Le groupe indépendant Innothera de bas de contention investit 6 millions d’€ sur ses sites de Nomexy (Vosges) et Trévoux (Ain) pour le déploiement du pilotage en temps réel de ses métiers à tricoter par l’intelligence artificielle. L’usine vosgienne va recruter en parallèle 40 salariés sur 2023 et 2024.


Innothera s’apprête à franchir un nouveau cap dans l’automatisation des procédés de tricotage des bas de contention
qu’il fabrique sur ses sites de Nomexy (Vosges), au nord d’Epinal, et de Trévoux (Ain). Grâce à un investissement de 6 millions d’€, le groupe pharmaceutique français de 1.500 salariés, ayant réalisé un chiffre d’affaires de 237 millions d’€ en 2022, compte grignoter des parts sur ce marché hexagonal dont il détient 22,5% selon ses calculs.

Au pied du massif vosgien, il va en effet mettre en service, courant 2023, une ligne prototype pilotée en temps réel par des outils recourant à des technologies innovantes. Elle sera supervisée par des dispositifs utilisant le « deep learning » ou encore le « data mining », des procédés de recherche automatique de données visant à identifier des tendances et à dégager des modèles.

Thierry Lavigne, directeur général délégué du groupe, explique les bénéfices qu’il espère en tirer pour la production à Nomexy : « Les données de qualité et de productivité vont être analysées en temps réel via un système de contrôle industriel auto-apprenant développé par une start-up du Grand Est. Ce système sera ensuite en mesure de détecter certains signaux faibles et donc de prévenir une anomalie sur un métier à tricoter. L’intelligence artificielle va ainsi nous permettre de constater que nous sommes en train de nous écarter d’une normalité dans la production, et cela bien avant la détection par l’humain. »

 

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La généralisation de ce pilotage « intelligent » est prévue début 2024, sur les sites de Nomexy et de Trévoux qui emploient respectivement 350 et 90 salariés. Le groupe basé à Arcueil (Val-de-Marne) compte ainsi augmenter de 10% sa production de dispositifs médicaux de compression veineuse élastique. Il bénéficie d’un soutien de l’Etat en ce sens, soit une aide de 450.000 € attribuée dans le cadre de l’appel à projets « Industrialisation et capacités santé » du plan gouvernemental France 2030.

Le volet du recrutement est également crucial pour l’entité Innothera de Nomexy (chiffre d’affaires de 60 millions d’€ en 2022) qui regroupe l’usine vosgienne et celle de Trévoux entrée dans le giron du groupe par l’effet du rachat de son concurrent Gibaud en 2020. L’entreprise recherche 20 salariés supplémentaires cette année dans les Vosges : conducteurs de métiers à tricoter, contrôleurs, techniciens de maintenance, teinturiers, etc. Début 2024, elle embauchera un nombre identique de salariés en vue d’accompagner ses projets industriels et de compenser les départs en retraite.

 

Un environnement très concurrentiel

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Le site de Nomexy de 350 salariés transforme des fils extrêmement fins en bas de contention. © Philippe Bohlinger


« Notre secteur d’activité connaît une légère croissance et nous espérons prendre des parts de marché avec nos produits innovants made in France, ainsi qu’au travers de synergies commerciales mises en œuvre entre les usines des Vosges et de l'Ain »,
poursuit Thierry Lavigne. L’innovation demeure un pilier de l’entreprise avec une quinzaine de personnes employées au sein de son service de recherche-et-développement.

L’amélioration de sa productivité devrait permettre à Innothera de compenser partiellement la hausse des prix des énergies et des matières premières (polyamide, élasthanne, coton, etc.) sur son marché de niche où cohabitent une vingtaine d’acteurs, dont une petite poignée d’importants faiseurs. « Nous évoluons dans un environnement très concurrentiel qui ne nous permet pas de répercuter intégralement ces hausses. Nous avons diminué de 10% notre consommation énergétique ces derniers mois et nous comptons sur les gains de productivité obtenus grâce à l’intelligence artificielle pour compenser la montée de nos coûts fixes », souligne le directeur général.

 

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Cette pépite du groupe pharmaceutique indépendant ne s’interdit pas, par ailleurs, de sortir de son pré carré hexagonal pour partir à la conquête des marchés italien et suisse. Lors de sa création en 1999 à Nomexy, elle avait permis la concrétisation d’un virage stratégique du groupe aujourd’hui présidé par Arnaud Gobet, petit-fils du fondateur, en anticipant le recul de ses produits phares, les médicaments veinotoniques produits à Chouzy-sur-Cisse (Loir-et-Cher).

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