RECYCLAGE/MEURTHE-ET-MOSELLE. Resolest a récemment célébré en grande pompe, le seuil du million de tonnes de saumure recyclée sur son site de Rosières-aux-Salines, à 20 Km de Nancy.
Cette filiale de Suez Environnement et de Solvay valorise des résidus salins issus du traitement des fumées industrielles.
Elle dispose des autorisations nécessaires pour doubler sa production et accompagner l’entrée en vigueur le 1er janvier 2016 d’une nouvelle directive européenne relative aux émissions industrielles (IED).

L’expression « économie circulaire» n’est pas un vain mot chez Resolest à Rosières-aux-Salines (Meurthe-et-Moselle) : l’entreprise détenue par les groupes Solvay (50%) et Suez Environnement (50%) valorise les résidus salins issus du traitement des fumées industrielles.
« Grâce à notre procédé, 1 million de tonnes de matière n’a pas été extraites du sous-sol », se félicite Jean-Michel Frada, directeur de Resolest qui a convié de nombreux officiels à célébrer l’évènement le 15 septembre dernier.
Concrètement, l’entreprise créée en 2003 (chiffre d’affaires de 6,4 millions d’€, 20 salariés) réceptionne chaque année 30.000 tonnes de résidus solides issus du traitement des fumées au bicarbonate de soude. Ces résidus proviennent d’incinérateurs d’ordures ménagères (Refiom), mais aussi de sites industriels.
Avant traitement, un échantillon du produit est analysé par le laboratoire interne. « Le responsable d’exploitation élabore une recette de fabrication propre à chaque réception », précise le directeur du site.
Après dissolution dans un malaxeur, la saumure est filtrée via un filtre presse, puis purifiée grâce à un procédé breveté (filtre à bougies, filtres à sable, charbons actifs, etc.).
La saumure de haute pureté est expédiée via un « saumoduc » de 4 km directement dans les process du groupe Solvay à Dombasle (Meurthe-et-Moselle) qui exploite la dernière mine de sel de France pour produire du bicarbonate. Enfin, les résidus ultimes - de grands gâteaux de matière de 80 Kg -, rejoignent un site d’enfouissement régional.
Pour la petite histoire, Resolest résulte des recherches conduites dans les années 1990 par Solvay dans son centre de R&D de Dombasle. Le chimiste cherchait à l’époque à exploiter les propriétés du bicarbonate de soude (neutralisation des acides) dans le traitement les fumées industrielles.
Le directeur de Resolest se souvient que « le pilote industriel a montré à Solvay qu’après traitement des fumées, le bicarbonate contenait beaucoup de sel. Etait-il possible de le recycler ? ». La réponse a été « oui » : sur 1kg de résidus, l’usine parvient à extraire 800 g de sel.
Un gypse de synthèse comme matériau de construction

L'investissement de 12 millions d’€ a permis de concrétiser le projet. Désormais, Solvay commercialise en parallèle son produit de traitement des fumées SOLVair et sa solution de recyclage Resolest.
En concurrence avec des sites d’enfouissement, Resolest cherche à développer son activité de valorisation des résidus salins issus du traitement des fumées industrielles (10% des tonnages).
Outre la production de saumure, un procédé de désulfuration des fumées industrielles lui permet de fabriquer un gypse de synthèse substituable aux matériaux de construction.
L’industriel mise notamment sur l’entrée en vigueur le 1er janvier 2016 de la directive européenne relative aux émissions industrielles (IED) pour augmenter sa production : il dispose d’une autorisation pour 65.000 tonnes par an, soit le double de ses tonnages actuels.
Membre du réseau d’entreprises Promotion des entreprises du Pays du Sel (PEPS), Resolest s’appuie sur un portefeuille de 25 clients dans un rayon de 400 km autour de son site.
Parmi eux, les incinérateurs d’ordures ménagères des agglomérations de Nancy, de Metz, mais aussi de Bruxelles et le Syctom de l’agglomération parisienne. Elle traite même les résidus des fumées de l’usine de fabrication de caoutchouc de synthèse du groupe Michelin à Bordeaux.

Qui est Jean-Michel Frada ?
Titulaire d’un doctorat en chimie de l’Université de Lorraine complété par un MBA à l’ICN Business school de Nancy, Jean-Michel Frada était en charge des combustibles de substitution chez Watco Ecoservices, la branche belge de Suez.
Ce Messin d’origine a été missionné en 2002 par le groupe pour lancer l’exploitation de Resolest.
« C’est un vrai challenge de concevoir à partir de déchets industriels, un produit qui a les mêmes caractéristiques que le produit minier », s’enthousiasme le directeur de Resolest.