Immobilier de bureaux. Ce jeudi 30 juin, au parc Valmy à Dijon, la société d'ingénierie Seturec inaugure une nouvelle génération de bureaux, celle qui deviendra la règle en 2020. Le 255, bâtiment dont elle occupe un étage, est à énergie positive : il a été conçu pour produire plus d'énergie qu'il n'en consomme.
Sur le papier, tout confère à faire de cet immeuble de bureaux de 3400 m2 un modèle écologique et économique.
Tranformés pour l'occasion promoteurs avec le cabinet d’expertise comptable dijonnais ECA (42 salariés) qui cherchait aussi un nouveau toit, les ingénieurs de Seturec et l'architecte Cédric Vernay (Dijon) ont passé en revue toutes les solutions techniques pour en faire un bâtiment économe.
Résultat : pour obtenir une enveloppe isolante à forte inertie thermique, ils ont choisi de bâtir une ossature métallique, de monter les façades en briques monomur et de les isoler par l'extérieur avec un enduit à base de billes de polyester. La toiture est recouverte de panneaux isolants. Une parfaite étanchéité à l'air au niveau des points sensibles que sont les menuiseries bois/alu à double, voire triple vitrage, complète l'isolation du bâtiment.
Choisie pour ses propriétés hygrothermiques, la brique permet de se passer de climatisation. Un système de ventilation double flux est raccordé à des puits hydrauliques creusés autour du bâtiment. L'eau qui y circule à une température de l’ordre de 12°c rafraîchit l'air l'été et le préchauffe l'hiver.
Pour améliorer sa sobriété, les concepteurs ont ajouté deux chaudières à pellets (granulés de bois) de 35 kilowatts et installé une cuve de récupération des eaux de pluie de 20 m3, pour les WC et l’arrosage des espaces verts.
La consommation d’un appartement de 100 m²
A ce stade, le bâtiment est passif, c'est-à-dire qu'il consomme très peu d'énergie, voire pas du tout grâce aux apports solaires naturels (baies vitrées) ou par les calories émises en interne : matériel électrique et occupants. 460 m2 de panneaux photovoltaïques en toiture le font basculer vers l'énergie positive.
Lorsqu'il sera entièrement occupé, le 255 devrait consommer 15 kilowattheures (1) d'énergie primaire par m2 et par an (chauffage + eau chaude + ventilation) et 50 kilowattheures tous usages, et produire 12% de plus que sa consommation totale d'énergie primaire. Une simulation dynamique livre une production annuelle équivalente à la consommation d’un appartement de 100 m².
«Nous avons évalué que l’économie de charges de fonctionnement sur 10 ans par rapport à un bâtiment classique et néanmoins performant, serait de l’ordre de 750 000 euros», précise Guillaume Guerlot, qui dirige deux sociétés d'ingénierie et d'architecture (15 salariés) à Dijon, Seturec et Arkos Construction «Et le bilan des charges comprenant l’entretien, les frais de fonctionnement, de chauffage et le produit de la vente d’électricité est de l’ordre de 0 euro», ajoute t-il.
Reste maintenant à transformer l'essai au fil des usages. Pas question dans ce genre d'immeuble de laisser les lumières allumées inutilement, d'avoir du matériel de bureautique trop gourmand, de prendre l'ascenseur quatre fois par jour et de laisser les portes d'entrée grandes ouvertes… Le promoteur mettra d'ailleurs en place une gestion technique du bâtiment afin de surveiller l'évolution des consommations du bâtiment et modifier les principaux paramètres si nécessaires.
Seturec prouve qu'il est possible de faire un bâtiment avec 10 ans d'avance, à un prix de revient raisonnable : 1100 € le m2, panneaux photovoltaïques compris. Les trois plateaux de 300 m2 qu'il reste à commercialiser sont vendus 138 € le m2, à comparer avec la moyenne du tertiaire neuf à Dijon, autour de 125 €.
Le cabinet d'ingénierie souhaite d'ailleurs le reproduire ailleurs. Il dit avoir des contacts à Besançon et en Ile-de-France.
(1) Un kilowattheure (kWh) est l’énergie produite ou consommée par une machine de 1 kW (1000 watts) pendant une heure de fonctionnement.