Aux besoins de recrutement des secteurs du bâtiment et des travaux publics, de la métallurgie et de la mécanique, du transport routier, la pandémie du Covid-19 a ajouté les métiers du service à la personne et de l’hôtellerie restauration. C’est ce que révèle l’enquête annuelle « Les besoins en main d’oeuvre » de Pôle Emploi. La situation en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand Est.
Métiers du bâtiment et des travaux publics, de la métallurgie et de la mécanique, conducteurs routiers… Les besoins les plus aigus en main d’oeuvre incarnant les métiers dits en tension où les candidats font défaut, restent les mêmes, montre l’enquête « Les besoins en main d’oeuvre » (*) récemment publiée par Pôle Emploi. La pandémie du Covid-19 y a ajouté quelques autres, relevant des services principalement. Elle a mis au grand jour les lacunes dans les services à la personne (aide à domicile, dans les Ehpad) et plus généralement de la santé (aides soignantes, infirmières).
La pandémie a aussi lapidé les effectifs des cafés et restaurants après la fermeture de ceux-ci plusieurs mois pendant les confinements. Les besoins dans l’hôtellerie restauration (serveurs, cuisiniers) ont exposé de 133% en Bourgogne-Franche-Comté : 16.137 offres étaient déposées sur le marché à fin février 2022. Dans le Grand Est, ce sont 60% des projets d’embauche qui se situent dans ce secteur (3.639 offres).

Plus globalement, en Bourgogne-Franche-Comté, un emploi sur deux se situe dans les services, tous métiers confondus et même davantage si on y inclut le commerce. Dans le Grand Est, les services représentent un tiers des intentions d’embauche. La pandémie, du fait de la fermeture des lieux culturels, a aussi créé des besoins dans l’animation culturelle (y compris des postes de direction) qui n’existaient pas avant (3.000 recrutements en Bourgogne-Franche-Comté, 2.677 professionnels du spectacle dans le Grand Est).

Enfin, un secteur devient lui aussi « en tension » : l’agriculture, phénomène issu de la pyramide des âges et du désintérêt du travail saisonnier. On recrute dans les fermes et les domaines viticoles : 35.764 personnes dans le Grand Est, 17.826 en Bourgogne-Franche-Comté, ces chiffres représentant une grande part de saisonniers. « 4 sur 10 sont difficiles à recruter », commente Michel Swieton, directeur régional de Pôle Emploi Bourgogne-Franche-Comté.
Demandeurs d’emploi de longue durée et débauche de la concurrence

L’équation est d’autant plus difficile à résoudre que le pays est presque en situation de plein emploi. Le taux de chômage en Bourgogne-Franche-Comté était de 6,2% au 31 mars 2022 (source Insee), inférieur à la moyenne nationale et même plus bas dans certains bassins d’emploi comme à Beaune (4,1%). Il est supérieur dans le Grand Est avec 7,2% au 31 mars 2022 (source Insee), mais se situe sur une trajectoire d’amélioration (Lire encadré).
Comment alors résoudre cette équation ? Pôle Emploi qui accompagne les demandeurs d’emploi dans leur recherche d’emploi ainsi que les entreprises en phase d’embauche, se mobilise sur le public des jeunes à la recherche d’un premier emploi et puise dans le vivier des chômeurs de longue durée (44.761 sans aucune activité depuis 12 mois en Bourgogne-Franche-Comté sur un total de 105.455 inscrits) pour répondre aux besoins des entreprises. Mais le passage quasi obligé par la formation trace un long chemin vers la vie active qui peut être raccourci lorsque l’entreprise précède l’embauche définitive par un contrat de professionnalisation assorti d’une formation en interne, explique Pôle Emploi.

Lorsque le poste nécessite une qualification particulière, les recruteurs ont pris l’habitude d’aller chercher des compétences chez le concurrent, phénomène qui s’accélère avec la jeune génération beaucoup plus mobile que ses aînés. « Les entreprises doivent fidéliser pour garder les recrues, celles qui ne le font pas doivent mener un travail d’amélioration de leur image, des conditions de travail et de facilités au quotidien comme la mobilité », commente Michel Swieton.
Les prochains mois diront si cette dynamique ne se grippe pas avec la guerre en Ukraine. L’enquête Besoins en main d’oeuvre ayant été clôturée fin 2021, elle ne traduit pas l’impact des pénuries et du renchérissement des matières premières et les pertes ou retards de commandes qui pourraient freiner les intentions d’embauche.
• 105. 400 projets de recrutement Bourgogne-Franche-Comté, en progression de 12 % par rapport à 2021. 28,4% des établissements de Bourgogne-Franche-Comté envisagent de recruter en 2022 (contre 32,8% au niveau national). Cette proportion est plus importante dans la construction (36,6%), l’industrie agroalimentaire et l’agriculture (29,7%) et du commerce (29,5%).
Dijon, avec 16.470 projets, est le bassin d'emploi qui recrute le plus (16% des projets de la région) devant Besançon (10.120), Beaune (7.580), Auxerre (6.780), Chalon-sur-Saône (6.740) et Mâcon (6.490).
• 216.000 projets de recrutement dans le Grand Est en 2022, en augmentation de 16,8% par rapport à 2021. 58,3% (126.216 projets) des intentions de recrutement sont jugées difficiles par les employeurs, soit une hausse de 13,6 points par rapport à 2021. Les cinq profils les plus recherchés par les employeurs de la région dans le cadre de projets d’embauche non saisonniers sont ceux des agents d’entretien de locaux, des aides à domicile et aides ménagères, des aides-soignants, des aides, apprentis et employés polyvalents de cuisine et des ouvriers non qualifiés de l’emballage et manutentionnaires.
(*) Enquête Besoins en Main-d’oeuvre : Chaque année, Pôle emploi adresse un questionnaire aux établissements afin de connaître leurs besoins en recrutement par secteur d’activité et par bassin d’emploi.
Les résultats complets en Bourgogne-Franche-Comté : http://observatoire-poleemploi-bfc.fr à laquelle ont répondu 21.250 établissements représentatifs de l'économie régionale (secteur d'activité, taille et lieu d'implantation des entreprises).
Les résultats complets dans le Grand Est : www.statsemploi-grandest.fr à laquelle ont répondu 35.058 établissements représentatifs de l'économie régionale (secteur d'activité, taille et lieu d'implantation des entreprises).