Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) instruit, perfectionne ou tout simplement initie une quarantaine de prescripteurs chaque année, venant de tous les horizons du tourisme. La finalité : avoir les bases solides pour renseigner ou simplement orienter une clientèle, française comme étrangère, désireuse de mieux connaître, apprécier et aussi acheter les vins bourguignons.
La communication la plus simple est souvent la meilleure. On peut certes s’offrir à prix d’or des campagnes avec visuels et slogans aguicheurs pour espérer toucher le plus grand nombre. On peut aussi utiliser la bonne vieille méthode du bouche à oreille. À condition que les bouches soient avisées de ce qu’elles disent.
C’est la formule choisie par Le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) qui fédère la grande famille des viticulteurs et celle des négociants. Une fois par an, à Beaune (Côte-d’Or), le cadre de son école de formation intégrée (*) accueille sur deux jours une quarantaine de prescripteurs du vaste monde touristique régional (**). Elles et ils sont salariés de voyagistes, d’offices du tourisme et syndicats d’initiative, de sites patrimoniaux ouverts à la visite, de lieux d’hébergement et de restauration aussi divers que variés…
Mais pas seulement : des spécialistes du vin, sommeliers, guides, personnels employés à la vente en boutiques ou caveaux, viennent aussi réviser leurs classiques. « Nous balayons un spectre très large pour que chacun(e) trouve, lorsque qu’on l’interroge sur nos vins, matière à expliquer les rudiments, savoir où trouver une information plus fouillée et faire tout simplement aimer le produit phare de toute une région », argumente Virginie Valcauda, directrice du marketing et de la communication au BIVB.
La session à laquelle nous avons eu la chance d’assister était animée par Jean-Pierre Renard, œnologue et formateur vedette à l’École de vins de Bourgogne. Avec lui pas de langue de bois, pas de verbiage ponctué de discours aussi amphigouriques qu’abscons. Tout le monde peut suivre, tant cet homme d’une immense culture viticole, sait rendre son enseignement simple et ludique.

À l’évocation des accords mets et vins, il décrit le style des vins et invite dans la foulée à des exercices pratiques avec gougères, jambon persillé, saumon fumé ou encore chocolat. Nombreux trouvent le mariage évident, mais allez donc savoir le refaire ensuite… On sourit lorsqu’il aborde l’éthylisme des hommes d’antan où le litre de vin journalier était érigé en nécessité vitale pour avoir force et vigueur, se désinfecter et se nourrir !
« Le vin, c’est avant tout cérébral. »
« L’arrivée de l’eau courante et potable dans les foyers a fait chuter de façon drastique la consommation », glisse-t-il. On rit à son côté emprunt de malice lorsqu’il aborde le traitement des vignes en biodynamie (1% des exploitations). À ses yeux, « Il faut vraiment avoir la foi. » Mais Jean-Pierre Renard ne transige pas pour autant sur le respect de l’environnement et les efforts fait par la filière qu’il explique longuement. L’auditoire écoute religieusement et rares sont les questions.
Tout le volet de la vinification, légèrement plus technique, laisse encore plus coi. On s’aperçoit que faire du vin est un métier complexe qui conjugue compréhension de la nature, sens de l’anticipation, maîtrise de la technologie des matériels de plus en plus sophistiqués et respect des étapes du process. « Le pinot noir, cépage des rouges, donne des vins délicats, fins élégants, les boiser à l’excès comme l’imposaient quelques chantres médiatiques dans les années 1970 a été une absurdité, pour ne pas dire une faute de goût », tonne le formateur qui pour les vins naturels (sans apport de souffre) n’a pas plus d’indulgence. Car selon lui, ils vieillissent mal.

À ce stade, les langues se délient. « Cela nous ouvre à un autre langage », explique les participantes du domaine Lejeune, à Pommard. « Nous sommes venus pour obtenir une certification oenotouristique, car nous sommes entre deux vignobles, Bourgogne et Jura », indiquent les représentants d’Hello Dole qui gère l’office du tourisme de la cité comtoise. « C’est riche, voire dense, parfois trop dense pour nous », notent les vendeuses du Tour du Monde des Épices, extraordinaire franchise de vente d’épices, de thés, vinaigres et vins, implantée à Buxy (Saône-et-Loire).
Et puis, vient le moment espéré de la dégustation. Cinq vins sont mis à l’honneur. « Il faut savoir monter en puissance et lorsque vous en servez plusieurs, un vin ne doit jamais faire regretter le précédent », commente Jean-Pierre Renard pour qui chaque vin doit raconter une histoire, offrir un enchantement, provoquer des souvenirs. « C’est avant tout un produit cérébral. »

Les après-midi des deux journées se déroulent à l’extérieur (déplacement en autocar) où l’on apprend à lire un paysage viticole, où l’on découvre une cuverie ou encore, l'on fait une leçon de chose au pied d’un cep de vigne, avant de visiter pour finir un domaine comme celui du Château de Melin, à Auxey-Duresses, dégustation à la clé comme il se doit.
(*) L’école des vins de Bourgogne indique qu’il lui reste deux places pour sa formation unique au monde : la découverte, verre à la main, des 33 grands crus de Bourgogne.
(**) Avec un tronc commun pour l’ensemble des participants la première journée, puis une poursuite, selon leur origine géographique dans l’un des trois grands vignobles : Côte-d’Or, Saône-et-Loire et Yonne, le lendemain. Ce stage coûte seulement 60 euros correspondant au deux repas de midi.

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