CULTURE/DIJON. Regroupés au sein de l’association La Coursive Boutaric, plusieurs entreprises culturelles de la région de Dijon lancent un panier culturel avec pour cible les comités d’entreprises et les particuliers.
Des recettes bienvenues dans un secteur qui souffre de la baisse des subventions.

Avec la Burgundy School of Business (ex-ESC Dijon-Bourgogne), ce pôle d'entreprises créatives fera un état des lieux de son secteur, les 23 et 24 novembre à Dijon, lors des Rencontres de l’entrepreneuriat culturel et créatif.

 

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L'immeuble Boutaric qui a donné son nom au cluster d'entreprises culturelles, et qu'il devrait quitter en 2017. © Google.

 

Les lieux ne sont guère engageants, mais ce n’est plus qu’une question de quelques mois. La Coursive Boutaric qui occupe neuf appartements au 9ème étage d’une aile de l’immeuble éponyme, dans le quartier des Grésilles à Dijon ne va pour autant quitter son bailleur Dijon Habitat sans qui ce cluster d’entreprises culturelles et créatives, n’aurait pas pris forme il y a presque dix ans.

 

Au printemps prochain, le déménagement de l’association dans des locaux commerciaux de Dijon Habitat quelques centaines de mètres plus loin, place Galilée, illustrera aussi une évolution.

 

Ce regroupement d’une vingtaine d’entreprises constitué dans le cadre de la politique de la ville pour créer de l’activité économique dans un quartier résidentiel étiqueté populaire, lance un panier culturel qui va le rapprocher des « autres » entreprises.

 

Destinée aux comités d’entreprises mais aussi aux particuliers, cette offre propose une sélection de productions d’acteurs culturels qui œuvrent dans l’agglomération dijonnaise. « Entre Amap et Smartbox », expose Aurélie Miller, chargée du développement, « le panier qui en fait un sac sérigraphié à la demande, par exemple avec le logo de l’entreprise, comprend une sélection de concerts, de films et de pièces de théâtre ainsi que des ateliers de pratique artistique ». « En plus d’une découverte, c’est une façon d’encourager la création locale », poursuit-elle.

 

Ne plus être exclusivement dépendant des fonds publics

 

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Pierre-Emmanuel Guillemeney, gérant d’Ibuc, à la fois illustrateur et cuisinier pour des événements culturels a trouvé refuge dans l'espace de coworking de La Coursive Boutaric.

 

Ces nouvelles recettes seront les bienvenues dans le contexte difficile des entreprises culturelles qui souffrent de la baisse des subventions. La Coursive Boutaric se félicite déjà de ne plus être exclusivement dépendante des fonds publics qui ont constitué l’essentiel de ses revenus lorsqu’il s’agissait, dans le cadre de la politique de la ville, d’attirer de l’emploi dans le quartier des Grésilles.

 

La vente de diverses prestations apporte 70.000 € de ressources propres sur un budget annuel de 170.000 € avec trois salariés. Les fonds publics provenant de l’Etat, de la ville de Dijon et du conseil régional de Bourgogne - Franche-Comté s’élèvent à 87.000 €. L’adhésion des membres représente 1% du budget.

 

Pour épauler ses adhérents, La Coursive développe en effet des services mutualisés (groupement d’achats, aide à la gestion, aux ressources humaines) qui réduisent les coûts de fonctionnement de chacune, facilitent l’accès à la commande (veille sur les marchés publics) et propose des sessions de formation.

 

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Tout est parti il y'a une dizaine d’années, d’un travail de mémoire mené par Zutique Productions dans le quartier des Grésilles, auprès des résidants de l’immeuble Billardon, avant sa démolition, à la demande de Jean-Claude Girard, alors directeur de l’OPAC de Dijon (la société HLM, aujourd’hui rebaptisée Dijon Habitat). Spectacles, albums, éditions, expositions… retracent l’histoire de l’immeuble contée par ses habitants.

 

« C’est ainsi qu’en 2007, le bailleur du quartier décide de mettre des appartements vacants de l’immeuble Boutaric à disposition de Zutique Productions et quatre autres structures viennent rapidement la rejoindre », raconte Frédéric Ménard, le directeur de cette association organisatrice d’événements culturels, également directeur de La Coursive Boutaric.


20 entreprises culturelles qui emploient 70 salariés

 

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Toutes les entreprises membres ne sont pas hébergées dans l'immeuble Boutaric ; ici, le studio d'Inuk au centre-ville de Dijon.

 

Labellisée PTCE, Pôle territorial de coopération économique par l’État en 2014, l’association regroupe maintenant 20 entreprises culturelles dont neuf logées sur place. Elles emploient 70 salariés permanents pour un budget consolidé de 4,5 millions d’€.


Elles exercent des activités diverses : théâtre, musique, arts du cirque, publicité, photographie, graphisme, vidéo… des petites entreprises aux formes juridiques variées - associations, Eurl, coopératives, Sarl… - et dont les plus connues sont la salle de musique actuelles La Vapeur et le bistrot spectacles La Cancale.

 

« Ensemble, ces entreprises qui savent qu’elles vivront de moins en moins avec des crédits publics, allient leurs compétences pour proposer une offre de services en événementiel », expose Frédéric Ménard.

 

Le développement de la prospection commerciale lancée en 2014 fait de l’association un apporteur d’affaires désormais significatif pour ses membres, comme en atteste le bilan 2015 : d’un peu plus de 28.000 €, le chiffre d’affaires est passé à 49.000 € l’an passé et a profité à 13 entreprises.

 

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« J’ai longtemps travaillé tout seul chez moi », témoigne Pierre-Emmanuel Guillemeney, gérant d’Ibuc, à la fois illustrateur et cuisinier pour des événements culturels. Son chez lui est maintenant l’espace de coworking décidé aux travailleurs indépendants du quartier, mais aussi plus largement de l’agglomération dijonnaise.

 

L’association Plan 9 de promotion du cinéma indépendant a rejoint La Coursive dès sa création. Séduits par l’idée de coopération, ses fondateurs sont venus aussi par nécessité, témoigne pour sa part, Elen Bernard, salariée, « pour bénéficier de charges de fonctionnement modestes ».


Installés pour leur part au centre-ville, les photographes de l’association Inuk ont rejoint La Coursive parce qu’ils partagent le même état d’esprit, disent-ils. « On travaille en réseau et on bénéficie de services comme la veille des marchés publics qu’un travailleur indépendant a du mal à faire seul », affirme Edouard Barra.

 

Prochainement, les adhérents de l’association auront l’occasion de mieux faire connaître leur secteur d’activité à l’occasion des rencontres de l’entrepreneuriat culturel et créatif, les 23 et 24 novembre prochain à Dijon.


Une manifestation qui résulte de la fusion des journées professionnelles de La Coursive Boutaric et la journée du management culturel de la Burgundy School of Business (ex-ESC Dijon-Bourgogne).

 

Pendant deux jours, les porteurs de projets testeront leur idée d'entreprise auprès d'un jury de professionnels des deux structures organisatrices ; le lauréat sera accompagné pendant une année.

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