MECANIQUE/CHALON-SUR-SAONE. Ce pourrait être l’histoire banale de petites sociétés, juste sous-traitantes, qui tirent pas trop mal leur épingle du jeu avec un début de reprise économique.
Avec EML et sa filiale LTB Production, acronymes respectifs issus la première lettre du nom du fondateur et de ses associés, on plonge dans la R&D, l’ingénierie, la co-traitance, le service sur-mesure…
A l'occasion de l'inauguration des nouveaux ateliers de LTB, Patrice Laurent et son collaborateur Hervé Jacob campent leur décor et expriment par ailleurs tout le sel, trop longtemps ignoré, de l’industrie française.

Il y avait foule ce 1er décembre dans la toute nouvelle unité de LTB Production, accolée à sa maison mère EML dans la zone d’activités de Chamforgeuil, près de Chalon-sur-Saône et en bordure de l’autoroute A6.
L’entreprise, spécialisée dans l’usinage de pièces pour machines spéciales, inaugurait ses nouveaux locaux d’environ 1.000 m2 en accueillant clients, prospects et voisins. Nathalie Guignard de l’entreprise de robotisation qui porte son nom à Viry (Jura) et Régis Bachellier, son directeur industriel, n’auraient pour rien au monde voulu rater l’événement malgré un temps de chien.
L’attraction du jour, à la complainte lancinante, fabriquait à la demande des décapsuleurs et prenait la forme d’une machine de découpe au jet d’eau jusqu’au 1/10ème. Avec les locaux, l’investissement global s’élève à un peu plus de 750.000 €. « Ce n’était pas un luxe car LTB, née de la reprise en février 2014 de l’activité de la société ERI, était toujours locataire des murs de cette dernière », indique Hervé Jacob, le responsable technique.
« J’ai fait à l’époque cette croissance externe pour être plus réactif en matière d'usinage de pièces lié au métier d’EML qui réalise tout ou partie de machines-outils », explique Patrice Laurent, le gérant et actionnaire majoritaire. Parmi quelques réalisations étonnantes à son actif : l’installation d’outillage au cœur d’une centrale nucléaire ou encore la conception et réalisation d’une machine pour assembler les clés de voiture.
Des recrutements souhaités
Sous l’impulsion d’Hervé Jacob, LTB Production qui réalise un chiffre d’affaires autour de 500.000 € et emploie six salariés, prend aussi son indépendance. « Nous développons une clientèle d’autres donneurs d’ordres avec pour spécificité une attention toute particulière au service, comme la maintenance de pièces ou d’outillages et le respect des délais », justifie-t-il.

De son côté, EML, fondée en 2008 par Patrice Laurent et installée à ses débuts à Allerey-sur-Saône, toujours en Saône-et-Loire, tire fort bien son épingle du jeu de la reprise économique qui s’installe. Avec pour credo la réactivité et le rapport qualité-prix, le dirigeant en a fait une entreprise à la clientèle diversifiée : nucléaire, cosmétique, agroalimentaire…
Pas moins de 17 personnes, dont 6 affectées au bureau d’études, y travaillent, contribuant à un chiffre d’affaires de 4 millions d’€, dont 30% apportés par la maintenance effectuée directement chez les clients.
« Il me manque bien 5 à 6 postes, alors l’intérim fait le lien, mais ce n’est pas toujours une solution, aussi je compte bien former rapidement quelqu’un en l’amenant à décrocher un BTS par alternance », assure Patrice Laurent.

Et oui, nombre de PME recherchent actuellement du monde, mais elles ne trouvent pas chaussure à leur pied, faute d’avoir valorisé durant des décennies les innombrables métiers de l’industrie, en adaptant les formations et notamment l’apprentissage, aux différents besoins des filières.
Qui est Patrice Laurent ?

Cet enfant de Paray-le-Monial, âgé de 44 ans, décroche un BTS de conception de produits industriels, puis il intègre durent trois ans, à Vendenesse-sur-Arroux, l’entreprise Laurent - pure homonymie -, devenue Modules Associés.
Ses pas le rapprochent ensuite de Chalon-sur-Saône, où il est recruté par ART Industrie Bourgogne, spécialiste en maintenance et transfert industriel.
Au bout de dix ans, une volonté d’indépendance prend le pas, l’amenant à créer EML et à monter ce petit pôle de compétences, avec notamment pour tous les travaux d’électricité et d’automatismes, une collaboration fructueuse engagée auprès de Bourgogne Automation, installée sur la zone d’activités chalonnaise Saôneor.
Qui est Hervé Jacob ?

Double titulaire d’un CAP et aussi d’un BEP, cet homme de 51 ans est un pur produit des bureaux d’études. LTB est son quatrième poste. C’est un ancien collègue qui lui fait décrocher cette opportunité professionnelle.
« J’ai notamment œuvré dix années au sein d’un bureau d’études à Lyon directement en lien avec les machines spéciales, aussi ne suis pas dépayseé et j’ai surtout le plaisir de retrouver le terrain », confesse-t-il.
