Vache et totem signalent la fromagerie aux automobilistes qui passent par le Pied des Gouttes, la zone commerciale de Montbéliard.
Vache et totem signalent la fromagerie aux automobilistes qui passent par le Pied des Gouttes, la zone commerciale de Montbéliard.

AGROALIMENTAIRE. Au-delà de la mode des circuits courts entre producteur et  consommateur, André Alix a une ambition : sauver la production laitière dans le pays de Montbéliard.

Avec la Société Coopérative Agricole Fromagère du Pays de Montbéliard, son président pourrait bien relever ce défi, profitant de la vague du retour à l’agriculture de proximité.

Les collectivités locales et l'Etat ont restauré une ancienne ferme. Charge à lui de financer l'outil de production, un investissement de 800 000 €.

La production de fromages made in Montbéliard devrait débuter fin janvier.

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André Alix est un homme affable, mais l'éleveur laitier sait ce qu'il veut : si son banquier lui promet un prêt à condition qu'il trouve 300 000 € de mise de départ au lieu des 200 000 € qu'il estime nécessaires, il n'hésite pas à se tourner vers une autre banque qui se sera rangée à ses arguments. Et pas l'inverse.

Une opiniâtreté - et non un entêtement - qui permet à l'agriculteur installé à Montenois (Doubs), de voir aboutir aujourd'hui la Société Coopérative Agricole Fromagère du Pays de Montbéliard (SCAF).

Huit exploitants représentant 19 adhérents ont apporté chacun 26 000 €, pris sur les primes à la PAC de 2011 (15 000 €) et de 2012 (11 000 €), constituant ainsi la mise de départ nécessaire pour débloquer le prêt bancaire de 500 000 €.

Le magasin a ouvert le 30 novembre. La production débutera fin janvier 2014.

Cinq salariés en CDI travaillent déjà; ils seront sept en janvier : deux fromagers, un apprenti et des vendeuses.

Située en lisière de la zone commerciale du Pied des Gouttes, la fromagerie a pris place dans un lieu symbolique : l'ancienne ferme de la famille Graber - « celle qui a introduit la race Montbéliard en France, » rappelle André Alix. Elle dispose de 600 m2 dont 259 m2 de caves d'affinage et de stockage.

Vendus par la famille Graber à la Ville de Montbéliard, les bâtiments ont été restaurés par les pouvoirs publics pour un montant de 1,6 million d'€, dont 781 000 € par Pays de Montbéliard Agglomération (PMA).

André Alix, président de la coopérative de la fromagerie de Montbéliard, dans les locaux de production, opérationnels fin janvier.
André Alix, président de la coopérative de la fromagerie de Montbéliard, dans les locaux de production, opérationnels fin janvier.

Le reste est réparti entre l’État à hauteur de 646 000 € (dont 446 000 du fonds national d'aménagement du territoire -FNADT-, le conseil général du Doubs pour 146 000 € et la fondation du patrimoine pour 10 000 €). Le loyer annuel payé à PMA est de 50 000 €.

La coopérative, quant à elle, a investi 800 000 € dans le matériel de production : pressage, tunnel de lavage, conditionneuse pour les yaourts (2800 pots/heure) et à lait, homogénéisateur, etc.

Sauvegarder la production laitière locale

Pour l'instant, le magasin commercialise des produits d'autres producteurs francs-comtois : Comté, Mont d'or, bière locale de micro-brasseurs, saucisse de Montbéliard, etc.) L'engouement semble être au rendez-vous.

Le magasin ne désemplit pas, à tel point qu'André Alix étudie la possibilité d'ouvrir entre midi et 14 h, et le dimanche.

A partir de février, les exploitants apporteront une partie de leur lait à la fromagerie, qui produira trois fromages à pâte molle : l'Audincourtois, le Mandubien et le Montbéliard, ainsi que du morbier - le pays de Montbéliard est dans la zone AOC -, de la tome affinée au vin blanc et de la raclette.

Vendu nature, le lait « de Montbéliard », sera également transformé en yaourts, beurre et crème.

En plus des particuliers, André Alix vise aussi les grandes surfaces locales, la restauration collective et les restaurants : « J'imagine mal un restaurant de Montbéliard qui ne proposerait pas nos fromages, » relève-t-il.

Dans la plus pure tradition franc-comtoise, la coopérative agricole vise à sauvegarder la production laitière locale. André Alix se souvient que, voici 40 ou 50 ans, les plus gros producteurs de lait en Franche-Comté se trouvaient dans la région montbéliardaise.

« Il en reste une quarantaine actuellement et un ou deux sont en train de disparaître. Si on ne fait rien, ils auront disparu d'ici 20 ans » craint-il.

Le futur yaourt de Montbéliard. Il sera nature, aromatisé ou aux fruits.
Le futur yaourt de Montbéliard. Il sera nature, aromatisé ou aux fruits.

Le projet était déjà d'actualité il y a quinze ans, assure André Alix, depuis que le pays de Montbéliard est sorti de la zone AOC Comté.

« Peu de gens s'en sont souciés à l'époque, mais l'évolution du prix du lait a changé la donne depuis ».

Photos : Pierre-Yves Ratti.

 

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