Le groupement d’une trentaine de PME du bâtiment et travaux publics basé à Montbéliard démultiplie les références en conception-réalisation, un mode de passation des marchés qui associe architecte et constructeur dès le démarrage du projet. L’organisation de CRRI 2000 lui donne une force de frappe pour concurrencer les gros acteurs de la construction.


Le marché de la construction évolue, et CRRI 2000 avec. L’original groupement d’une trentaine de PME du bâtiment et travaux publics basé à Montbéliard (Doubs) commence à démultiplier les références en conception-réalisation dans sa zone-cible d’intervention : l’ensemble de la Franche-Comté et la moitié sud de l’Alsace. Ce montage consiste pour un donneur d’ordre à réunir dès le démarrage du projet architecte et constructeur, au lieu de les désigner en deux étapes distinctes, souvent parce qu’il estime qu’il pourra ainsi mieux cerner les délais et les coûts.

 

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Le raisonnement peut se discuter, toujours est-il que la conception-réalisation gagne du terrain. CRRI 2000 s’y adapte pour s’y frayer un chemin, avec succès. Il réalise dans ce cadre les bâtiments industriels 3 et du 4 du programme Middle Tech, sur la zone Technoland II à Allenjoie (Doubs), pour le compte de la société d’économie mixte PMIE (Pays de Montbéliard Immobilier d’entreprises). 
Les deux immeubles de 2.700 m2 et 2.300 m2, en travaux, seront livrés successivement, dans le courant de l’année prochaine. Ce marché se monte à 3 millions d’€.
L’autre projet de référence en cours en conception-réalisation concerne la vaste maison de santé de 4.200 m2 qu’a commandé la société privée Sereba (associée à la Sem immobilière belfortaine Tandem) sur le site Techn’Hom à Belfort, représentant un montant de 5 millions d’€ pour une fin de chantier dans un an. 
 CRRI 2000 a également bouclé récemment selon ce mode, le nouveau bâtiment de la Société Générale à Montbéliard, ou des cellules artisanales dans la zone du Charmontet à Grand-Charmont.
« Nous comptons déployer la conception-réalisation progressivement sur l’ensemble de notre territoire d’intervention », souligne Laurent Germain, directeur général de CRRI 2000. « Sans renoncer bien sûr à répondre aux appels d’offres en procédure classique », précise t-il.

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Le nouveau bâtiment de la Société Générale réalisé en conception-réalisation à Montbéliard.

C’est évidemment sur ces deux pieds que CRRI 2000 entend avancer dans le Nord Franche-Comté et le Sud Alsace, auprès de la maîtrise d’ouvrage publique et des clients privés, constitués notamment de professionnels de santé, du secteur des services, et de l’industrie : le nouveau bâtiment de VMC Pêche à Morvillars (Territoire de Belfort) compte parmi les belles pioches récentes.
L’histoire de CRRI 2000 est d’ailleurs liée à l’industrie : comme souvent dans le pays de Montbéliard, c’est Peugeot qui a été son déclenchement, lorsqu’il s’est agi de construire en masse et à grande vitesse les logements pour les ouvriers à l’essor, après-guerre, de l’usine de Sochaux. Le « groupement des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics » est né alors, sous forme d’association en 1957. Il a contribué notamment au développement des quartiers de la Chiffogne et de la Petite-Hollande à Montbéliard, de la Montagne à Etupes ou de Champvallon à Béthoncourt, ainsi qu’à l’émergence des zones d’activités, en premier lieu Technoland.


L’esprit associatif d’origine préservé

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L'entrepôt logistique construit en marché classique pour le fabricant d'hameçons VMC Pêche à Morvillars. © CRRI 2000

Rebaptisé CRRI 2000, il a également changé de statut juridique, en 2001, pour devenir une société par actions simplifiée unipersonnelle (Sasu). « Mais l’esprit d’origine, associatif, est plus que jamais vivant » soulignent de concert Laurent Germain et Paul Mettey, le président. Probablement unique en France dans le monde du BTP, il fait des entreprises des adhérents comme dans une association, moyennant cotisation, « et non des actionnaires : les résultats ne sont pas distribués sous forme de dividendes, mais restent dans la structure au service de l’économie locale », énonce CRRI 2000.
Le groupement permet à ses adhérents de se positionner sur des marchés complexes où ils ne seraient pas outillés pour répondre seuls… et si possible de les remporter. Ces affaires sont ciblées par le directeur général en application de la stratégie de développement qu’a défini le comité directeur. Les PME membres sont interrogées dans leur lot de spécialité pour savoir si elles souhaitent candidater. En cas de réponse par l’affirmative, elles sont mises en concurrence avec leurs consoeurs adhérentes du même métier, ou sinon avec des PME extérieures, mais toujours locales. Ce mode opératoire est orchestré par les 9 salariés permanents du groupement.

 

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Le modèle n’est pas fermé : toute PME peut prétendre entrer, dès lors qu’elle souscrit à la « charte  de valeurs », dont l’acceptation de la règle décrite pour les consultations fait partie. Il a connu un nombre variable d’adhérents à la hausse ou à la baisse avec le temps, en fonction de la conjoncture du BTP notamment. Celle-ci s’est améliorée depuis quelques années, et les adhésions sont reparties de l’avant. CRRI 2000 rassemble aujourd’hui 36 entreprises, « de l’artisan à la grosse PME », représentant 15 corps de métiers, totalisant 1.460 salariés et 200 millions d’€ de chiffre d’affaires. 
De quoi donc, concurrencer les gros acteurs de la construction.
La liste des membres comprend par exemple  les Montbéliardais Parietti (gros œuvre) et EIMI (chauffage-climatisation) ou le Belfortain Cabete (façades). Cette année, elle s’est enrichie de France Fermetures (menuiserie aluminium), de STH Génie Climatique et de Climent TP, l’entreprise indépendante de référence en travaux publics du Nord Franche-Comté. 

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Paul Mettey, président de CRRI 2000 (à gauche), et Christian Arguelles, ancien président, actuel trésorier; rencontrés au Club Affaires Nord-Franche-Comté/ Sud Alsace lors de la présentation en juin du magazine 2019 de Traces Ecrites News, 60 le best of. © Traces Ecrites

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