La rédaction de Traces Ecrites News effectue une première pause pendant cette semaine de congés scolaires. En attendant de nous retrouver le 7 novembre, nous vous proposons un retour sur quelques événements économiques marquants de cette rentrée 2022-2023. Aujourd'hui : Le site Stellantis de Metz (Moselle) a démarré, juste avant l'été, la production d’une nouvelle gamme de boîtes de vitesse, des transmissions électrifiées. A nouvelle technologie nouveau modèle industriel, puisque le constructeur automobile confie cette fabrication à une co-entreprise avec l’équipementier Punch Powertrain.
PARU LE 7 SEPTEMBRE 2022. L’usine d’assemblage de boîtes de vitesse du groupe Stellantis à Metz passe la cinquième. La venue au début de l’été de Carlos Tavares, le patron du constructeur automobile, a permis de mesurer de visu le virage pris par le site de 1.000 salariés. Le contraste entre les lignes de boîtes mécaniques, toujours en activité quelques temps et celles flambantes neuves des versions électrifiées est saisissant : la nouvelle halle de production évoque davantage une salle blanche de la micro-électronique ou de l’industrie pharmaceutique qu’un atelier mécanique.
Cette différence est accentuée par l’optimisation de l’espace, les nouvelles chaînes d’assemblage étant 50% plus compactes que leurs homologues plus anciennes. Le ballet d’une centaine de chariots automatisés AGV depuis et vers la zone de préparation des kits renforce encore cette dissonance.
La construction et l’exploitation du nouvel atelier a été confiée à la co-entreprise E-transmissions que se partagent Stellantis et son partenaire Punch Powertrain, l'équipementier belge par ailleurs propriétaire de l'usine de boîtes de vitesse ex-General Motors de Strasbourg et appartenant au groupe chinois Yinyi. Dans la galaxie de la mobilité bas carbone, la nouvelle boîte de vitesse électrifiée est destinée à l’hybridation légère. Autrement dit, ce module de 48 volts baptisé e-DCT vient se coupler à un moteur essence en vue d’offrir un gain de 15% en consommation énergétique.
« Cette transmission électrifiée est capable de propulser les roues du véhicule même lorsque le moteur thermique est à l’arrêt. Elle se recharge automatiquement. Au final, la technologie e-DCT apparaît comme une étape dans la transition vers le véhicule 100% électrique », détaille Christian Müller, vice-président en charge des systèmes de propulsion pour l’Europe chez Stellantis.
Huit ans de visibilité

Le constructeur est convaincu que le tandem moteur thermique-boîte électrifiée constituera le standard des ventes jusqu’en 2030, soit cinq ans avant l’échéance fixée par l’Union européenne pour l’arrêt de la production des véhicules thermiques. « Cela représente encore huit ans de visibilité pour nos sites industriels, ce qui est énorme », insiste Marc Bauden, le directeur du pôle Stellantis de Trémery-Metz.
Concrètement, l’usine de Metz table sur une production annuelle de 600.000 unités à l’horizon 2024. Deux modèles seront assemblés, respectivement pour des moteurs essence de 100 et 136 CV.
La première ligne est entrée en production en mai dernier. Elle mobilise 88 salariés de E-transmissions, des transfuges de Stellantis. Parmi eux, figure Sébastien Michel, ancien responsable de production des moteurs essence de petite cylindrée sur le site voisin de Trémery (Moselle). Nommé responsable production de la co-entreprise, il se dit « motivé par le challenge et intéressé par cette nouvelle technologie ». La seconde ligne devrait être lancée en septembre 2023. En vitesse de croisière, E-transmissions emploiera localement 500 personnes.
Carlos Tavares a confié sa satisfaction de voir d’anciens salariés Stellantis rejoindre le nouveau projet. « Nous leur avons donné des formations, de nouvelles compétences », a indiqué le directeur général du groupe tout en insistant sur « l’extrême sophistication » de la technologie de la version électrifiée. Plus complexe qu’une boîte mécanique classique, elle nécessite l’assemblage de 400 pièces.
Les syndicats de Stellantis s’interrogent cependant sur la possibilité de maintenir à terme le millier d’emplois de Metz en cas d’arrêt de la fabrication des boîtes de vitesse mécaniques.
Lors de sa venue à Metz, le numéro un de Stellantis Carlos Tavares a évoqué les enjeux énergétiques, expliquant que le groupe préparait « un plan stratégique de planification. Pourrons-nous produire notre propre énergie, en visant une forme d’autonomie ? Nous avons des surfaces foncières disponibles pour cela. Est-ce que nous investirons seuls ou en partenariat ? Nous nous posons également la question d’investir sur des sites dont nous ne sommes pas propriétaires. »
Le directeur général du constructeur issu de la fusion entre PSA et Fiat a également tenu à replacer l’automobile dans le contexte global de la mobilité électrique. « On a commencé par le plus facile : fabriquer des véhicules électriques. Or les enjeux les plus longs à traiter sont : L’énergie sera-t-elle propre et y en aura-t-il suffisamment ? Est-ce que le réseau de bornes de recharge sera assez développé ? Quelle est la mobilité que souhaitent nos concitoyens dans vingt à trente ans ? »
Pour répondre à ces questions, le groupe lancera en 2023 un forum ouvert au public sur les enjeux de la mobilité durable. En effet, si Stellantis estime que sa part de marché devrait demeurer stable autour de 20 à 24% en Europe, l’interrogation porte sur la taille de ce marché, dans un contexte de baisse régulière des ventes depuis de longs mois.