ProÉvolution, cabinet de recrutement alsacien pointe parmi les 50 meilleurs acteurs de son secteur en France (*), catégorie « Managers et spécialistes ». Xavier-Noël Cullmann, responsable de la marque maison KonexUp, spécialisée dans les recrutements digitaux, explique les effets de la crise sanitaire sur la recherche de candidats, les nouvelles méthodes et outils de recrutement ou encore, région frontalière oblige, les différences sociologiques entre postulants allemands et français.

 


• Pourquoi rencontrez-vous des difficultés à recruter dans l’Est de la France et tout spécialement en Alsace ?

Le côté très industriel de ce territoire et le dynamisme alsacien particulièrement marqué ces derniers temps l’expliquent. Nous ne manquons pas d’offres d’emploi, mais les candidats font défaut car avec la pandémie, ils ont peur de l’avenir et restent accrochés à leur poste. Même s’ils s’y sentent mal, en crise identitaire professionnelle, ils ne désirent pas bouger par crainte de ne pas retrouver un salaire équivalent. La durée pour recruter s’allonge en conséquence. On compte en moyenne deux à trois mois et cela va jusqu’à six pour certains postes spécifiques.

 

bpest

 

cullmann
Xavier-Noël Cullman, responsable des recrutements digitaux.

• Cela implique-t-il une modification de vos process de recrutement ?

La situation actuelle impose beaucoup plus de pédagogie, d’empathie. Il faut mettre en confiance, faire avouer les freins, croiser analyse du savoir-être (soft-skills), de la faculté d’adaptation et du savoir-faire, tester l’intelligence émotionnelle. Reste, comme je m’occupe de la marque KonexUp, dédiée au recrutement dans le digital, qu'être à l’aise avec le numérique ou plutôt dans ses approches, représente un plus inappréciable, voire un prérequis pour certains postes.

Une fois le candidat retenu, nous demandons à notre client recruteur de ne pas mettre trop de barrières pour le conserver, notamment de prolonger inutilement les périodes d’essais, surtout pour des profils en tension. Sinon, nos process demeurent les mêmes avec des tests pointus, des "assessments" (mises en situation) précises et des tests "gamifiés" (jeux vidéo), adaptés évidemment à la nature du poste où l’on regarde la manière de se comporter vis-à-vis d’une situation inconnue.

 

• L’industrie cherche à recruter, mais ce n’est pas nouveau. La Covid-19 n’a donc joué qu’un simple rôle de catalyseur ?

Effectivement, nous retrouvons aujourd’hui comme hier les mêmes tensions sur les postes de techniciens de maintenance et d’instrumentation, d’automaticiens, de conducteurs de ligne, de régleurs sur presse, de chefs de chantier… Et en globalisant, tous les bac + 2 avec une spécialité bien établie.

 

marcproevolution
Marc Sarwatka, dirigeant du cabinet ProÉvolution.

• Grâce à votre implantation frontalière, vous travaillez aussi pour des entreprises d’outre-Rhin. Recrute t-on différemment un Allemand d’un Français ?

La « chasse » dans notre jargon, c’est-à-dire la recherche des candidats est la même. Ce qui diffère est le comportement de ces derniers en entretien. Pour les Français, l’entretien est plus rapide dans la mesure où c’est le recruteur qui, en général, interroge. Les candidats allemands, en revanche, posent de très nombreuses questions sur le contenu du poste, s’y projettent, veulent presque tout savoir de leur futures fonctions. Il y a donc y un risque d’erreur : un recruteur allemand peut par exemple considérer qu’un candidat français ne s’intéresse pas au poste proposé, alors qui y excellerait. Voilà pourquoi, nos intégrons deux collaborateurs allemands au cabinet.

 

M2A

ProÉvolution en bref

proevolution
L'équipe de ProÉvolution. © ProÉvolution

Marc Sarwatka, repreneur en 2004 de ce cabinet qu’il avait rejoint dix ans plus tôt, anime une équipe de 15 personnes. Elle est principalement répartie sur trois sites : Mulhouse (siège social), Strasbourg et Didenheim (agglomération mulhousienne). Proévolution, qui possède également des bureaux à Paris, Lyon, Rouen, Le Havre et Toulouse, réalise un chiffre d’affaires d’1,8 million d’€.
Ce spécialiste du recrutement vient de lancer une nouvelle offre avec le management de transition. « Cela concerne évidemment, le relais suite au départ brutal d’un dirigeant, la résolution d’une situation de crise, le besoin ponctuel d’une expertise spécifique ou encore l’accompagnement d’une phase de croissance exponentielle… », précise Marc Sarwatka.

(*) Ce classement découle d’une étude Les Echos/Statista.

Commentez !

Combien font "3 plus 10" ?