Laure Viellard commente les dernières actualités de l’École Supérieure des Technologies et des Affaires (ESTA), école d’ingénieurs située à Belfort, qu’elle dirige et qui marie la pédagogie technologique à celle du commerce. L’établissement d’enseignement supérieur s’ancre de plus en plus sur l’industrie du futur (4.0), les chem-biotech et la transformation digitale, avec une profonde inspiration dans le savoir-être.
• Comment s’est déroulée cette rentrée particulière par ces temps troublés ?
Plutôt bien. Pas moins de 330 étudiants, dont 115 nouveaux, suivent notre cursus de cinq années pour devenir des ingénieurs d’affaires industrielles. Sur ce nombre, 69 intègrent les parcours Post Bac+3 et Post Bac+2 avec leurs spécialités très porteuses en terme de débouchés : industrie 4.0, chem-biotech et transformation digitale.
En revanche, quelques difficultés se sont faites jour pour 74 de nos élèves en partance pour un stage à l’étranger, notamment pour une trentaine qui vont bénéficier de cours d’anglais intensif. Sinon, je ne vous apprends rien, masques et gel hydro-alcoolique font dorénavant partie de notre quotidien, sachant que dans le respect des règles sanitaires pour préserver la santé de toutes et tous, cours en présentiel ou en distanciel alternent. Quant à l’an dernier, nous n’avons rencontré qu’un échec au diplôme final en raison de la Covid-19, mais l’étudiant très motivé repart de plus belle.
• Au delà de votre cursus assez rare sur cette double compétence enseignée : technologique et commerciale, qu’est -cequi caractérise l’ESTA ?
Notre ancrage dans le monde de l’entreprise. L’ESTA répond à ce manque exprimé dès sa création par le monde industriel de pouvoir accueillir dans leur effectif des ingénieurs à l’aise avec la dimension commerciale au sens large. Ce n’est pas un hasard si Peugeot a accueilli sur son site historique de Sochaux tous nos étudiants de première année pour un stage d’immersion en production pendant six semaines cet été.
C’est aussi une fierté de travailler avec Trinaps, opérateur de télécommunication à Belfort, qui parraine notre « Digital Lab » où les étudiants de la filière transformation digitale peuvent se plonger dans la réalité virtuelle, réalité modifiée, la modélisation, se familiariser avec le big data ou encore aborder l’intelligence artificielle.
A mon arrivée à la direction de l’ESTA, j’ai voulu fortifier le lien avec l’entreprise qui se distendait. C’est ainsi qu’un second collège (*) pour notre gouvernance a été nommé et que nous pouvons séduire, pour engager des partenariats solides, des groupes comme Medtronic, numéro un au monde des technologies, solutions et services médicaux. C’est cette entreprise qui met au point le premier pacemaker (stimulateur cardiaque) portable. Je précise que Laurence Comte-Arassus, sa présidente France, est une estalienne.

• En termes pédagogiques, proposez-vous des enseignements différenciants ?
Nous insistons beaucoup avec des intervenants extérieurs sur la thématique de l’intelligence émotionnelle qui touche les domaines de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) et des ressources humaines (RH). Le savoir-être de nos futurs diplômés sera un atout pour piloter des équipes.
Nous sommes par ailleurs les seuls à proposer une spécialisation dans le marketing industriel, en lien avec la demande des entreprises de recruter des acheteurs. Sans être différenciant, car beaucoup d’écoles supérieures le pratiquent, notre cinquième année peut se dérouler par l’apprentissage. L’étudiant salarié ne paie rien en droits de scolarité et l’entreprise touche 8.000 €.

• Où se situe l’ESTA sur l’échiquier des grandes écoles ?
Au-delà des multiples classements qui sortent chaque année, je vous dirais que depuis le 23 juillet dernier, l'ESTA a obtenu du ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’innovation, le renouvellement du VISA Bac+5. Croyez-moi sur parole, c’est une année de travail et un dossier de quatre kilos.
Nous avons également décroché la qualification d’Etablissement d’Enseignement Supérieur Privé d’Intérêt Général (EESPIG), également délivré par l’Etat. Ce sont deux gages de la qualité de notre enseignement, de notre implication dans la société et de notre gestion désintéressée.
(*) Un troisième collège a également été créé et fédère des personnalités comme Thierry Peugeot.

Après avoir été diplômée de l’école de commerce EDHEC Lille, Laure Veillard a officié longtemps dans le groupe de presse Expansion, ensuite chez Canal+ et chez Vivendi.
Cette femme, pour le moins énergique et mère de quatre enfants, sait admirablement jongler en vie familiale et activité professionnelle. Une prouesse liée à son empathie naturelle et un sens inné de l’organisation, atout premier des ingénieurs commerciaux qu’elle contribue à former.
L’ESTA en résumé
Sous statut associatif dorénavant, l'établissement d’enseignement supérieur affiche de belles performances. Il totalise 1.100 diplômés, revendique 92% de taux d’embauche dans les six mois à la sortie.
Chaque étudiant « estalien » fait 22 mois de stage, dont un semestre à l’international. Les relations avec d’autres universités lui permet de décrocher un double diplôme : à l’université allemande d’Aschaffenburg et celle de Turku en Finlande. L’école dispose d’un budget de 2,2 millions d’€ annuels et le coût de la scolarité s’élève à 5.900 € par an.