MÉTALLURGIE. S'il n'en reste qu'un, il devrait être celui-là !
À 49 ans, Pascal Oudot préserve dans son atelier de Bolandoz (Doubs) un métier en perdition : chaudronnier.
L'absence de vocation chez les jeunes et la raréfaction des formations spécialisées l'oblige à des trésors d'ingéniosité pour continuer de développer son petit groupe d'entreprises.
Ce colosse aux mains d'or y parvient avec pour principal atout de savoir imaginer des moutons à cinq pattes.
Il vient de monter avec Nadine, sa femme, une troisième société à Besançon.
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Si vous demandez à Pascal Oudot comment il est devenu chaudronnier, il répondra immanquablement : «par hasard !». Rien ne prédestinait en effet ce fils d'agriculteur à rouler, plier, percer, souder des tôles de toutes épaisseurs.
Rien, si ce n'est un frère aîné qui reprend l'exploitation familiale et l'impossibilité matérielle de racheter un magasin de réparation de matériel pour parcs et jardins, près d'Ornans.
Alors à 23 ans, il change son fusil d'épaule et frappe à la porte de Soudatol, une entreprise implantée à Vuillafans (Doubs). Sans CV, ni la moindre connaissance du métier, le patron l'embauche quand même, lui avouant plus tard qu'un fils d'agriculteur «avec une pince et un morceau de fil de fer peut faire n'importe quoi».
Son destin est scellé, d'autant que ce colosse taillé pour occuper des cages de handball - ce qu'il fit 25 ans -, le prend en main trois ans plus tard en se mettant à son compte.
Déjà à Chantrans, puis en avril 1996 à Bolandoz, entre Besançon et Pontarlier (Doubs), dans un bâtiment de 600 m2. «Notre unité s'étend aujourd'hui sur 3 000 m2 avec la création l'an dernier d'un atelier inox», explique le dirigeant. Un investissement chiffré à 500 000 €.
Car l'entreprise qui porte son prénom et son nom (2 millions d'€ de chiffre d'affaires, 17 salariés) se développe régulièrement en concevant sur plan fourni des petites séries ou des pièces unitaires.
Ce fut notamment la cas pour la structure de l'horloge monumentale, signée Philippe Lebru, qui trône dans la gare TGV de Besançon Franche-Comté.
Une grave pénurie de main d'oeuvre
En 1998, le chaudronnier crée Oudot Développement (1 million d'€ de chiffre d'affaires, 9 personnes). II s'agit ici avant surtout d'ingénierie, car tout est à inventer.
«Le client arrive avec une idée et on se débrouille», avoue Pascal Oudot qui doit, par exemple, concevoir un totem de 3 mètres de haut pour l'exposition d'un fabricant de montres suisses ou encore la structure d'un futur robot dans le secteur automobile.
Là où le bât blesse n'est ni dans le mouton à cinq pattes à imaginer ni dans la technologie à acquérir, les deux entreprises ayant un parc d'équipements de pointe : centres de découpe laser, poinçonneuses, scies et plieuses à commande numérique, rouleuses de profils…, mais dans les compétences humaines à trouver.
Les formations de chaudronnier disparaissent les unes après les autres, faute souvent de vocation, les jeunes n'étant pas invités à se lancer dans les métiers industriels, quand on ne les y décourage pas dès l'enseignement secondaire.
«Il faut chez nous cinq ans de formation en interne pour faire un bon professionnel et parfois un gars devenu pleinement opérationnel succombe aux sirènes des salaires suisses et c'est autant de temps que nous avons perdu», regrette amer le tôlier.
Pour contrer la géographie et attirer des vocations, Bolandoz étant trop près de la frontière, Pascal et sa femme Nadine viennent de monter sur Besançon la société A2 Métal, hébergée dans un bâtiment de 800 m2.
C'est madame qui la préside en même temps qu'elle assure la gestion de l'un des derniers des Mohicans de la tribu des chaudronniers du Doubs.

Ca fait chaud au coeur de voir des enseignants proches de leurs élèves, passionnés par ce qu'ils font. Qui apparemment considèrent que leur travail est autre chose que alimentaire. Je vais essayer d'éviter les poncifs sur l'éducation nationale. Les presque 20 années que j'ai passées sur les bancs de l'école (j'inclus la fac) m'ont plutôt montré des gens qui faisaient bien leur travail certes, mais qui ne passaient pas vraiment plus de temps que ça à discuter avec leur élèves ou à essayer de faire autre chose que le programme scolaire. Le fait de voir les profs et les élèves essayer de bâtir un projet commun, d'appliquer leur savoir, tout cela est très plaisant. Il ne manquerait plus qu'un pont un peu mieux fait entre le monde du travail / de l'industrie et des gens passionnés pour voir fleurir de nombreux projets intéressants. En tout cas, merci pour ce post qui me rejouit en ces temps de morosité, ou l'on montre les profs soit comme des fainéants, soit comme des gens terrassés de travail par la méchante éducation nationale et les parents. Ou l'on montre les étudiants comme des fainéants ou des jeunes désabusés. Oui la réalité est dure, mais l'envie et la passion permettent de faire des choses dans la vie, même si elle est quand même et sera toujours une jungle. Ces choses-là sont le moteur de l'exaltation et permettent de se réaliser dans la vie (si si on peut être heureux grâce au travail !)
Bonjour, je souhaiterais avoir des informations sur le métier de Chaudronnier. J'ai 43 ans et j'envisage une reconversion professionnelle dans ce domaine. Merci par avance de vos informations. Paul.
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