL..., l'Industrie peut gagner! Merci à TRACES ECRITES de nous le faire savoir !... cela fait du bien le matin !! Bonne journée !

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