START-UP/STRASBOURG-NANCY. Avec TokTokDoc, NeMo Health fait des consultations médicales à distance et gère l'acte jusqu'à l'envoi de la feuille de soins à l'Assurance Maladie.
La technologie de Netlooks réside dans le procédé de digitalisation du visage et la modélisation numérique des montures de lunettes.

Face au problème du vieillissement de la population et du manque de personnel soignant, NeMo Health à Strasbourg a créé Toktokdoc, une plateforme de télémédecine dédiée aux Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). « Ce sont les plus grands déserts médicaux de notre pays », affirme le docteur Laurent Schmoll, le président et fondateur de la société.
Le service Toktokdoc comprend une tablette mobile et un stéthoscope connecté. Ces outils permettent une consultation à distance. Le patient peut voir son médecin sur l’écran de la tablette ou de télévision de sa chambre. Tout au long de la téléconsultation, il est accompagné par un(e) infirmier(ière) ou qui effectue les gestes techniques nécessaires, allumer le stéthoscope et le manipuler.
Grâce à cet appareil connecté, le médecin entend les bruits du corps comme s’il était à côté du patient. En visioconférence depuis son ordinateur, il mène sa consultation comme s’il était présent physiquement. Tous les documents médicaux (électrocardiogrammes, scanners, compte-rendus, etc.) peuvent lui être envoyés instantanément.

Le praticien établit alors un diagnostic et donne ses prescriptions. Le système permet d’émettre une ordonnance, une gestion de tarification et un compte-rendu de consultation. La feuille de soins est générée automatiquement. Le médecin n’a ensuite plus qu’à l’imprimer et à l’envoyer à la caisse d’Assurance Maladie.
Toutes les données peuvent être conservées dans le dossier du patient. « L’outil est très ergonomique et très simple à utiliser », assure le docteur Laurent Schmoll. Commercialisé depuis novembre 2017, le service est utilisé dans 62 Ehpad, dont les deux tiers dans le Grand Est. Un coût d’environ 5000 € par an.
« Notre solution se veut complémentaire des consultations physiques, elle n’a pas du tout vocation à les remplacer. Dès que le patient présente des pathologies compliquées, la consultation physique reste indispensable », précise le praticien.
Depuis le mois dernier, Toktokdoc mène une expérimentation avec SOS Médecins à Strasbourg pour assurer la permanence des soins dans quatre Ehpad de l’Eurométropole. Le service est utilisé pendant les permanences de nuit, week-end et jour férié. Cela permet aux infirmières d’appeler un médecin pour réaliser une téléconsultation plutôt que d’appeler le 15, appel qui débouche quasi systématiquement vers un transfert aux urgences et à une hospitalisation.
« L’hospitalisation des patients venant des Ehpad dure en moyenne 20 jours, ce qui représente 21 000 €. Or, 50% sont inutiles », atteste le docteur Laurent Schmoll.
La start-up ne compte pas se cantonner aux Ehpad, le service vise aussi les maisons de santé, les résidences seniors, les prisons, les cliniques, les pharmacies… Nemo Health veut aussi dépasser les frontières. Aujourd’hui, elle emploie 15 salariés. D’ici à six mois, elle devrait embaucher 5 personnes. Le chiffre d’affaires 2018 devrait avoisiner les 500 000 €.
Julie Giorgi
• Netlooks industrialise la fabrication de montures de lunettes sur-mesure

C’est dans les 1000 m² de bureaux et d’ateliers de production sur la vaste friche Alstom de Nancy inaugurés en septembre dernier, que Netlooks usine ses produits adaptés à la morphologie de chaque porteur de lunettes, tout en offrant un large de choix de formes et de couleurs, le tout à un prix raisonnable (à partir de 179 €).
Pierre Andrieu qui l’a fondé en 2014 a consacré trois ans et demi à la validation de sa technologie et de son business-model. Le cœur de sa technologie réside dans le procédé de digitalisation du visage, la modélisation numérique des montures et leur adaptation à chaque visage.
« Nous avons développé notre premier noyau technologique avec le centre de recherche en ingénierie numérique Micado à Sisteron (Alpes-de-Haute-Provence) avant de poursuivre la R&D en interne », détaille t-il.
Afin de tester le concept, le dirigeant, par ailleurs fondateur du réseau de l’École supérieure d’optique et de lunetterie (Esol), a ouvert un magasin pilote en 2015 à Nancy. Mais le développement de la gamme - plus de 50 formes disponibles soit 25 milliards de combinaisons de montures possibles -, et l’ouverture de plusieurs enseignes (Nancy, Lille, Saint-Dizier, Montréal et Québec), a poussé Netlooks à intégrer la partie industrielle jusqu’alors sous-traitée dans la région Centre Val de Loire. Internaliser la vingtaine d’étapes nécessaires à la fabrication traditionnelle des montures a impliqué un investissement de 300.000 €.
Les plaques d’acétate de cellulose - trois-quarts de fibres de coton mélangées, après traitement, à des plastifiants - sont usinées par une fraiseuse numérique capable de manier huit outils différents. Les branches et les façades sont ensuite polies sous l’action de buchettes de bois dans trois unités de tribofinition. Elles reçoivent ensuite leur galbe, passent par une machine à angler pour articuler les branches avec la façade, etc.
La start-up de 10 personnes table sur un chiffre d’affaires d’1 million d’€ en 2018. Mais elle voit plus loin. Sur l’ancien site Alstom, propriété de la métropole du Grand Nancy, elle a d’ores et déjà la possibilité de doubler sa superficie. Pour se développer, elle s’appuie sur deux produits : des magasins d’optique en concession exclusive, ainsi qu’une box.
Proposée depuis l’été dernier, celle-ci permet aux opticiens indépendants de proposer la gamme au travers 72 plaques d’acétates, de 8 formes de montures, avec pour chacune 6 tailles disponibles.
L’ouverture de nouvelles enseignes Netlooks à Metz, Anvers et Nantes devrait permettre d’atteindre une dizaine de magasins d’ici la fin de l’année. « Nous situons notre seuil de rentabilité autour des 20 points de vente », livre son président.
La jeune pousse qui réalise 40% de son chiffre d’affaires à l’export, veut encore renforcer son internationalisation en 2019 en ciblant les chaînes d’optique, afin d’économiser un lourd développement commercial et marketing. D’ici la fin de l’année, une offre en ligne permettra au client de composer sa monture, puis il sera en relation avec l’opticien référencé le plus proche.
Philippe Bohlinger
