ARTISANAT/BOURGOGNE. En plus d’être une œuvre d’art, la table monumentale que Pascal Roblot, menuisier en Côte-d'Or, présentera au salon international du patrimoine culturel au Carrousel du Louvre à Paris, du 5 au 8 novembre, est le résultat d’un travail collaboratif.

Plusieurs artisans bourguignons ont apporté leur savoir-faire pour créer cette pièce unique qui cherche preneur.

Cette première vente serait le point de départ d’une nouvelle activité dont les collectionneurs et amateurs de beaux objets représenteraient le débouché.

 

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©Marie Deley, designer.

 

Lui qui a fabriqué des tables et autres meubles en milliers d’exemplaires lorsqu’il dirigeait la menuiserie Jean Roblot-Noël à Beire-le-Châtel, près de Dijon (Côte-d'Or), se délecte de la création qu’il présentera au salon international du patrimoine culturel au Carrousel du Louvre du 5 au 8 novembre prochain, sur le stand des artisans de Bourgogne, organisé par la chambre régionale de métiers (*).

 

Une table dont le plateau en bois massif aux dimensions monumentales - 4,10 mètres de longueur, 1,10 mètre de largeur et 8 centimètres d’épaisseur - a été taillé dans le tronc d’un chêne plus que centenaire.

 

Son piètement original participe à la signature du meuble. Décentré, il est formé d’un bloc de pierre de Bourgogne de 370 kg, poli à la main et accroché au plateau par une structure d’acier gainée de cuir cousu. Il sert de contrepoids au plateau qui, visuellement, semble en équilibre.

 

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Pascal Roblot a présenté sa table à la presse en fin de semaine dernière, avant qu'elle ne parte à Paris. ©Traces Ecrites.

 

Le tout ne se déménage pas facilement au 3ème étage sans ascenseur : plus de 600 kg ...  même portée par la vingtaine de convives qu’elle peut accueillir…

 

Mais surtout, insiste Pascal Roblot, « ce meuble a une âme ». Il raconte une histoire originale et unique, celle d’un arbre, pas choisi au hasard, mais dans une forêt chargée d’histoire, celle de l’abbaye cistercienne de Cîteaux (Côte-d'Or) et un lieu-dit précis, Cîteaux aux Echardons.

 

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Cette histoire est la signature de l'objet et lui confère son caractère unique. Elle est racontée dans un livre relié, placé dans un coffret-lutrin et logé à l’intérieur du plateau. Et elle se prolonge dans la vie de l’objet car « la table est un endroit où il se passe beaucoup de choses ».

 

Son prix ? Pascal Roblot ne le révèle pas. Son marché est celui des collectionneurs et amateurs de beaux objets. « Des milliardaires s’arrachent des pans entiers du patrimoine français », retient t-il de ses rencontres avec des clients étrangers rencontrés dans sa carrière d’entrepreneur.

 

Travail collaboratif

 

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La matière grise et les artisans qui ont donné naisssance à la table. ©Traces Ecrites.

 

La singularité de l’initiative tient aussi au travail collaboratif d’une douzaine de personnes qui ont chacune apporté leur pierre à l’édifice. Et sans lesquels, tient à préciser Pascal Roblot, l’objet ne serait jamais né.

 

Les contributions intellectuelles d’abord. C’est à Marie Deley, jeune designer diplômée de l’école supérieure d’arts appliqués de Bourgogne que revient l’idée de faire un pied en porte-à-faux plutôt que quatre pieds.

 

Dirigeant de Du Parc Développement et Experts et Associés à Dijon, Olivier Duparc a aidé l’entrepreneur à valider la faisabilité du projet. Françoise Naudet, fondatrice de Savoir-French a apporté ses connaissances en marketing pendant que Marie Viansson Ponté a réalisé l’identité visuelle de la marque « Robelot », dont cette table doit être la première, espère l’entrepreneur, d’une grande famille.

 

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Le livre qui raconte l’histoire de la table a été rédigé par Jean-François Bazin, ancien président du conseil régional de Bourgogne et dont le premier métier fut journaliste. Une autre journaliste, Violaine Dusch a apporté sa pierre dans la conception de l’ouvrage aux côtés du relieur et illustrateur Patrice Thibault.

 

Côté artisans, Régis Penneçot, patron de Les Ateliers du Bois, a façonné  le plateau de la table dans sa menuiserie de Varanges (Côte-d'Or). Chaudronnier à Arceau, également en Côte-d'Or, Jean-Pierre Joyandet, a réalisé le piétement en acier et Bruno Ricci, tailleur de pierre à Savigny-lès-Beaune, la pierre calcaire, en provenance du Châtillonnais. Emmanuelle Bernard exerce, quant à elle, un métier rare, bourrelière. Elle est à Quemigny-Poisot (Côte-d'Or) et réalisé tout le travail de cuir du piétement.

 

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Zoom sur le pied de la table. ©Marie Deley, designer.

La recette de cette première vente que Pascal Roblot espère conclure au salon du patrimoine à Paris servira, non seulement à l’artisan d’avoir un retour sur investissement, mais aussi de lui donner l’impulsion pour une nouvelle carrière, à bientôt 60 ans.

 

Il a déjà sélectionné quelques autres arbres pas ordinaires : un poirier « qui a sûrement vu le débarquement de 1944 », assure t-il et le tilleul du square des Ducs, derrière le musée des Beaux-Arts à Dijon, récemment victime de la foudre.

 

(*) L’espace Bourgogne, organisé par la chambre de métiers et de l’artisanat de région Bourgogne avec l'appui du conseil régional, accueillera 13 artisans aux activités diverses : menuiserie, tuilerie, ébénisterie, restauration de tableaux, métallerie, fabrication de carreaux en terre cuite, taille de pierre, sculpture, joaillerie, lutherie, etc… Les Ateliers du Bois qui ont façonné le plateau en chêne de la table Robelot y participent.

 

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