MÉCATRONIQUE/FRANCHE-COMTÉ. Co-fondateur de la société de R&D en électromagnétisme MMT, à Besançon, qui appartient désormais au groupe suisse Sonceboz, Pierre Gandel vient de remporter le prix Marius Lavet de l’ingénieur-entrepreneur de l’année.

L’occasion de découvrir cette entreprise aussi discrète que performante et qui mène une politique de licencing plutôt payante.

 

atelierprototypage
Atelier de prototypage chez MMT, au parc Lafayette à Besançon.

 

Discrètement implantée sur le parc La Fayette à Besançon, MMT est une entreprise de R&D assez unique en son genre. Spécialisée en électromagnétique – science régie par l’équation de Maxwell qui permet de transformer un signal électrique en mouvement et de développer des systèmes électroniques de commande –, elle met au point des petits actionneurs, moteurs et capteurs qui équipent la plupart de nos véhicules.

 

Créée en 1990 par Claude Oudet, Daniel Prudham et Pierre Gandel pour inventer des technologies de haute valeur, MMT (pour Moving Magnet Technologies) est une si jolie pépite qu’elle fut rachetée, en 1995, par le groupe familial suisse Sonceboz (1000 salariés et 250 millions d’€ de chiffre d’affaires), dont elle est devenue une filiale à 100%.

 

Au sein de ce groupe mécatronique, qui mène par ailleurs des recherches dans les domaines de la puissance ou du médical, « MMT est notre fenêtre ouverte sur le monde », affirme Pierre Gandel, qui assure la direction générale du groupe depuis 2010, ce qui ne l’empêche pas de repasser souvent à Besançon et plus précisément dans les locaux du parc La Fayette, où il se sent toujours comme chez lui.

 

Sonceboz industrialise les idées de MMT

 

licencesmmt
Echantillon de produits sous licence de MMT.

 

« 80% des technologies du groupe sont issues des travaux menés ici. Sonceboz porte et industrialise les idées de MMT qui est une filiale essentielle, ce qui ne l’empêche pas d’avoir une politique indépendante. Le groupe n’est client de sa filiale qu’à hauteur de 10%. »

 

Agréée comme structure de recherche sous contrat, MMT est un concentré de matière grise : la majorité de ses 40 salariés sont des ingénieurs ou des docteurs-ingénieurs, et la plupart des dirigeants sont issus de l’ENSMM, l’’école d’ingénieurs bisontine spécialisée en micro-mécanique.

 

Pilotée par le docteur Stéphane Biwersi depuis 5 ans, MMT applique toujours le business model gagnant des fondateurs : le dépôt de brevets, puis la concession de licences à ses clients qui vont industrialiser et développer le process.

 

« Lorsqu’ils sont en production, ils versent des royalties à MMT sur la base de leur chiffre d’affaires », explique Pierre Gandel, qui a reçu Traces Ecrites News à l’occasion d’un passage à Besançon et dans la foulée de la communication autour de son prix Marius Lavet (voir ci-dessous). « Nous percevons un petit pourcentage mais il s’agit de grandes séries », poursuit-il.

 

Stratégie de licencing pour l'industrie

 

bancdecontrole
Banc de contrôle.

 

Cette stratégie de licencing n’est pas à la portée de tous. « ll faut de nombreuses années avant qu’elle soit rentable, il faut être patient et solide. Nous menons parallèlement une activité d’ingénierie qui permet de tenir la trésorerie. »

 

MMT compte aujourd’hui 82 entreprises licenciées dans le monde, qui adoptent les standards mis au point dans le bureau d’études et les ateliers de MMT, à Besançon : un petit actionneur de climatisation, un capteur à effet hall, un capteur de couple de colonne de direction ou encore un petit moteur diphasé pour tableau de bord.

 

Dans son portefeuille de licenciés, où se côtoient Panasonic, Radial, Valéo ou encore Continental, les équipementiers automobile représentent 80% d’un chiffre d’affaires de 8 millions d’€ (80% à l’export).

 

Cette prépondérance de la filière automobile est liée au business model : la durée de vie d’un brevet est de vingt ans environ (dix ans de développement, dix ans d’exploitation), et les industries à long cycle de développement sont tout indiquées pour le rentabiliser.

 

banniere adhex

 

Pierre Gandel remporte le prix Marius Lavet

 

Franc-comtois d’origine, Pierre Gandel a obtenu son diplôme d’ingénieur à l’ENSMM en 1984, puis un doctorat en mécanique appliquée, tout en démarrant sa carrière professionnelle à Besançon, au sein de la société suisse Pontescap, dirigée alors par Claude Oudet, qui l’a « éduqué », dit-il, au domaine des petites machines électriques en lui recommandant de saines lectures : les tomes 1 et 2 de « Mécanismes, électromagnétismes, cours de troisième année de Marius Lavet à l’Ecole supérieure de l’aéronautique », édités en 1958.

 

« Je me souviendrai toute ma vie des planches dessinées à la main par Marius Lavet dans lesquelles j’avoue avoir puisé pas mal d’inspiration pour tous les brevets de moteurs pas à pas et de moteurs brusless que j’ai pu développer en 30 ans chez MMT », confie-t-il.

 

En 1990, avec Daniel Prudham, Pierre Gandel et Claude Oudet fondent MMT de toute pièce. Cinq ans plus tard, la société qui emploie une douzaine de personnes est rachetée par le groupe Sonceboz, qui confie sa direction à Pierre Gandel jusqu’en 2004, puis celle de sa division automobile jusqu’en 2010 et enfin, la direction générale du groupe, qu’il assure toujours.

 

gandel
Pierre Gandel, cofondateur de MMT, aujourd'hui directeur général du grooupe suisse Sonceboz, dont MMT est filiale.

Mais le spécialiste franc-comtois de l’électromagnétique n’a jamais oublié les travaux de Marius Lavet. Il est, lui aussi, l’auteur de nombreuses publications scientifiques et l’inventeur d’une vingtaine de brevets.

 

Il a finalement accepté de concourir au prix Marius Lavet de l’ingénieur-entrepreneur de l’année. « Je l’ai fait pour MMT, j’ai tellement plaisir à revenir dans cette entreprise. »

 

Finaliste, il a remporté le prix qui lui a été remis fin mars à Paris, à la maison des Arts et Métiers, « pour son concept d’innovation diffusé à grande échelle sous licence dans l’industrie, notamment automobile et aérospatiale ».

 

Photos fournies par MMT/Sonceboz.

Commentez !

Combien font "4 plus 4" ?