AGROALIMENTAIRE. Noël approche et c’est donc le retour d’Abtey dans les rayons. La chocolaterie familiale de Heimsbrunn, près de Mulhouse (Haut-Rhin), a fait le choix de concentrer la quasi-totalité de son activité sur les deux périodes phares pour son produit, les fins d’année et Pâques.

Un investissement de 1,2 million d’€ augmente sa capacité de production à 1 500 tonnes/an. Le chiffre d’affaires clos au 30 avril a progressé de 10 % lors de l’exercice 2013/14 et  les perspectives 2014-2015 sont également bonnes.

 

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En cette période d'avant Noël, les chocolats à la liqueur représentent la moitié de la production de l'atelier de Heimbrunn. ©Christian Robischon.

 

Les deux moments sont différents et les pratiques de consommation s’en ressentent. « A Pâques, le lait et le blanc sont plus présents. C’est aussi le temps des moulages ludiques. A Noël, le noir domine très nettement et nous avons à cette période une forte proportion, de l’ordre de 50 %, de chiffre d’affaires, qui vient des produits à la liqueur », expose Anne-Catherine Roedel, directrice générale.  

 

La liqueur, c’est un peu la marque de fabrique d’Abtey. Mais attention, pas n’importe laquelle ! Celle sans croûte de sucre, qui garde de ce fait bien mieux le goût en bouche. Henry et Amélie Abtey, les grands-parents d’Anne-Catherine Roedel, ont inventé la recette spécifique après-guerre, dans leur modeste pâtisserie-chocolaterie de Mulhouse.

 

Chemin faisant, leur affaire a eu besoin de gagner en place si bien qu’elle s’est installée en 1974 sur le site périphérique de Heimsbrunn où elle se déploie aujourd’hui sur 7 500 m2. En 1986, leur fille Odette a repris les rênes qu’elle a cédées il y a quatre ans à sa propre fille.

 

La Russie et la Chine

 

Si la période des ventes en grande distribution est concentrée dans le temps, les 98 salariés permanents travaillent toute l’année, renforcés par une centaine de saisonniers fidèles d’août à février.

 

La chocolaterie se développe aussi à l’export : il représente 28 % de l’activité, dans 35 pays. Le haut du podium est partagé par deux marchés sur lesquels on n’attend pas forcément une petite entreprise régionale : la Russie et la Chine.

 

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Le magasin situé dans les mêmes locaux que l'usine devrait passer, selon les souhaits de la direction, de 3% du chiffre d'affaires à 7%. ©Christian Robischon.

« D’une part, nous sommes présents depuis trente ans au salon international de référence ISM à Cologne où nous pouvons toucher les prospects venus d’un peu partout. D’autre part, nous faisons partie de ceux qui véhiculent l’image de la qualité des produits alimentaires français à l’étranger. Ainsi pour les chocolats à la liqueur, nos fournisseurs figurent parmi les marques emblématiques de cette French touch appréciée dans le monde (Rémy Martin, Cointreau, Grand Marnier…) », explique Anne-Catherine Roedel.

 

Japon, Canada et Belgique (pourtant un fief du chocolat !) figurent aussi dans le haut du peloton des ventes hors France.

 

Visite-dégustation

 

La nouvelle dirigeante souhaite ajouter un troisième pied à la distribution : la vente directe dans le magasin de Heimsbrunn. Sa part dans le chiffre d’affaires est aujourd’hui anecdotique, à 3 %.

 

« L’objectif se situe à 7 % dans les trois ans ». Pour y parvenir, Abtey a lancé cet automne une offre de visite-dégustation. Après un historique sur le chocolat, le public assiste à la transformation de la matière venue de Côte d’Ivoire, au moulage… avant de savourer le résultat final et, espère l’entreprise, de repartir toutes emplettes faites.

 

Abtey se porte plutôt bien : le chiffre d’affaires clos au 30 avril a progressé de 10 % lors de l’exercice 2013/14 pour se situer à 13 millions d’€. Les perspectives 2014-2015 sont également bonnes.

 

La PME a investi cette année 1,2 million d’€, pour augmenter sa capacité à 1 500 tonnes/an et pour « se redonner de la souplesse dans le process », selon la directrice générale. Le parc machines a été modernisé, et le magasin s’est refait une beauté dans la perspective de l’accueil d’un plus grand nombre de clients. Les embauches ont aussi été au rendez-vous : dix nouveaux emplois ont accompagné l’investissement.

 

« En cette période que nous savons difficile pour le pouvoir d’achat, le chocolat reste un produit abordable. Les petits packagings permettent les petits prix », souligne la dirigeante. Certains ajouteront que les supposées vertus antidépressives font de la tablette une compagne appréciée en temps de crise…

 

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Anne-Catherine Roedel, directrice générale d'Abtey et petite-fille des fondateurs. ©Christian Robischon.

 

Qui est Anne-Catherine Roedel ?

« Cette entreprise, c’est un peu ma vie, c’est vrai ».

Anne-Catherine Roedel, petite-fille des fondateurs, a repris presque naturellement la succession en 2010. « J’ai toujours travaillé ici, m’occupant du marketing. Quand il s’est agi de reprendre le flambeau, j’ai été un peu poussée par les salariés ».

La jeune femme de 43 ans aujourd’hui s’est préparée minutieusement à son futur rôle. Elle a suivi pendant trois ans des études en gestion et management, dans un cursus de l’IFG à Strasbourg, avec un accent plus poussé vers le commerce international.

Elle prend à cœur l’intégration de la PME dans son tissu professionnel. Elle a fait adhérer Abtey à l’Aria Alsace, l’association régionale des entreprises agro-alimentaires. Elle l’a rendu partenaire du « Marché de l’oncle Hansi », un groupement de marques alsaciennes. Et siège au conseil d’administration du Syndicat français du chocolat. « J’y suis un peu la voix des PME ».

 

 

 

 

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