HORLOGERIE/FRANCHE-COMTÉ. L'horloger de Besançon, spécialisé dans les instruments de bord et les chronos pour l’aviation, soigne son retour au salon mondial de l’horlogerie qui ouvre ses portes aujourd’hui 19 mars.

Dodane y présente cinq nouvelles versions de son Type 23, un modèle culte pour les amateurs d’instruments de mesure du temps.

Histoire d'une renaissance qui incarne le renouveau de l’horlogerie bisontine.

 

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Le modèle réalisé pour les 80 ans d'Air France.

 

Depuis la renaissance de l’entreprise, en 2001, c’est la première fois que les montres Dodane reviennent à Bâle, le salon mondial de l’horlogerie qui se déroule du 19 jusqu'au 26 mars 2015, et dont il faut être si l’on veut toucher les clients du monde entier. « Pour nous, c’est un gros investissement, mais nous avons la volonté de développer l’export », assure Cédric Dodane, son dirigeant.

 

A ce rendez-vous incontournable des horlogers, communément nommé Baselworld, la marque Dodane 1857 dévoile cinq nouvelles variations de la montre Type 23, la version civile du Type 21, son modèle iconique pour pilotes de chasse, longtemps intégré au paquetage des pilotes de l’armée de l’air.

 

Toutes affichent la marque " Besançon - France " : trois versions de chrono, une GMT (l'heure de Greenwich) et une version quartz professionnelle. Selon les modèles, les montres sont dotées du revêtement BNL (bas niveau de lumière) développé avec le franc-comtois IMI, de l’option flyback (retour en vol), d’une réserve de marche apparente…

 

Bien décidée à poursuivre l’aventure démarrée en 1857, la maison bisontine avait repris discrètement son activité dans la maison de Laurent Dodane, à Châtillon-le-Duc, dans un petit coin de verdure perché au-dessus de Besançon. C’est Cédric Dodane, son fils, qui la pilote aujourd’hui.

 

L’entreprise, alors dirigée par son père, avait été liquidée en 1994. Spécialisée dans les chronos pour l’armée de l’air, elle fut une victime colatérale de la Guerre du Golfe : elle réalisait 70% de son chiffre d’affaires dans les pays du Golfe, et avec le conflit, les marchés ont été repoussés.

 

Petits mais flexibles

 

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Deux nouvelles variations de la montre Type 23 - version civile du Type 21, le modèle iconique de Dodane pour pilotes de chasse-, qui sont présentées au salon mondial de l'horlogerie à Bâle.

 

A l’époque, Dodane avait pignon sur rue, dans la belle usine de l’avenue Montrapon, la seule jamais dessinée par Auguste Perret, l’architecte précurseur du béton armé. L’entreprise horlogère employait 120 salariés et produisait 10 000 chronos par an. « Aujourd’hui nous sommes sept dont deux horlogers à temps partiel », explique Cédric Dodane. « Nous sommes petits mais flexibles et ultra-compétents par rapport aux grandes marques. »

 

Dès le redémarrage, les Dodane père et fils avaient fait le choix de se concentrer sur les chronos de bord en visant de nouveaux marchés. « A l’époque, on estimait que ces chronos seraient utilisés pendant encore vingt ans », se souvient Cédric Dodane.

 

« Aujourd’hui, c’est encore davantage, on revient à la fiabilité mécanique. Plutôt que les gros marchés étatiques avec leurs complications politiques, nous avons visé l’aviation militaire et les jets privés. Nos chronos restent un instrument de secours pour ces appareils. »

 

La stratégie s’est révélée payante. Sur le plan commercial, Dodane s'est payé le luxe de court-circuiter les réseaux de distribution habituels en stoppant ses relations avec les bijoutiers, les laissant, peu à peu, revenir d’eux-mêmes, à la demande des clients amateurs de la marque. « Nous voulions qu’ils aient envie de nous distribuer, qu’ils aient envie de raconter une histoire », explique Elodie Dodane, l’épouse de Cédric, qui a notamment pris en main l’aspect commercial de l’entreprise.

 

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Une vingtaine de bijouteries de grandes villes sont ainsi venues à la marque, et Dodane a fini par renouer avec la rentabilité. « Aujourd’hui, nous y sommes », confie avec enthousiasme la jeune femme. En 2014, le petit horloger bisontin a réalisé un chiffre d’affaires de 780 000 € et il vient de créer un poste administratif supplémentaire pour les ventes et le SAV. « Nous avançons tranquillement en assurant nos arrières », ajoute-t-elle.

 

Les 80 ans d'Air France

 

Le décollage est récent mais bien maîtrisé. En 2013, la société a vendu 450 montres par souscription pour les 80 ans d’Air France ; en 2014, elle a produit 400 à 500 montres, et vise le seuil du millier par an. La force de la marque tient à un mélange de discrétion et de savoir-faire ultrapointu. Dodane force le respect des connaisseurs et n’a pas à rougir face aux mastodontes concurrents, les Breguet ou Bell & Ross.

 

La société n’a pas vocation à devenir grande, assurent ses dirigeants. Misant sur la qualité plutôt que sur la quantité, elle travaille en bonne collaboration avec l’Observatoire de Besançon (dont elle reste le plus gros déposant) et les sous-traitants locaux : La Pratique pour ses aiguilles, Cheval pour les couronnes, IMI pour les cadrans, Bouveret pour les bracelets, Jacquemin pour les coffrets…

 

Et si Dodane incarnait mieux que tout autre, le renouveau de l’horlogerie bisontine ?

 

Une histoire de famille et de passion

 

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L'équipe dirigeante de Dodane.

 

Sixième génération de la famille d’horlogers, Cédric Dodane est tombé tout petit dans la marmite, et l’horlogerie est évidemment devenue sa passion. Diplômé de l’IUP de Lyon, titulaire d’un master en marketing et d’un autre en gestion de PME, il a effectué tous ses stages dans l’entreprise familiale et n’a jamais envisagé autre chose que poursuivre l’aventure des montres Dodane.

 

Chargée d’affaires dans le recrutement de cadres, Elodie Dodane, son épouse, l’a rejoint dans l’entreprise en 2012. « Nous formons un binôme complémentaire. Je décharge Cédric de l’aspect commercial et de la gestion, il peut ainsi se consacrer à la stratégie et au développement du produit », Florian Dodane, le frère de Cédric, horloger de formation, est responsable du pôle horloger et son épouse, Adeline, assure une partie de la gestion et de l’administration.

 

A leurs côtés, deux maîtres horlogers affichant 40 ans de métier travaillent à temps partiel et l’objectif, à terme, est d’arriver à une taille d’une dizaine de salariés, pas davantage. « Nous sommes des artisans, nous avons une responsabilité vis-à-vis de notre travail. Ce qui nous anime, ce n’est pas la problématique du marché, mais la passion. »

 

Photos fournies par Dodane.

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