Les 500 salariés du fabricant de fenêtres PVC et aluminium Les Zelles à La Bresse (Vosges) sont devenus les premiers actionnaires de cette ancienne filiale de Lapeyre. Le projet a été rendu possible grâce à un fonds commun de placement de reprise (FCPE), un dispositif encouragé par la loi Pacte de 2019. Cette reprise met la société en ordre de bataille en vue de futures acquisitions.


Le fabricant de fenêtres PVC et aluminium Les Zelles à La Bresse (Vosges) a concrétisé récemment son spectaculaire projet de reprise par ses 500 salariés. La société fondée en 1946 au pied du massif des Vosges est une des premières en France à avoir mis en œuvre à ces fins le mécanisme du fonds commun de placement de reprise (FCPE de reprise) encouragé par la loi Pacte de 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises.

Ce véhicule financier a permis aux salariés d’être les premiers actionnaires des Zelles, avec 36% des actions. Leurs parts se répartissent entre Laurent Demasles, le président depuis 2017 et cheville ouvrière du projet (10%), le comité de direction (12,5%) et les salariés (13,5%). A cette occasion, l’entreprise a également fait entrer au capital Bpifrance, BNP Paribas Développement, l’Institut lorrain de participation, le fonds régional Eurocapital et la Caisse d’Epargne Grand Est Europe. Les nouveaux actionnaires prennent la succession du fonds parisien MBO & Co qui avait lui-même succédé à Lapeyre (groupe Saint-Gobain) en 2008.

 

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La mise en œuvre du FCPE de reprise a été accompagnée par le spécialiste de l’actionnariat salarié Equalis Capital. Tous les salariés des Zelles sont actionnaires, car l’entreprise a offert 200 € en actions à chacun d’entre eux. Parallèlement, un peu plus des deux-tiers ont mobilisé leur épargne sous forme d’intéressement et de participation. « L’entreprise est un très bon placement comparé au livret A. Moyennant un blocage de leurs fonds pendant cinq ans, les salariés profitent d’une décote de 30% sur le prix des actions. Résultat, en cumulant tous les avantages, un employé qui investit 1.000 € dans le FCPE bénéficie de 2.500 € de parts », calcule le dirigeant.


Le président a également souhaité que les cadres du comité de direction s’engagent en mettant sur la table l’équivalent d’une année de salaire chacun, le plafond maximum prévu par la loi Pacte. Enfin, plusieurs actionnaires minoritaires ont suivi, « intéressés par le développement local et prêts à s’engager sur le long terme. En effet, notre objectif consiste à réinvestir la totalité des gains dans le développement de l’entreprise », détaille le dirigeant.


Le statut d'entreprise à mission

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Les Zelles fabrique et pose des fenêtres PVC et aluminium majoritairement en B2B (business to business).


Les Zelles se considère désormais bien armé pour s’envoler vers des opérations de croissance externe. Sa seule et unique acquisition remonte à 2009, avec la reprise d’un fabricant de fenêtres aluminium à Pessac (Gironde). La nécessité de se structurer pour répondre à l’évolution des marchés guide l’ETI vosgienne. Elle œuvre en effet majoritairement en B2B (business to business) sur le marché du logement collectif. Or la loi Elan a récemment soumis à une obligation de regroupement tout organisme de logement social gérant moins de 12.000 logements.

« Cette consolidation des organismes HLM fait passer les marchés publics d’une échelle régionale à une échelle nationale. Nos huit agences commerciales nous permettent d’avoir une couverture nationale, mais voulons souhaitons offrir davantage de solutions », résume Laurent Demasles. Dans ce contexte, Les Zelles mise sur sa stratégie d’actionnariat salarié pour séduire des entreprises familiales du BTP qui envisagent une transmission et ainsi, doper sa capacité de production.

 

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Le statut « d’entreprise à mission » adopté par le fabricant de fenêtres participe de cette dynamique. Ce statut instauré par la loi Pacte et choisi notamment par le groupe Danone incite les sociétés à concilier rentabilité financière et intérêt général. Première traduction concrète de cet engagement, les Zelles vient de démarrer à La Bresse une unité de recyclage des menuiseries usagées.
 


Qui est Laurent Demasles ?

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Ingénieur BTP de formation, le président des Zelles a roulé sa bosse au sein du groupe para-pétrolier italien Saipem (ex. Bouygues-offshore) où il a occupé les fonctions de directeur de projets « oil&gas » et directeur achats et sous-traitance notamment. Par la suite, Laurent Demasles a dirigé Colas Nouvelle Calédonie (groupe Bouygues) pendant quatre ans, avant de retrouver l’Hexagone en vue d’occuper le poste de PDG de Baumert (groupe Gorgé) à Schaeffersheim (Bas-Rhin).
En 2017, ce père de quatre enfants s’est vu proposer la direction des Zelles avec l’objectif de redresser l’entreprise dans la perspective d’une cession. « J’ai découvert une équipe affichant un impressionnant sens du collectif ! Cela m’a plu, alors en contrepartie de mon recrutement, j’ai souhaité avoir la possibilité de reprendre l’entreprise avec les salariés », expose le dirigeant. Entre 2016 et 2019, le chiffre d’affaires de l’entreprise est passé de 80 à 106 millions d’€, le résultat net d’exploitation de 800.000€ à 4,3 millions d’€, complète-t-il.

Photos fournies par l'entreprise.

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