Le lunetier Morel rapatrie une partie de sa fabrication dans le Jura et mise sur le photovoltaïque

Héritière de la tradition lunetière depuis 1880, la PME familiale vient d’investir plus de 600.000 € pour relocaliser à Morbier la fabrication des montures en acétate de sa gamme premium. Engagée dans une stratégie RSE tous azimuts, la maison Morel se lance également dans la production d’énergie renouvelable pour couvrir les consommations électriques de son siège.

Depuis septembre dernier, des montures de lunettes en acétate (*) sont fabriquées au siège de Morel, à Morbier. Le lunetier a relocalisé dans le haut-Jura une petite partie de sa production : 50 000 pièces au look rétro de la collection premium « Marius Morel 1880 » devraient sortir annuellement du nouvel atelier. Soit 4,5 % du volume global de ventes qui s’élève à 1,1 million de montures touq matériaux confondus (acétate et métal).

La PME familiale de 220 salariés (chiffre d’affaires non communiqué) a rapatrié dans le berceau de la lunetterie française une activité auparavant sous-traitée en Italie, en Chine, en Allemagne et à Oyonnax, dans le département voisin de l’Ain. Le coût de cette relocalisation se chiffre à 646.000 €. Soutenu par une aide de 189.000 € de l’État, via le programme France Relance, l’investissement a porté en particulier sur l’acquisition de deux machines à commande numérique cinq axes. Il a permis cinq recrutements, venus renforcer un effectif total d’une centaine de salariés dans le Jura.

 

 

Créée en 1880 par Jules Morel, la société est désormais entre les mains de ses trois arrière-petits-enfants : Jérôme président-directeur général, Francis directeur export et Amélie Morel-Martin, directrice de la communication. Reconnaissables à leur logo, un « M » surmonté d’une tête de chat, les modèles des trois gammes de la marque sont destinés principalement au marché de l’optique, le solaire ne représentant que 20 % des ventes.

 

400.000 € injectés pour l’autonomie énergétique

La maison Morel entend se montrer très active en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Le lunetier met ainsi en avant la réparabilité de toutes ses montures, la suppression des emballages en plastique ou encore l’utilisation de verres de présentation en acrylique recyclée. Par ailleurs, afin de conforter sa marque employeur, dans un contexte de tensions sur les recrutements exacerbées par la proximité avec la Suisse, l’entreprise s’est engagée dans la certification Great place to work. Un label décerné sur la base des appréciations des salariés eux-mêmes.

Enfin, des travaux sont programmés en avril prochain pour couvrir le parking du siège social d’une ombrière photovoltaïque de 760 m². La production d’électricité renouvelable des 390 panneaux devrait permettre d’assurer, dès cet été, l’autonomie énergétique du bâtiment. Dix bornes de recharge de véhicules électriques seront également installées. Cette opération représente un investissement de 400.000 €, accompagné à hauteur de 50.000 € par la région Bourgogne-Franche-Comté. 

 

Une entreprise intégrée tournée vers l’export

« Notre entreprise présente la particularité d'une forte intégration, du design à la distribution », souligne Amélie Morel-Martin. Les montures sont en effet conçues à Morbier par quatre designers à la créativité débridée. Leurs projets passent ensuite entre les mains de la prototypiste Valérie Prillard, meilleur ouvrier de France en lunetterie depuis 2015. « Pour la fabrication, nous allons chercher des partenaires spécialisés en France et à l’étranger, en fonction du matériau utilisé », poursuit la directrice de la communication. Des opérations minutieuses de finition (assemblage, vissage, montage, rhabillage) sont également effectuées au siège jurassien.

 

 

Côté distribution, le lunetier s’est doté d’une quinzaine de filiales employant 120 commerciaux dans 80 pays. « Cette organisation nous permet d’être plus proches des opticiens », justifie Amélie Morel-Martin, qui préside, depuis 2017, le SILMO Paris, le salon mondial de l’optique. Référencée dans plus de 20.000 magasins, la marque réalise aujourd’hui 70 % de ses ventes à l’international, principalement en Amérique du Nord – la première filiale a été ouverte en 1993 aux États-Unis - et en Europe. Cette année 2023, la PME prévoit d’étendre son réseau commercial en Australie et en Turquie.

(*) L’acétate de cellulose est un plastique d’origine naturelle, fabriqué à partir de fibres de coton. 

Photos fournies par l’entreprise.