Chargement de conteneurs de la Compagnie française de navigation rhénane sur son site au terminal de Bruxelles.
Chargement de conteneurs de la Compagnie française de navigation rhénane au terminal de Bruxelles.

TRANSPORT FLUVIAL. C’est l’heure des grandes manœuvres parmi les transporteurs de conteneurs fluviaux en Alsace.

La Compagnie française de navigation rhénane cède cette activité à un concurrent hollandais.

Son confrère Contargo mise sur les transferts de charges au ferroviaire et H&S se cherche un repreneur.

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La Compagnie française de navigation rhénane (CFNR) a cédé sa branche conteneurs au hollandais Danser. Le transfert devient effectif début avril. Il concerne environ 20 personnes qui changent de pavillon, à commencer par Guy Erat : le Monsieur conteneur de la CFNR  devient directeur de Danser France.

Filiale d’Atic Services, lui-même composante du groupe sidérurgique ArcelorMittal, la CFNR exploitait une dizaine de lignes vers la mer du Nord, dont celles au départ de Mulhouse-Ottmarsheim (Haut-Rhin) et Strasbourg.

L’ensemble a représenté 100 000 EVP (*) l’an dernier, un chiffre en baisse annuelle d’environ 20 %.

L’Alsace a apporté sa part à ce recul : c’est la CFNR qui assurait depuis le terminal d’Ottmarsheim les transports de pièces et sous-ensembles de PSA Vesoul vers l’Iran dont l’arrêt a été médiatisé.

Ainsi que les expéditions de la papeterie UPM Stracel de Strasbourg qui a stoppé sa production en attendant sa reprise par un tandem germano-belge.

« Les périodes de crise s’accompagnent souvent d’un recentrage sur le cœur d’activité et pour la CFNR, ce « core », constitué du transport de vrac, représente 75 % du total », explique Guy Erat.

Danser constituait un candidat repreneur "naturel" : il a déjà noué des alliances avec la CFNR.

Les nouveaux sites viennent bien compléter la carte des implantations de l'opérateur hollandais. A ses fiefs en Suisse, en Flandre et aux Pays-Bas, il ajoute l’Alsace, le Nord de la France et la Wallonie.

En 2011 - dernier chiffre communiqué -, le chiffre d’affaires de la CFNR s’est établi à 142 millions d’€.

Danser transporte environ 1 million d’EVP par an. C’est donc un poids lourd européen, au même titre que l’allemand Contargo (groupe Rhenus) qui affiche 2 millions d’EVP avec 850 salariés.

L'activité conteneurs s'effrite

Mais Contargo aussi voit s’effriter son activité de conteneurs fluviaux le long de la rive française du Rhin. Celle-ci a représenté 20 500 EVP transportés depuis Mulhouse (PSA pour la joint-venture chinoise avec Dongfeng, Rhodia Chalampé) Colmar-Neuf Brisach (Constellium) et Strasbourg.

En réaction, Contargo mise sur le ferroviaire. Depuis bientôt deux ans, il a développé une offre originale pour son propre compte : le Basel Multimodal Express (BME).

Ce train assure la liaison entre Bâle et le terminal Contargo à Emmerich à la frontière germano-néerlandaise, porte d’entrée vers le delta du Rhin. Le pré-acheminement jusqu’à Bâle s’opère par route, tandis que la dernière partie de liaison utilise la barge pour rejoindre Rotterdam et Anvers.

Jean-Marc Sabetta, le dirigeant de Contargo en Alsace.
Jean-Marc Sabetta, le dirigeant de Contargo en Alsace.

« Le BME peut ainsi desservir tous les terminaux fluviaux des deux grands ports de la mer du Nord », relève Jean-Marc Sabetta, le dirigeant de Contargo en Alsace.

La liaison est assurée à raison de deux navettes minimum par semaine, voire trois quand la demande le justifie.

Contargo fait aussi monter des chargements dans des trains d’un opérateur suisse au départ de Weil-am-Rhein, en Allemagne, limitrophe de la France et de la Suisse, direction Rotterdam.

 Les deux offres sont proposées aux industriels alsaciens. Contargo fonctionne parfaitement en mode transfrontalier : il a constitué l’an dernier une division Oberrhein (Rhin supérieur) qui coiffe les sites de Bâle, de Weil-am-Rhein et d’Alsace.

Autre acteur important du transport fluvial, implanté à Strasbourg et Ottmarsheim, l’allemand Haeger & Schmidt (H&S) attend son nouveau propriétaire. Sa maison-mère, une filiale de la SNCB les chemins de fer belges, a officialisé la mise en vente depuis l’automne dernier.

Le conteneur  a été en petite forme l’an dernier au port de Mulhouse, tous opérateurs et tous modes confondus. Il a reculé au total de 21 % 114.700 EVP, dont -25 % en fluvial (37 600 EVP) et -52 %  pour le ferroviaire (15 900 EVP).

L’ensemble des trafics fluviaux du port, incluant le vrac, s’affiche en revanche en hausse de 10 %, soit un total de 4,96 millions de tonnes.

 (*) équivalent vingt-pieds, unité de mesure pour définir les conteneurs en fonction de leur longueur - 1 conteneur (ou 1 « boîte ») de 20 pieds = 1 EVP - Un pied = 30 centimètres.

Photos : Christian Robischon et CFNR.

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