AGROALIMENTAIRE/ALSACE. L’usine de chocolats Mondelez à Strasbourg dégage, selon la maison mère américaine, des performances qu’envient les autres sites.
Les résultats sont d’autant plus probants que l'usine de 240 salariés cumule sa petite dimension (12 000 tonnes/an) avec une multiplicité de produits de marques Milka, Cadbury et surtout, Suchard avec son célèbre rocher.

Les apparences peuvent être trompeuses. De son propre aveu, Vincent Euzenat avait le profil idéal du « fossoyeur » de l’usine de chocolats Mondelez à Strasbourg. Venu du siège européen, sans expérience récente en ateliers, il avait pris ses fonctions en 2009 au sortir d’un plan social de 123 emplois, faisant du site la plus petite des chocolateries européennes de la multinationale américaine.
Et pourtant, cinq ans plus tard, l’usine est toujours là. Ses 240 salariés permanents (et 70 saisonniers) dégagent des performances qu’envient les autres sites, invités à venir voir du côté de Strasbourg comment on fait.
« Nous affichons la meilleure efficience globale de ligne, les meilleurs scores en terme de non-arrêt des lignes (l’OEE, Overall Equipment Effectiveness) et le coût de production à la tonne a été abaissé de 14 % en cinq ans », énonce le directeur.
12 000 tonnes par an
Les résultats sont d’autant plus probants que Strasbourg cumule sa petite dimension (12 000 tonnes/an) avec une multiplicité de produits, pralinés et chocolats de marques Milka, Cadbury et surtout Suchard et son célèbre rocher. Rien à voir par exemple avec l’usine-sœur de Lörrach, dans la banlieue de Bâle, qui débite 100 000 tonnes par an de tablettes Milka sur six lignes identiques.

Où se niche le secret de fabrication ? Pas dans les investissements. « Nous avons gagné 30 % de capacité en injectant… 15 000 € », énonce Vincent Euzenat. Sans doute faut-il le chercher davantage dans l’introduction du lean manufacturing, associé à la réduction des déchets et à l’amélioration sur l’environnement, dans le cadre du programme collectif lean and green animé par l’Adira, l’agence de développement économique du Bas-Rhin.
D’autres facteurs favorables se sont greffés : organisation rationalisée et définition d’une stratégie à trois ans, en rupture avec les habitudes de vision de court-terme.

Mais selon le dirigeant, c’est l’immatériel « état d’esprit » qui donne la clé. La nouvelle direction a invité les salariés à un travail sur soi qui puisse se traduire en productivité. Ce qui s’est produit, assure t-il.
« La responsabilisation de chacun a été érigée en principe. Il s’agissait d’arrêter de botter en touche, de fuir les responsabilités pour les transférer au voisin, de peur d’admettre sa propre erreur. C’est la situation typique qu’on observe entre la production et la maintenance. Désormais, l’une ne peut plus se défausser sur l’autre… car elles sont regroupées dans un même service où elles partagent les mêmes objectifs de qualité, sécurité, performance ».
Chasse aux idées reçues
Autre chantier mis en œuvre : la chasse aux idées reçues. Retenons-en trois que corrige la direction.
- « être performant, c’est produire plus que ce qui est demandé ». Pas d’accord, répond Vincent Euzenat. « L’objectif a sa raison d’être, il faut s’y tenir, sans avoir besoin de faire la course aux volumes. Nous fixons désormais une tolérance de plus ou moins 5 %. Si on dépasse dans le haut, l’indicateur est tout aussi rouge que si on est trop bas ».
- « la maintenance, c’est savoir réparer vite ». Non. Désormais, la maintenance intervient en permanence, justement pour éviter les problèmes machine .
- « réduire l’absentéisme, c’est compliqué ». L'entreprise a identifié les absentéismes de convenance. Non pour sanctionner, mais pour en comprendre les raisons : un mal-être au travail, un problème de motivation, une contrainte familiale comme l’aide à un parent dépendant. « Et nous mettons en place les actions pour les éviter ».
La vénérable usine née en 1891 et attachée à Suchard depuis 1931 poursuit sa petite révolution interne. Tout n’est pas parfait au pays du rocher. Les résultats en terme de sécurité ne donnent pas satisfaction au directeur. Mais le goût de ses chocolats, lui, a tout pour plaire.