L’heure est à fusion pour plusieurs chambres de commerce et d’industrie (CCI) de l’Est. Un mariage, souvent moins d’amour que de raison pour faire face à la baisse drastique des recettes fiscales propres, orchestrée par les gouvernements successifs. La taxe pour frais de chambre, acquittée par leurs ressortissants, se voit réduite d’année en année à peau de chagrin. Leur grand défi aujourd’hui consiste à passer d’un fonctionnement administratif à un rôle de prestataires de service, notamment pour les collectivités locales.

 

Le scrutin qui se déroule jusqu’à ce mardi 9 novembre minuit renouvellera les représentants des chambres de commerce et d’industrie (CCI) dans un contexte bien particulier pour certaines d’entre elles situées dans l’Est. En Bourgogne-Franche-Comté, des mariages consulaires s’opèrent. A l’image des CCI de Côte-d’Or et de Saône-et-Loire qui donneront naissance le 29 novembre à la CCI Métropole de Bourgogne, ou encore des CCI du Doubs et de Haute-Saône qui accoucheront de celle baptisée : Saône-Doubs.

La fusion est déjà actuée dans certains territoires. La CCI Meuse Haute-Marne est opérationnelle depuis 2019, née de l'implication réciproque des deux organismes dans le projet d'enfouissement des déchets nucléaires, Cigéo, dont l'enquête publique vient de se terminer. En Alsace,  la fusion des CCI de Strasbourg, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin en CCI Alsace Eurométropole est encore plus ancienne (2016). 

 

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Ces fusions découlent pour beaucoup d’un principe de réalité financière. La taxe pour frais de chambre (TFC) que les CCI percevaient fond comme neige au soleil : de 1,4 milliard en 2013 à 600 millions en 2019 et sans doute pas plus de 375 millions l’an prochain. « Entre 2017 et 2021, la baisse atteint 50% et sur 10 ans, 71% », constate Pascal Gautheron, probablement le futur président de la CCI Métropole de Bourgogne car seul candidat en lice sur une liste unique qui a su opérer l’équité entre les deux territoires et les représentants des syndicats patronaux, CPME et Medef.

C’est dire si, ici comme ailleurs, l’organisme consulaire doit se réinventer et trouver des recettes propres, passant d’un fonctionnement principalement administratif à un rôle de prestataires de service. « Nous avons anticipé ce changement depuis un certain temps par la mutualisation des principaux services », précise le candidat bourguignon pas peu fier de citer également la gestion de trois ports fluviaux, d’un CFA de l’automobile et d’une offre d’accompagnement économique auprès des collectivités locales.

 

En majorité des listes d'union mais quelques duels notamment en Lorraine

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De nombreuses CCI gèrent des CFA, comme ici celui de l'automobile à Mâcon.

 

Dans la plupart des territoires de l'Est, l'heure est à l'union entre les deux pincipaux syndicats patronaux, Medef et CPME. Comme en Côte-d'Or et en Saône-et-Loire, les représentants de la future CCI Saône-Doubs seront issus d'une liste commune et pour l'heure, un seul candidat s'est déclaré à la présidence, Jean-Luc Quivogne, actuellement président de la CCI de Haute-Saône.

Dans le Territoire de Belfort aussi, Alain Albizati  conduit une liste d’union. En Alsace, CPME et Medef se rangent derrière Jean-Luc Heimburger. A noter le cas particulier une candidature individuelle en la personne de Bernard Kossmann, dirigeant de Inneo Solutions à Bischwiller (Bas-Rhin), adhérent CNDI (Coordination Nationale Des Indépendants).

 

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La liste unique d'union ne fait toutefois pas l'unanimité partout. C'est le cas en Lorraine. Candidat à sa succession à la CCI Metz Métropole Moselle, Fabrice Genter issu de la CPME (liste Ensemble faire gagner les PME de Moselle !) est challengé par le nouveau président du Medef Moselle Metz Métropole,  André Bousser (liste Unis pour Entreprendre). En Meurthe-et-Moselle, l'élection ressemble davantage à un duel entre deux personnes qu'à une confrontation patronale. Le président sortant de la CCI Grand Nancy 54, François Pélissier, candidat à un 3e mandat, se trouve face à l'ex-présidente du Medef 54, Christine Bertrand, également pour un 3e mandat, l'un et l'autre accueillant sur leur liste des représentants du Medef et de la CPME.

Dans la Nièvre, le président sortant Franco Ortis ne se représentant pas, deux listes s'opposent : l'une menée par Thierry Doubre, président de la fédération départementale du bâtiment, qui porte  l'étiquette CPME, l'autre par Philippe Richard, président du Medef Bourgogne-Franche-Comté. 

Reste maintenant à savoir si les futurs élus le seront avec suffisamment de crédibilité, tant l’abstention est à chaque scrutin, importante pour ne pas dire abyssale. Un taux de participation autour de 10% sera déjà une victoire en dépit d’un mode de votation électronique d’une simplicité et d’un confort appréciable. Le scrutin sera clos le 9 novembre à minuit.

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Beaucoup de chambres consulaires gèrent aussi des ports. En photo, celui de Mâcon, géré par la CCI Saône-et-Loire.

 

Toutes photos proviennent des CCI de côte-d'Or et de Saône-et-Loire.

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