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Une forte baisse de stocks. ©BIVB / Aurélien Ibanez.

 

VIN. Les mauvais scores du vin de Bourgogne sur ses marchés de prédilection vont-ils déteindre sur les cours de la vente de charité des hospices de Beaune, ce dimanche ? Faiblesses chroniques des stocks liées aux conditions climatiques et forte hausse concomitante des prix, expliquent la mévente à l’international. Le marché français n’est pas épargné, malgré une bonne valorisation en grande distribution.

 

Les chiffres virent du vert au rouge. La baisse des exportations de vin de Bourgogne en volume, dépasse les 10% sur la campagne 2013-2014. Elle semblait inévitable : trois très faibles récoltes en quatre ans ont provoqué une chute de la production de 351 000 hectolitres, soit 70,8 millions de bouteilles, amplifiée par l’effet mécanique d’une forte hausse des prix ces deux dernières années.

 

Le retour à la normale avec le millésime 2014 (environ 1,4 million d’hectolitres) est vécu comme une bouffée d’air frais par les viticulteurs et négociants, « tant le niveau de commercialisation et de rentabilité atteignent des seuils critiques », indique dans une note de synthèse le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB). Très présente à l’international, avec 50% de ses ventes dans 182 pays, cette petite région viticole (3% de la production nationale) voit ses principaux marchés fondre comme neige au soleil à fin août dernier.

 

Consommateur essentiellement de vins blancs, le Royaume-Uni rétracte ses importations en volume de 22,6%, en raison notamment de l’effondrement des appellations icaunaises Chablis et Petit Chablis (-28%) et mâconnaises (-23%). La situation n’est guère plus réjouissante aux États-Unis, le premier marché en valeur, où les achats de bourgogne diminuent de 6,8%.

 

Le Japon, troisième débouché, ne redresse pas non plus la barre (-7,4% en volume), malgré une bonne tenue des vins rouges (+0,2%) du fait de l’accroissement des ventes d’AOC régionales de cette couleur. Les consommateurs belges boudent aussi ces vins français, notamment en Wallonie, provoquant un manque à gagner de 13%.

 

La seule bonne nouvelle de l’étranger vient de l’Allemagne et de Singapour. Outre-Rhin, les importations affichent +1% en volume, mais ce n’est toutefois qu’un léger rattrapage après plusieurs années de pertes sèches.

 

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Des vins devenus très chers. ©BIVB / Image & Associés

 Effondrement du hard discount

 

Quant aux +3% de Singapour, ils s'expliquent par son positionnement comme place de transit vers d’autres destinations. Un phénomène que ne connaît pas en revanche Hong Kong (-24,6%), plaque tournante vers la Chine avec 75% des réexportations, où les politiques d’austérité imposées par le gouvernement à ses entrepreneurs fortunés plombent des vins connotés très nouveaux riches.

 

Au final, les exportations réalisent un chiffre d’affaires de 733 millions d’€, en baisse pour la première fois depuis cinq ans.

 

En France, les bourgognes vivent une situation paradoxale. Si les ventes subissent la même conjoncture, ils bénéficient d’un fort attachement des consommateurs.

 

Les restaurants augmentent régulièrement le nombre de références (+2% depuis 2012) et les cavistes en font des produits de niche pour amateurs éclairés. De son côté, la grande distribution, dans le circuit hyper et super, maintient son chiffre d’affaires à 241,8 millions d’€ (34 millions de bouteilles), en dépit de ventes moindres (-7,5% en volume).

 

La très mauvaise nouvelle provient du hard discount où les vins d’entrée de gamme à moins de 5 € ne trouvent plus de clientèle, occasionnant une grande partie des 34% de baisse enregistrés pour les vins tranquilles et 17% de l’appellation Crémant.

 

camembertLa Bourgogne viticole en chiffres

1,42 million d'hectolitres, dont 62 % de vins blancs, 29 % de vins rouges (et rosés) et 9 % de Crémant de Bourgogne.
1 % de Grands Crus,  48 % d'appellations Villages et Premiers Crus , 51 % d'appellations Régionales, soit 6 % de la production française en vins régionaux de qualité, 3 % de la production de vins en France et 0,4 % de la production mondiale de vins
Plus de 28 000 hectares en production (environ 3 % du vignoble français).
100 appellations différentes (22 % des AOC françaises), dont 33 appellations Grands Crus, 44 appellations Villages et 1ers Crus et 23 appellations Régionales.
2 % des surfaces agricoles exploitées en Bourgogne, 3,5 % du PIB de la Bourgogne, 45 200 emplois générés (directs et indirects), soit 7% de l’emploi total en Bourgogne et 1,4 milliard d'€ de chiffre d’affaires estime.

3900 domaines viticoles, 300 maisons de négoces, 19 caves coopératives.

Source : BIVB.

 

Retrouver aussi cet article du même auteur dans le journal Les Echos de ce vendredi 14 novembre.

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