Majestueux, riche d’un long passé, déjà largement métamorphosé… mais menaçant encore ruine en partie, le Parc de Wesserling (Haut-Rhin) se trouve à un tournant, un de plus, celui qui l’engage vers la seconde grande phase de sa rénovation depuis la fin de sa saga industrielle textile en 2003. Celle de l'impression de tissus haut de gamme. Un projet de 4 millions d'€ pourrait le faire renaître... Il vient de se voir offrir un joli cadeau de Noël, sa sélection à l'appel à projets « Réinventer le Patrimoine », qui lui apporte une aide à l'ingénierie et une mise en relation avec des opérateurs exploitants et des investisseurs privés.

 

Joyeux Noël et belles fêtes de fin d'année.

Pendant cette trêve des confiseurs Traces Ecrites News n'arrête pas ses publications pour vous faire redécouvrir les entreprises qui ont marqué l'année 2019 en Bourgogne - Franche-Comté, comme dans le Grand Est. Nous les avons sélectionnées en ce qu'ellles incarnent la métamorphose de l'économie.
Les éditeurs et la rédaction

Avant l'issue d'un écomusée de référence pour l’impression sur tissu, ce sont près de 250 ans d’histoire qui se sont concentrés sur ces 43 hectares d’un ancien domaine abbatial au fond de la vallée de la Thur, dans le Haut-Rhin, non loin du massif des Vosges. Une histoire d’industrie textile, et plus précisément d’impression de tissus haut de gamme, dans toute sa palette.
Tout commence avec le très monarchique octroi du statut de manufacture royale, puis l’industrialisation frénétique du XIXè siècle sous la houlette des familles Gros et Roman, deux des nombreuses dynasties textiles alsaciennes, le paternalisme qui lui est associé avec les logements, les écuries, le dispensaire et le lieu de culte, l’avènement d’une véritable ruche qui employa jusqu’à 5.000 ouvriers et ouvrières, l’enrôlement au siècle dernier dans l’expansion de l’empire Boussac puis dans la chute de celui-ci, avant le dernier épisode en forme de feu de paille avec les frères Villot.

 

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De tout cela, il subsistait une cité-usine singulière, avec quelques points forts, en premier lieu le parc proprement dit qui s’anime tout au long de l’année, comme en ce moment (et jusqu’au 30 décembre) pour les soirées nocturnes du Noël au jardin.
La première grande phase de transformation du  Parc de Wesserling a porté sur 17 hectares. Sous la houlette des nouveaux propriétaires publics, le conseil départemental du Haut-Rhin et la communauté de communes de la Vallée de Saint-Amarin, elle s’est attachée à remettre en valeur le patrimoine naturel, à préserver la quasi-totalité des 100.000 m2 de bâtiments et à les faire revivre.

Un écomusée à l'anglo-saxonne

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Animations estivales dans les jardins après une première tranche de rénovation du parc de Wesserling, de 17 hectares. © VTDrone

Une partie d’entre eux ont été réaménagés en huit espaces pour entreprises qui abritent aujourd’hui une centaine de créateurs, artisans, PME, liés ou non au textile. Ce tissu, certes fragile, a franchi le point de bascule avec le passé selon le décompte de la communauté de communes, dans la mesure où les près de 300 emplois créés dépassent le chiffre de 230, le dernier effectif de la Manufacture d’impression de Wesserling à son extinction définitive il y a seize ans.

 

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Engagée depuis novembre, la nouvelle phase va se concentrer sur  13 hectares complémentaires. L’objectif : transformer Wesserling « en un grand écomusée à l’anglo-saxonne », déclare François Tacquard. Président de la communauté de communes, il incarne plus que tout autre la mue du Parc, ce qui ne lui a pas valu que des louanges, d’aucuns parmi les élus et les électeurs lui reprochant d’en trop faire pour ce site, alors que la population de la vallée sous-vosgienne paie un lourd tribut à la mutation de l’économie et à sa mondialisation.
À quelques mois de rendre son mandat et de se retirer, il assume. « Le Parc de Wesserling, c’est un moteur d’emplois, un facteur d’attractivité du territoire avec ses 90.000 visiteurs payants annuels [fréquentation stagnante, NDLR] sans compter les autres. Et nous avons su y conjuguer frugalité des moyens avec qualité des aménagements. »

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Les jardins du parc s’animent tout au long de l’année. En photo, une animation nocturne de l'été 2019. © Parc de Wesserling

Selon ses calculs, les transformations déjà entreprises ont mobilisé près de 50 millions d’€, « dont 20 millions privés » et sur l’autre part de fonds publics, celle directement à la charge de la communauté de commmunes se limitant à 5 millions d’€ environ, du fait que « sa contribution de 15 millions a été subventionnée à près des deux-tiers, par la Région, le département, l’Etat et l’Union européenne ».
Cette « frugalité » revendiquée a rendu possible de proposer un loyer d’occupation très modique : 2 à 3 € le m2. Le niveau n’est pas étranger à la venue d’un locataire de plus, reconnaît l’élu. Et elle sera à l’œuvre dans la constitution de cet écomusée dont François Tacquard – dans la vie professionnelle dirigeant d’un bureau d’études en urbanisme –, a puisé l’inspiration dans la visite de friches ressuscitées en Grande-Bretagne. 

 

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Moyennant 4 millions d'€ jusqu’en 2022/2023, cet écomusée serait organisé selon un parcours chronologique en cinq bâtiments. Il doit commencer par le château, demeure des patrons de la manufacture textile et point de départ de la saga au XVIIIème siècle. Il serait transformé en un grand espace façon « visitor center » qui restituerait l’atmosphère des premiers ateliers les débuts de cette longue page d'histoire industrielle.
Les autres étapes passeraient par les écuries, une version new look du Musée du textile existant, la mise en valeur de l’imposante chaufferie, etc.  Ces travaux et aménagements seraient complétés par des projets privés, de logements type lofts ou d’hôtellerie. 

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Vue aérienne du Parc de Wesserling et de ses jardins. © JCB_Diffusion

À nouveau, la "comcom" entend trouver les moyens de limiter son propre chèque, en se tournant vers les autres collectivités, mais aussi vers les particuliers et les entreprises. Le Parc a tenté sa chance au Loto du patrimoine, avec plus ou moins de succès. À défaut d’être classé monument « emblématique », son château fait partie de la centaine de projets retenus en France en 2019.
Cadeau de Noël inattendu, le futur écomusée vient d'être retenu dans l'appel à projet « Réinventer le Patrimoine » des ministères de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, et de la Culture, qui lui apporte dès 2020 une aide à l'ingénierie de l’Agence nationale de la cohésion des territoires, la Banque des Territoires et Atout France, et une mise en relation avec des opérateurs exploitants et des investisseurs privés.
Cela ne pouvait tomber mieux. François Tacquard envisageait déjà le mécénat classique, à hauteur de 800.000 € qui représenteraient 20 % de l’investissement public prévu. Il lorgne notamment sur tel ou tel prospère groupe du luxe dont l’histoire a croisé celle de Wesserling. Mais toutes les candidatures seront les bienvenues….

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