Innovation. Le contrat que Nexidia vient de décrocher au Japon illustre parfaitement l'activité de cette société d'expertise en microbiologie installée à l'école d'ingénieurs AgroSup Dijon depuis 2007.

Pour un fabricant de produits laitiers au nom gardé confidentiel, la PME va chercher des solutions pour améliorer le processus de fabrication de ses produits, avec en ligne de mire, la sécurité alimentaire.

Une grande satisfaction pour la start-up dirigée par Patrice Arbault, docteur en biologie. «Les Japonais travaillent différemment des Européens, sur la base de clauses de succès avec des points d'étapes qui permettent d'arrêter le projet en cas d'échec», témoigne le gérant.

Difficile à appréhender pour les non-biologistes, le métier de Nexidia est pourtant un maillon indispensable dans la mise au point de produits, de l'industrie agroalimentaire, de la pharmacie et de l'agroenvironnement.

Il s'agit de sélectionner des microorganismes et d'évaluer leur intérêt technologique en laboratoire pour ensuite les intégrer dans un processus de fabrication dans le but aboutir un produit donné.

Ses prestations se déroulent généralement sous le sceau de la confidentialité. Cependant son appartenance au pôle de compétitivité Vitagora lève le voile sur quelques sujets de recherche.

Les effets d'un pansement sur les bactéries

Sa collaboration avec Seb fait partie des quelques exceptions à la règle. Le travail consiste à aider le fabricant d'appareils électroménagers à optimiser la cuisson du riz dans l'objectif d'une gamme de cuiseurs à riz.

Pour Urgo, Nexidia a évalué l'effet des principes actifs d'un pansement sur l’activité bactérienne. Pour des œnologues, l'entreprise planche sur la fermentation des vins. Autre exemple : la recherche de solutions pour éliminer les pollutions par voie microbienne.

Ces prestations techniques qui génèrent l'essentiel du chiffre d'affaires de 235 000 € (exercice 2009-2010) ne doivent pas occulter le socle de l'entreprise. Les activités de recherche menées par Jean Guzzo, professeur de microbiologie à l'université de Bourgogne, co-fondateur de l'entreprise, font de Nexidia une spécialiste du stress des bactéries.

Le fruit de ces recherches ont fait l'objet d'un brevet en 2008 dont le champ d'exploitation va être élargi. «Il y a un véritable potentiel dans l'industrie agroalimentaire pour améliorer les textures des caillés laitiers qui servent de liants à de nombreux plats cuisinés et surgelés», expose Patrice Arbault.

PME de l'année du pôle de compétitivité Vitagora

La percée à l'international avec le contrat décroché au Japon ainsi que son implication dans Vitagora a valu à Nexida d'être récemment élue PME de l'année du pôle de compétitivité bourguigno-franc-comtois.

Ambassadeur convaincu de cette fédération de compétences scientifiques et industrielles autour de la nutrition, Patrice Arbault ne manque pas une occasion de promouvoir Vitagora partout où il se déplace. «L'objet du pôle, axé sur une meilleure alimentation, est dans l'air du temps et la mondialisation des produits basiques de l'industrie agroalimentaire peut être contrecarrée par des produits à plus grande valeur ajoutée, pour certains âges de la vie comme les enfants et les séniors», explique t-il.

Après une année 2010 «décevante», Nexidia envisage des jours meilleurs. «Les industriels relancent des programmes d'innovation», constate t-il. Une ombre au tableau toutefois. À la fin de l'année prochaine, l'entreprise devra quitter ses locaux d'AgroSup selon le contrat d'hébergement provisoire signé avec l'école.

Elle a prévu de s'installer dans l'espace régional de l'innovation et de l'entreprenariat (Erie) que construit le conseil régional de Bourgogne, près du campus de Dijon. Voués aux jeunes entreprises innovantes qui ont notamment des besoins de matériels de laboratoires, les locaux ne seront pas prêts à temps.

«Il manque cruellement de locaux sur Dijon pour aider les jeunes entreprises à grandir ; elles n'ont pas les moyens d'investir dans l'immobilier car elles injectent tous leurs profits dans les compétences et les matériels et c'est dommage que le conseil régional, qui aide les jeunes entreprises innovantes à éclore, ne se soit pas intéressé plus tôt au problème immobilier», estime le dirigeant.

Crédit photos: Nexidia.

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